"Par nos mains, on arrive à apaiser des souffrances", l'importance des soins esthétiques pour les femmes touchées par le cancer du sein

Être socio-esthéticienne, c'est apporter des soins de confort pour améliorer la qualité de vie des femmes atteintes de cancer et limiter les effets secondaires des traitements. Aurélie est l'une d'elle et elle a accompagné Aurore. Ces soins aident à reprendre confiance en soi, oublier la maladie le temps d'un instant et créer du lien social.

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Aurélie Fleury est socio-esthéticienne à l'association OncoDoubs. Après avoir été aide-soignante pendant sept ans en oncologie à l'hôpital de Lons-le-Saunier, elle décide, pour des raisons personnelles, d'effectuer une reconversion professionnelle. Elle se forme pour devenir esthéticienne "traditionnelle". Après deux ans d'exercice dans des instituts, son ancienne cadre de santé la contacte pour qu'elle soit socio-esthéticienne au sein du service d'oncologie. 

"On les aide à reprendre confiance en elles"

Une socio-esthéticienne, qu'est-ce ? Une professionnelle qui aide à la qualité de vie des personnes malades par des soins esthétiques comme la coiffure, le maquillage, la manucure... C'est ce que l'on appelle les soins de confort, qui désignent l’ensemble des soins non médicamenteux qui visent à améliorer la qualité de vie des patients. Ils sont un élément important de la prise en charge thérapeutique globale. 

On conseille les patientes pour limiter les effets secondaires des traitements, les apaiser et leur proposer des soins de détente, détaille Aurélie. On est là pour pallier les effets indésirables.

Aurélie Fleury, socio-esthéticienne à l'association OncoDoubs

En effet, avec le traitement, la peau est sèche ou terne, les ongles peuvent noircir et se fragiliser, les cheveux, les poils et les cils tombent...

 Aurore Borello a 39 ans lorsqu'elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein. Dès sa première visite à l'hôpital, elle rencontre les socio-esthéticiennes et bénéficie de conseils pour avoir le moins d'effets secondaires possible. Pourtant, elle confie avoir été très réticente aux soins esthétiques : "Je suis pudique et montrer mon corps était compliqué".

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"Les soins permettent d'avoir du lien social"

Aurélie explique qu'entre la perte des cheveux et des poils et la perte de poids, l'image des patientes est dégradée, avec "une nouvelle image à apprivoiser". "On les aide à reprendre confiance en elles, à se réapproprier leur nouveau corps, se redonner une image où on apprécie à nouveau de se regarder." Pour Aurore, le ressenti va bien au-delà. "Quand elle t’explique que tu peux mettre du vernis, comment tu peux maquiller tes sourcils... ça permet de reprendre confiance et de changer le regard des autres. On porte moins les stigmates de la maladie." 

Au-delà de revaloriser l'image de soi et de restaurer la confiance et l'estime de soi, ces soins de confort permettent de stimuler les échanges et de créer du lien social. "Quand tu n'as plus de cheveux, de poils, de cils, que tu ne travailles plus... tu n’as plus d'interaction sociale. Et ces soins permettent d'avoir du lien", souligne Aurore. Aurélie ajoute qu'"en leur redonnant confiance, elles apprennent à aller à nouveau vers les autres".

"Un moment à soi, durant lequel la priorité, c'est vous"

Ils permettent également un moment de plaisir, d'évasion, durant lequel les patientes sont au cœur d'un soin agréable. "Après le diagnostic, c'est un véritable ouragan où tout s'enchaîne et le quotidien est rythmé par les rendez-vous médicaux. C'est donc un moment de détente qui permet au cerveau de se déconnecter, et de se détendre. Un moment à soi, durant lequel la priorité, c'est vous", insiste Aurélie. 

Ça leur fait vivre un bon moment hors du temps, durant lequel elles respirent un peu différemment.

Aurélie Fleury, socio-esthéticienne à l'association OncoDoubs

"Ça permet aussi de ne pas voir la chimio passer, en laissant de côté les appréhensions qui en découlent", détaille Aurélie. Des propos soutenus par Aurore, qui qualifie le diagnostic comme "une entrée dans un tourbillon". Si au début, elle était réticente, rapidement, elle y a pris goût. "Tu découvres que c’est une parenthèse où on s’occupe de toi, et tu oublies tous les problèmes que la maladie apporte. C'est un moment juste pour toi où tout s’en va."

"Par nos mains, on arrive à apaiser des souffrances"

Aurore aborde naturellement le regard de l'autre. "Quand vous allez chez une esthéticienne lambda, avec des ongles noircis, en ayant plus de cheveux, de poils... elle porte un regard sur votre corps. Alors que les socio-esthéticiennes, elles savent, c'est leur travail et on n'a pas d'explications à donner sur notre état de santé. Je prends soin de moi comme une femme normale".

"Toucher le corps permet aussi de se détacher de certaines émotions", explique-t-elle en illustrant son propos. Elle se souvient d'une patiente qui arrive en soin après une consultation avec son psychologue, durant laquelle elle n'a pas réussi à mettre des mots sur ses émotions. Et après le massage, elle a réussi à s'exprimer. 

Aurélie ne regrette rien de sa reconversion. "C'est un métier au cœur de l'humain et de l'émotion. Par nos mains, on arrive à apaiser des souffrances."

Créée en 2009, OncoDoubs est une association locale qui offre des soins de soutien gratuits aux personnes sous traitement de chimiothérapie. L'association propose principalement des services de socio-esthéticienne à plus de 340 patientes et patients dans les hôpitaux de Franche-Comté.

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