À Revigny dans le Jura, deux salariés du DITEP, Dispositif Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique ne peuvent plus travailler et n’ont plus de salaires. Ils n’ont pas souhaité présenter de pass sanitaire à leur employeur.
Handicapé, père célibataire, son contrat de travail est suspendu
Avant même la date du 15 septembre, le couperet est tombé. Dans cet établissement qui accueille des jeunes en souffrance, le pass sanitaire était exigé des salariés. Sur la quarantaine de salariés, trois n’ont pas présenté de pass. L’un d’eux a finalement fait machine arrière. Mais ses deux collègues ont maintenu leur position. Michael, éducateur, s’est vu notifier jeudi 2 septembre la suspension de son contrat de travail. "Ça m'a fait un choc, je travaille ici depuis 2011, je suis travailleur handicapé, reconnu par la MDPH, je vis seul avec mon enfant et du jour au lendemain, on me suspend mon contrat de travail, ça m’a fait vraiment mal. Cela m’a empêché de dormir de nombreuses nuits” confie le salarié.
Une vingtaine de salariés en grève pour des motifs multiples
Dans cet établissement près de Lons-le-Saunier, le lundi 6 septembre, une vingtaine des 40 salariés de l’institut se sont mis en grève pour soutenir leurs collègues, mais également pour dénoncer des conditions de travail qui selon eux se dégradent. “Nous dénonçons des conditions de travail dégradées qui mettent à mal jusqu’à nos valeurs éthiques et professionnelles : postes non pourvus à différents niveaux de l’institution (éducateurs, psychomotricien, direction d'établissement), un turn-over important, la suppression du télétravail qui était jusqu’alors fortement encouragé depuis le confinement et qui permettait de désengorger les bureaux afin de limiter les risques sanitaires” expliquent les grévistes. “Depuis bientôt deux semaines notre établissement est paralysé, la grande majorité des personnels en contact direct avec le public étant en grève. Nous sommes conscients que les jeunes que nous accueillons et leurs familles se retrouvent démunis et isolés, en souffrance parfois sans notre soutien, et réclamons donc les moyens nécessaires pour réaliser les missions qui nous sont confiées par les pouvoirs publics” ajoutent-ils.
Suspendu, Michael se dit toujours opposé au pass sanitaire
L’un des salariés suspendu reconnaît qu’il avait parfaitement conscience des conséquences en cas de refus de présentation du pass sanitaire. Un risque qu’il a pris, et il ne compte pas se faire vacciner après le 15 septembre comme la circulaire du 10 août 2021 l’impose à certaines professions.
Je suis vraiment contre le pass sanitaire. Pour moi, il y a le secret médical, je n’ai pas à étaler ma vie privée, ma vie médicale devant tout le monde. J'estime que j’ai le droit de choisir en mon âme et conscience, ce qui est bon pour moi.
Michael, éducateur
Ses collègues estiment que la direction est allée trop loin. “Elle n’a pas respecté les protocoles de mise à pied, et de reclassement des collègues qui devaient, au bout de trois jours de mise à pied, être convoqués" détaille Antoine Crolet, éducateur sportif et gréviste.
Ce 14 septembre, Michael nous explique avoir finalement été reçu. “On m’a proposé des postes qui n’ont pas l’obligation du pass sanitaire. C’est une piste. Cela pourrait peut-être me permettre dignement de sortir de cette situation” dit-il. Quant à la vaccination obligatoire au 15 septembre au DITEP de Revigny, le salarié ne veut pas s’y plier. “Je vais essayer de tenir au maximum, peut-être qu’à un moment le pass sanitaire ne sera plus obligatoire” espère le salarié.
Contactée par France 3 Franche-Comté, la direction du DITEP de Revigny n’a pas souhaité répondre à nos questions.