Alors que l’été s’en est allé, et que l’automne pointe son nez, l’artiste alsacien s’est lancé dans la création de personnages imaginaires. Comme un grand enfant, il compose ces scènes avec des petits riens, cadeaux d’une généreuse nature.
Des mandalas brodés dans la neige du Jura. En février dernier, Patrick Straub nous faisait déjà rêver avec ces compositions de dentelle dans la neige fraîche. Un travail de patience, à l’aide de raquettes utilisées comme pinceau sur l’écran blanc de l’hiver.
Cette fois-ci, c’est un travail en noir et en couleurs qui anime Patrick Straub depuis quelques semaines.
Une branche, une fleur fanée qui se transforme en robe, un pissenlit prêt à s’envoler, un brin d’herbe, des corolles de dipladenia, d’akènes, des salsifis sauvages… et voilà l'œuvre qui prend vie. “Ce sont des petites scènes que je réalise dans mon jardin avec du matériel récupéré en forêt et les moyens du bord. Ce qui m’intéresse, c’est vraiment le travail de la lumière. Je travaille à contre-jour pour donner de la lumière à mes personnages, les auréoler. Le hasard fait souvent les choses” nous explique l’artiste, retraité de 67 ans.
Ces petits personnages composent celui qu'il appelle son « petit monde furtif ». Tous les éléments tiennent de manière naturelle, en équilibre et si nécessaire, ils sont collés avec la salive ou de l’eau… “Je compte aussi énormément sur la propriété des matériaux, par exemple les matériaux creux pour faire des emboîtements, la souplesse des herbes…” concède Patrick Straub.
J’y passe des heures, ça tombe, il y a du vent, je recommence
Patrick Straub à l'œil de l’art, et une patience infinie pour ériger ces décors. “Je travaille aux plus belles heures du matin et du soir pour la lumière naturelle. Ce qui me plaît, c’est que je ne peux rien prévoir. J’aime le fait de me faire surprendre par ce que la nature, le vent, la lumière m’offrent. Je me fais servir par l’invisible pour donner vie à une scène”, précise-t-il.
Dans son village de Schweighouse-sur-Moder, le figuier du jardin devient un écrin vert qui accueille les petites silhouettes. Patrick Straub s’octroie juste quelques astuces. Un rideau noir pour avoir un effet de contre-jour. Et des bâtons d’armoise qu’il allume pour dessiner le vent. “Je les dissimule derrière les figurines, ou le décor, jusqu’à ce que les volutes me plaisent”.
Quand on lui demande, pourquoi il s’est lancé dans ce “petit monde furtif”, Patrick Straub avoue : “Pour épater ceux qui m’entourent, les étonner, à commencer par moi-même. Si j’en crois les nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, mon travail ferait du bien à l'âme : une forme de poésie visuelle. Ce n’est pas modeste de le relever, mais de penser que mes publications apaisent et illuminent la journée de ceux qui me suivent donne plus encore de sens à ma démarche. De manière plus générale, mon travail est le fruit d’un état de vigilance sur le monde invisible, celui que j’essaie de révéler à travers mes petites compositions. Les éléments tels que le vent, la lumière, la température… bien entendu, mais également ce petit peuple imaginaire qui alimente nos mythologies personnelles dans laquelle chacun peut se reconnaître. à travers une thématique récurrente qui est celle de l’amour.”
Ancien instituteur devenu conseiller pédagogique en arts plastiques, Patrick Straub savoure pour l’instant ces petites compositions éphémères. Mais il sait déjà qu’il passera à un autre terrain de jeux offert par dame nature. “Je vais continuer à découvrir d’autres univers. J’aime ça, travailler avec les saisons, le temps qui passe. Je compose avec le temps en fait !”.
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