Témoignages. Octobre rose : malades d’un cancer du sein avant 40 ans, ces femmes racontent

Publié le Écrit par Jeanne Casez
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Diagnostiquées entre 35 et 38 ans, leur traitement hormonal durera encore plusieurs années. Trois Franc-Comtoises en rémission rappellent la nécessité de se faire dépister et de s'entourer dans cette épreuve qui tue 12 000 Françaises chaque année, à l'occasion de la campagne Octobre rose 2024.

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“On croit toujours que ça arrive aux plus âgées” . Jennifer Gerbier Chigot n’a que 37 ans quand elle remarque que son téton “rentre vers l’intérieur”  en s'habillant, un matin de janvier 2023. S’ensuit le diagnostic impensable : une tumeur “très agressive” de 8 cm, qui nécessite qu’on lui retire le sein un mois plus tard, ne lui laissant ni “le choix” , ni “le temps d'y réfléchir”

Une femme sur huit développera un cancer du sein au cours de sa vie. 20% d'entre elles sont diagnostiquées avant 50 ans. Si  88% des malades survivent, le traitement qu'elles subissent modifie considérablement leur corps, leur rapport à la féminité et leur vie de famille.

Contactées alors que débute la campagne annuelle de prévention contre le cancer du sein Octobre rose, trois femmes en rémission racontent ce parcours de combattante qu'elles ont toutes entamé avant 40 ans. 

Auto-prévention avant 50 ans

“Toutes les filles devraient se palper les seins et se faire examiner, à tous les âges. Il ne faut pas hésiter”, conseille Rachel, diagnostiquée d’un cancer de stade 2 en 2021 après avoir "senti une boule dans son sein en dormant sur le ventre", à l’âge de 38 ans. 

Comme la grande majorité (78%) des cancers du sein sont détectés après 50 ans, les Françaises âgées de 50 à 74 ans sont invitées, tous les deux ans, à bénéficier d’une mammographie de dépistage remboursée. Avant 50 ans, les femmes, qui ne sont pourtant pas épargnées, doivent donc penser à surveiller leur poitrine et à se rendre chez le gynécologue par elles-mêmes.  

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10 ans de traitement hormonal

Le calvaire ne disparaît pas toujours avec la tumeur. Après l'opération chirurgicale (une tuméroctomie, parfois une ablation totale du sein) arrivent la chimiothérapie et la radiothérapie, qui ont entre autres effets secondaires la perte des cheveux, des troubles de la mémoire, des nausées... 

Puis, vient le temps de l'hormonothérapie. Dans le cas de Rachel, il s'agit d'une gélule par jour et d'une injection tous les quinze jours pendant dix ans, qui lui causent de l'arthrose, une fatigue extrême, des troubles du comportement alimentaires, et donnent à la Haute-Saônoise l'impression d’avoir “90 ans quand (elle se) lève le matin”

Ménopause précoce

Pour les femmes qui sont encore menstruées, l'hormonothérapie entraîne aussi le déclenchement précoce de la ménopause. Marine Girod a d’abord cru y échapper. Après lui avoir retiré une partie du sein droit et les quatre tumeurs qui y grandissaient, le chirurgien annonce à cette Jurassienne, de 35 ans à l'époque, qu’elle devrait bientôt en finir avec les traitements.

Mais "l'ascenseur émotionnel redescend" quelques semaines plus tard, quand un oncologue lui apprend que ses ganglions sont atteints par les cellules cancéreuses. Marine va devoir passer par les cases chimiothérapie et hormonothérapie. C’est “le choc” , pourtant on lui demande dans la foulée si elle compte encore avoir des enfants.

Elle a déjà un fils et une fille, n’envisage donc pas de congeler ses ovaires. Mais elle “pense à celles qui tombent malades encore plus jeunes” , se dit que “c’est trop rapide pour décider”

"Vieille avant l'heure"

Ce traitement entraîne aussi une prise de poids et l'abandon du sport, parfois. 10 kilos en plus et la fin des arts martiaux pour Marine Girod, qui a dû avancer avec la sensation injuste d'être devenue “vieille avant l’heure”

Pendant ce temps, les enfants grandissent, mais ils restent en demande. Marine Girod doit jongler entre son rôle de mère et ces après-midi où la chimio la cloue au lit, bien heureusement soutenue par d'autres membres de sa famille. 

Comme Jennifer et Rachel, elle conseille de “restée entourée” . Échanger avec des malades du même âge l’a par exemple beaucoup aidée, car elles partageaient "un vécu" de la maladie et "des situations familiales similaires"

"L'après cancer"

Grâce au dispositif "180€ après cancer", une enveloppe à destination des personnes en fin de traitement, elle s'est offert des séances de diététique.

Jennifer, elle, est sortie “changée” d’un stage de quatre mois à la fondation Arc-en-ciel, où elle a été suivie par un psychologue et un kinésithérapeute.  Elle dit que la maladie l’a “libérée” : “Je sors beaucoup plus. Je fais ce que j’ai envie” .

“L’après cancer fait voir les choses différemment” , confirme Marine Girod, qui a “repassé ses priorités au premier plan” et vit désormais "plus intensément”. Avec un sein en moins (bientôt en reconstruction), des cheveux autrefois lisses qui ont repoussé bouclés, elle parvient même à plaisanter, dit à son mari qu'il a de la chance car "il a connu plusieurs femmes en une".

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