Le chef de fil du Rassemblement National (RN), Julien Odoul, avait prévu de rencontrer les salariés de MBF à Saint-Claude dans le Jura sans les avoir prévenus. Finalement, il n’est pas venu.
Les salariés de MBF avaient prévu ce jeudi 3 juin après-midi de discuter ensemble autour de la création d’une Scop pour tenter de trouver une issue et sauver 280 emplois de ce sous-traitant automobile en liquidiation judiciaire depuis novembre 2020. Mais à la dernière minute, changement de programme. En lisant le journal local, ils ont appris la venue de Julien Odoul, candidat du parti de Marine Le Pen aux élections régionales de Bourgogne Franche-Comté. « Julien Odoul a prévu de se rendre à la fonderie sanclaudienne, ce jeudi 3 juin, et d’y tenir son point presse ».
« Il s’impose. Il se croit président de région »
Aussitôt lu, aussitôt un comité d’accueil s’est organisé. Pour Julien Odoul, ce sera demi-tour au rond-point. « Nous sommes à 200 mètres de l’entrée de l’usine, au rond-point, nous ne voulons pas qu’il vienne. Nous ne voulons pas le rencontrer ce monsieur-là. Nous avons été clairs, nous voulons bien que les candidats aux élections régionales viennent sauf ceux du Rassemblement National (RN) et ceux qui partagent les mêmes idées » prévient Koray Sukran, délégué Sud. « Les autres candidats nous ont appelés pour nous demander s’ils pouvaient venir, mais lui, non, il s’impose. Il se croit président de région » poursuit Nail Yalcin, délégué CGT.
Au téléphone, en arrière fond, on entend de la musique « J’ai rendez-vous à Pôle Emploi ». Sur place, un panneau noir avec deux photos, celle de Julien Odoul et une autre de Marine Le Pen. Toutes les deux sont barrées en rouge.
Déplacement à Saint-Claude mais pas à la fonderie MBF
« Que voulez-vous que Monsieur Odoul nous apporte ? Nous renvoyer chez nous sachant que nous sommes environ 60% à être des immigrés. Il va faire sa haine raciale » s’insurge Nail. « Qu’il aille faire sa campagne ailleurs » conclut Koray.
Finalement, Monsieur Odoul ne leur a rien apporté puisqu’il s’est déplacé à Saint-Claude mais n’est finalement pas venu rencontrer les salariés de MBF. Aurait-il eu vent de l’accueil qui lui était réservé ? A t-il deviné quelque chose en voyant les photos sur la page Facebook de « Mbf en lutte » ? Personne ne le sait.
Ne pas faire prendre de risques aux « personnes qui m'entourent »
Julien Odoul est bien venu pourtant à Saint-Claude, mais il a finalement tenu son point presse devant le musée de l'Abbaye. Et à là question : pourquoi n'avez-vous pas été chez MBF comme prévu, le candidat RN répond. « Tout simplement parce qu’il y a un risque pour la sécurité des gens qui m’accompagnent et les militants. Le climat actuel est effectivement très inquiétant, on le voit avec des agressions d’élus, des forces de l’ordre, des différents représentants de la République, quand on voit le comportement de certains syndicalistes de la CGT qui n’ont que la violence, la haine et le sectarisme en bandoulière, alors oui je préfère ne pas leur donner la possibilité d’intervenir ou de menacer les personnes qui m’entourent ».
Les salariés de MBF, devront eux définir d'une nouvelle date pour parler de la création d’une Scop. « Il nous a gêné dans notre travail » regrette Koray Sukran.