Témoignage. "Ma maladie a été une vraie chance" : le récit d'Adeline Pasteur, touchée par un cancer du sein

Publié le Écrit par Antoine Comte
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À 40 ans, Adeline Pasteur est en pleine rémission d'un cancer du sein triple négatif qui l'a touché en 2020. Malgré la douleur de la maladie, elle l'assure, "son cancer a été une vraie chance". Une vision qui interpelle et que la Bisontine explique dans un livre, dans lequel elle raconte son parcours.

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11 mai 2020. Trois années ont passé, mais la date reste marquée dans sa mémoire. Adeline Pasteur a alors 37 ans. Le 11 mai 2020, un médecin lui annonce une nouvelle, redoutée depuis deux semaines. Un cancer du sein triple négatif lui est diagnostiqué. "Mi-avril, j'avais repéré une boule vers mon aisselle gauche. Je suis allée consulter et des analyses ont tout de suite été demandées", se souvient la Bisontine d'origine. "J'ai tout de suite compris".

De son propre aveu, Adeline Pasteur a passé les jours d'attentes du résultat "à pleurer toutes les larmes de son corps". Le cancer du sein, elle ne le connait que trop bien. La maladie a déjà emporté sa mère et sa grand-mère avant elle, laissant une trace indélébile dans son histoire familiale. Pourtant, Adeline ne panique pas. "Inconsciemment, je m'y étais préparée. J'étais dans un état de sidération, mais le mode "guerrière" était déjà activé. Avec le recul, c'est vraiment là que ma vie a basculé".

"La meilleure chose qui aurait pu m'arriver"

Bien sûr, dans tous les cas, un combat contre la maladie représente toujours un choc et un changement majeur. L'expression peut même paraître un peu bateau. Mais la particularité d'Adeline Pasteur est que cette bascule a été vécue "de manière totalement positive". La Bisontine va même plus loin : "ce cancer a été la meilleure chose qui aurait pu m'arriver".

La phrase est assumée. Et revendiquée. Alors responsable dans la communication en région parisienne, engagée dans plusieurs associations, créatrice d'un podcast, débordante de projets et maman d'un enfant, comment comprendre sa position ? "Passée la sidération du diagnostic, j'ai directement ressenti un énorme soulagement", explique la principale intéressée. C'est-à-dire ? "Je me suis interrogée sur chaque "rôle" que j'endossais dans ma vie. Au travail, à travers mes activités bénévoles, avec ma famille".

Je me suis rendue compte que 90 % de mes actions n'étaient pas réalisées pour mon bien-être personnel, mais pour les autres. Dans un désir de prouver ma valeur, dans un désir de perfection et de performance. J'ai alors tout arrêté. Le cancer a stoppé ma vie d'avant, ultra-productive, faite de stress permanent.

Adeline Pasteur

Adeline Pasteur va plus loin. Ce cancer, "elle le remercie" car il a été un "vrai cri d'alerte". "C'est un message envoyé par mon corps, qui me disait que la vie que je menais n'était pas bonne", assure-t-elle. "J'avais des migraines récurrentes avant ma maladie. Plein de petites alertes, dont le cancer a été le stade ultime. Cela m'a sorti de mon déni, de mon mal-être. Mal-être dont je ne me rendais même pas compte".

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La trentenaire stoppe donc sa "course folle" avec un but, "vaincre la maladie, par tous les moyens possibles". "Puisqu'elle est entrée dans mon corps, je peux très bien la faire ressortir", sourit-elle. Commence alors un an de traitement lourd. Chimiothérapie, deux opérations, rayons, et de nouveau de la chimiothérapie médicamenteuse. "Je retiens le positif. Mais ça a été très dur" confie-t-elle. "J'ai eu des moments de découragements, de colère intenses, surtout à cause des effets secondaires des traitements. Mais j'ai su rester dans un cercle vertueux".

