Prolifération des moules quagga au lac Léman en Suisse : un fléau pour l'environnement

Le lac Léman fait face à un petit envahisseur aquatique aux effets néfastes multiples. Les moules quagga prolifèrent depuis 2015 et menacent la biodiversité ainsi que la qualité de l'eau potable. Explications.

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C’est un petit mollusque qui cause de gros dégâts dans plusieurs étendues d’eau suisses. La moule quagga est une espèce envahissante aquatique, originaire de la mer Noire. Elle est arrivée accidentellement par le Danube puis le Rhin. Elle a été introduite par l'Homme en s'accrochant aux coques des navigations. Elle est soit transportée sous sa forme adulte ou à l'état de larve par l’eau de ballast, de cale ou de refroidissement de moteur des navires et bateaux de plaisance. Elle passe ainsi d’une eau à une autre, sans se faire remarquer.

La moule quagga présente en Suisse depuis 2011

Observée en Suisse pour la première fois en 2011 à Bâle, la moule quagga a proliféré dans plusieurs lacs : celui de Constance, Neuchâtel, Bienne et Léman. Depuis, elle est en expansion constante. Aujourd'hui, elle est considérée comme l'une des espèces envahissantes d'eau douce les plus agressives de l'hémisphère nord. Son développement pourrait se stabiliser d’ici 2027 à 2028, précise la Cipel, Commission internationale pour la protection des eaux du Léman. Elle a mis en place un suivi scientifique pour surveiller les effets de cette espèce sur le fonctionnement du lac Léman et de la biodiversité de ce milieu. La moule quagga représente une menace pour la diversité, mais affecte aussi considérablement la pêche, la baignade, la production d'eau potable et l'utilisation thermique du Léman. 

Une menace pour la biodiversité

La moule quagga ou dreissena bugensis fait partie des 12 espèces exogènes envahissantes identifiées dans le lac Léman et considérées comme les plus problématiques. Elle se reproduit très rapidement et massivement même à basse température.

"Les conséquences pour un écosystème peuvent être énormes. Des densités allant jusqu'à 15 000 individus par m2 ont été observées dans le Léman", explique la Cipel. La moule quagga menace la biodiversité indigène. Elle recouvre les fonds marins, empêchant la petite faune de respirer, uniformisant le milieu. Autre problème, chaque moule peut filtrer jusqu'à 2 litres d'eau par jour, en particulier du phytoplancton, qui constitue la base de la chaîne alimentaire des lacs. Elle prive ainsi d'autres espèces de nutriments et peut induire une baisse des captures et entraîner des répercussions économiques pour les pêcheurs professionnels et les pêcheurs à la ligne.

Un ennemi pour l'eau potable

La moule quagga est aussi un ennemi pour la qualité de l'eau potable. Elle peut descendre très bas — jusqu'à 250 mètres de profondeur — à la différence de la moule zébrée, une espèce invasive de la même famille qui a colonisé le lac de Vouglans dans le Jura, mais ses effets sur l'écologie du milieu sont comparables. En colonisant les profondeurs des lacs, elle a la fâcheuse tendance de s'installer sur les prises d’eau des installations d’exploitation de chaleur/froid et de production d’eau potable. "Elle obstrue non seulement les conduites, mais aussi leurs larves minuscules peuvent pénétrer ainsi dans les installations, entraînant des coûts d'entretien de plusieurs millions de francs par an pour le Léman", précise la Cipel.

Comment lutter contre la prolifération de la moule quagga ?

"Une fois introduite, son éradication est impossible. La priorité est alors de tout mettre en œuvre pour que les eaux encore préservées soient protégées autant que possible contre l'introduction accidentelle de cette espèce exotique", souligne la Ciper. Et comme l'introduction de la moule quagga se fait principalement par l'homme, les propriétaires de bateaux sont les premiers acteurs concernés par les mesures préventives.

C'est pourquoi, pour freiner cette colonisation très difficile à éradiquer, l'Ofev (Office fédéral de l'environnement) a lancé une campagne de sensibilisation, dressant une liste de recommandations à destination des pêcheurs et autres propriétaires de bateaux et objets navigables.

L'Ofev préconise :

  • À la sortie de l'eau du bateau, laver l'extérieur avec un nettoyeur haute pression à plus de 45 degrés,
  • Vérifier qu'il ne reste aucun résidu végétal ou saleté sur la coque, moteur, cordages et tout autre élément,
  • Sécher le bateau et équipement et attendre au moins quatre jours avant sa remise en eau.

La Cipel ajoute : 

  • Vider les eaux de ballast avant de déplacer le bateau,
  • Pour les cordages, l’ancre, les pares battages, les gilets de sauvetage, le matériel de plongée, il est aussi possible de laisser tremper le matériel dans une solution de vinaigre (5 %) ou de sel (1 %) pendant 20 minutes. 

Ces gestes simples d'inspection et de nettoyage de son embarcation "diminueraient jusqu’à 85 % les risques d’introduction et de propagation d’espèces" selon l'OFEV.

Les impacts écologiques de cette espèce dans le Léman restent à évaluer précisément.

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