Procès des anti-bassines à Niort : le militant du Jura Nicolas Girod soutenu par des Francs-Comtois et des Bourguignons

Le militant de la Confédération paysanne du Jura, Nicolas Girod fait partie des neuf militants opposés aux méga-bassines convoqués ce vendredi 8 septembre à Niort (Deux-Sèvres). Il est poursuivi pour avoir incité à participer à la manifestation de Sainte-Soline le 25 mars alors qu'elle était interdite. Une cinquantaine de Francs-Comtois et de Bourguignons sont venus le soutenir avant le procès.

C'est pour "défendre la liberté syndicale et celle de manifester" qu'une cinquantaine de Francs-Comtois et de Bourguignons ont roulé en car toute la nuit pour venir dans les Deux-Sèvres soutenir les militants anti-bassines convoqués au tribunal de Niort ce vendredi 8 septembre 2023. 

Cinq prévenus, (Benoît Feuillu et Basile Dutertre, militants des Soulèvements de la Terre, Benoît Jaunet et Nicolas Girod, représentants de la Confédération paysanne, ainsi que Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines non merci") sont poursuivis devant le tribunal judiciaire de Niort pour la manifestation du 25 mars 2023 qui avait donné lieu à de violents affrontements avec les forces de l'ordre.

Trois d'entre eux le sont aussi pour la manifestation précédente du 29 octobre 2022, de même que deux syndicalistes de la CGT et de Solidaires, David Bodin et Hervé Auguin. Tous encourent six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.

Soutien aux prévenus dans les rues de Niort

Sur la place de la Brêche à Niort, de nombreux manifestants sont là pour marquer leur soutien aux prévenus et à leur lutte. Parmi eux, Sylvain Rotheau. Militant à la Confédération paysanne, il élève des charolais dans la Nièvre. 

Nous respectons les institutions mais il est nécessaire de dire aux pouvoirs publics que la criminalisation du fait de manifester est inacceptable.

Sylvain Rotheau, Confédération paysanne de la Nièvre

Une présence utile selon Nicolas Girod. Juste avant l'audience, l'ancien porte-parole national de la Confédération paysanne a tenu à remercier les militants présents à Niort.

Un grand merci à toute l'énergie que vous nous renvoyez. Nous allons porter votre voix, la voix de toutes les défenseuses et tous les défenseurs de l'eau à l'intérieur du tribunal.

Nicolas Girod, Confédération paysanne du Jura

Pendant l'audience prévue ce vendredi 8 septembre, plusieurs animations sont prévues place de la Brêche malgré l'encadrement de cette manifestation de soutien par la préfecture des Deux-Sèvres.

Le débat sur le droit de manifester avait commencé dès jeudi devant le tribunal administratif de Poitiers, où la CGT, Solidaires et la Confédération paysanne, rejoints par le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature, avaient déposé un référé-liberté contre des arrêtés qualifiés de "liberticides" au sujet du rassemblement de ce vendredi.

Cette manifestation, déclarée en deux endroits dans la ville, n'a pas été interdite, mais la préfecture a proscrit tout "attroupement" aux abords du tribunal et autorisé la police à utiliser des drones pour surveiller le rassemblement.

Le tribunal administratif a validé le dispositif de sécurité préfectoral.

Garde à vue le 28 juin

Nicolas Girod est l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne, il a sa ferme dans le Jura. Avec cinq autres militants, il avait été placé en garde à vue pour « organisation de manifestation interdite sur la voie publique », par le parquet de Niort le mercredi 28 juin. Ce jour-là, Nicolas Girod avait été convoqué dans le Jura.

Des militants étaient déjà venus le soutenir.

La Confédération paysanne avait alors dénoncé "ces manœuvres d’intimidation et de répression scandaleuses ».

Le droit de manifester au cœur du procès

Le droit de manifester est au cœur du procès de ces responsables syndicaux et militants écologistes. Les prévenus dénoncent un procès "politique" destiné, selon eux, à museler l'opposition aux "bassines", surnom qu'ils donnent à des réserves d'eau destinées à l'irrigation agricole, contestées dans les Deux-Sèvres.

Cela fait des années que l'on appelle au dialogue et à la concertation pour rediscuter de comment on partage l'eau. Surdité complète. Aujourd'hui, en plus de la surdité, aprés nous avoir envoyé les flics, on nous envoie le Procureur de la République pour essayer de nous faire taire.

Nicolas Girod, Confédération paysanne du Jura

Leurs avocats, eux, voient dans la procédure une atteinte au droit de manifester visant, selon Me Pierre Huriet qui plaidera pour Solidaires, à "décourager les mouvements sociaux".

Sa consoeur, Alice Becker, conseil des syndicalistes CGT, fustige "une entrave à la liberté de manifester, d'opinion, mais aussi syndicale".

Maîtres Chirine Heydari-Malayeri, Inès Giacometti et Balthazar Lévy, avocats de la Confédération paysanne, déplorent "une criminalisation de l'action politique et syndicale, d'autant moins tolérable que le syndicat agricole alerte sur la préservation de l'eau et d'un accès égalitaire à ce bien commun essentiel".

L'utilisation de l'eau en débat

Seize "bassines" sont en projet dans le Marais poitevin, dont celle de Sainte-Soline. Ces retenues creusées dans la terre visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient.

Leurs partisans en font une assurance-récolte indispensable à la survie des agriculteurs irrigants (minoritaires au sein de la profession) face aux sécheresses à répétition ; les opposants dénoncent, eux, un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie".

"Volonté d'intimider"

Sur la forme, la défense s'interroge sur les raisons de poursuivre des personnes physiques plutôt que les organisations qu'elles représentent. Me Alice Becker y voit également "une volonté d'intimider des individus et de faire peur".

Deux autres prévenus comparaissent pour des faits de violence, vol et dégradation en lien avec les manifestations. La justice reproche enfin à certains d'avoir refusé un relevé d'empreintes génétiques.

Après de premières violences en octobre à Sainte-Soline, la manifestation de mars avait dégénéré rapidement en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Deux manifestants ont passé plusieurs semaines dans le coma.

Dans un rapport publié en juillet, la Ligue des droits de l'homme a dénoncé un "usage disproportionné" des armes (grenades, LBD) par les forces de l'ordre.






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