Au milieu de la chimio, ton corps lâche complètement, et de tous les côtés. Les cheveux et les ongles tombent, l'intestin est en vrac, les os te font énormément mal. C'est vraiment un effet lame de fond. Mais j'essayais toujours de faire un travail personnel autour. Je me suis entourée de thérapeutes pour rester en place : magnétiseur, osthéopathe, etc. Ils me remotivaient, me laissaient en tête cet objectif de guérison. Mais ça a été long, douloureux, épuisant.

Adeline Pasteur

En plus des bienfaits psychologiques des médecines alternatives, la Bisontine se consacre à la lecture, à l'écoute de podcasts et à l'écriture. En juin 2020, elle ouvre d'abord un blog, pour se créer "un espace de parole". "L'écriture a toujours fait partie de moi", continue Adeline. "Cela s'est fait naturellement". Une passion qui lui permet de tenir, et où elle consigne les étapes de son parcours, comme son retour au travail à mi-temps dès avril 2021, ou encore, deux mois plus tard, lorsqu'elle arrête enfin tous les traitements..

Le résultat, un livre de 224 pages paru officiellement en avril 2023. Avec un titre qui interpelle, le cancer du sein continuant de tuer chaque année plus de 12 000 femmes en France selon l'Institut National du Cancer 2023. "Bien sûr que j'y ai pensé en le choisissant", souligne Adeline. "Mais c'est un titre honnête qui résume mon expérience. En aucun cas ce n'est un mode d'emploi de "comment vaincre le cancer". Je veux juste partager mon témoignage pour aider les gens à mieux traverser ce genre d'épreuve, et les gérer de la manière la plus positive possible".

Maintenant, je suis plus équilibrée, plus alignée et ça n'aurait pas été possible sans la maladie. Si je n'avais pas mis en place ces changements profonds. Et là-dessus, mon état d'esprit et ma positivité ont été cruciaux. Ce que j'ai écrit, on peut le résumer ainsi : "comment j'ai repris le pouvoir sur mon corps". 

Adeline Pasteur

Aujourd'hui, Adeline Pasteur est en rémission. Elle l'assure, "tout va bien". "Je passe des examens médicaux tous les trois mois, et ce, depuis deux ans", dit-elle. "La rechute, je n'y pense pas, je suis sereine. J'ai l'esprit tranquille, car j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour guérir". Une tranquillité qui rejaillit sur sa vie professionnelle.

Une "vie d'après" plus apaisée

De retour dans la communication, Adeline "n'a plus peur de dire non" et se pose "beaucoup plus de cadres, de limites. Quand il y a trop de pressions, je n'hésite plus à m'arrêter pour recharger les batteries. Et j'essaye de travailler sur des choses qui me nourrissent intellectuellement".

Au niveau personnel, son rapport à la parentalité et aux autres "s'est apaisé, avec beaucoup moins de stress", malgré un travail sur soi-même "qui continue à être une affaire de tous les jours". Et pour continuer dans son chemin vertueux, la quarantenaire veut continuer à écrire "mais plus sur la maladie".

Le cancer, j'ai fait le tour de la question et je n'ai plus trop envie d'en parler. Aujourd'hui, je vis pleinement et j'ai envie de faire des ouvrages centrés sur le bien-être, sur le fonctionnement de nos émotions. Que les gens trouvent du sens à travers mes mots pour mieux vivre tous les challenges qui jalonnent nos vies.

Adeline Pasteur

Quand on lui demande si elle tire une morale de son cheminement personnel, Adeline Pasteur n'hésite pas. "Il vaut mieux être acteur de sa maladie, plutôt que la subir", pense-t-elle. "J'ai perdu ma mère et ma grand-mère coup sur coup à cause du cancer du sein. Je sais à quel point cette maladie est dure. Mais on a tout à gagner à prendre la maladie comme une opportunité, et non une condamnation."

"Aujourd'hui, j'ai la vie devant moi, mon enfant, 10 000 choses à faire et à vivre. Il y a une épreuve, on la traverse" conclut-elle."Et si on peut le faire en se disant que c'est une chance, alors c'est un peu moins injuste". 

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