CARTE. On vous explique pourquoi les salariés de MBF Aluminium (Jura) font le tour de France des fonderies

Du 4 au 6 mai 2021, quelques salariés de MBF Aluminium Saint-Claude (Jura) ont décidé de rencontrer les employés d'autres fonderies en France. Par leur action, ils espèrent faire entendre leur voix, et peut-être mutualiser leur mobilisation.

Le périple durera trois jours, trois jours à sillonner les routes de France à la rencontre de travailleurs en lutte, confrontés au même sort qu’eux. Voilà ce qu’aimeraient réaliser la dizaine de salariés de MBF Aluminium en effectuant un tour des fonderies.

Depuis le 31 mars 2021, les employés sanclaudiens sont en grève et demandent la sauvegarde de MBF Aluminium et des emplois. Placée en redressement judiciaire depuis novembre 2020 l’entreprise qui fabrique des pièces automobiles peine à retrouver un repreneur. Les récentes offres de rachat et l’aide régionale ont permis aux salariés de leur donner un petit sursis, jusqu’au 11 mai.

 

Dès le mardi 4 mai, une petite dizaine de salariés vont prendre la route pour rencontrer les autres salariés et syndicalistes de fonderies partageant le même destin que celui de MBF.

Communiqué de presse de l’intersyndicale MBF Aluminium, 4 mai 2021

Ailleurs en France, le futur des fonderies semble étroitement lié. Le secteur, en difficulté, voit progressivement ses usines menacées de fermer leurs portes. Nail Yalcin, délégué syndical à la CGT explique vouloir « converger les différentes luttes » : « L'idée serait d'échanger, de discuter d'une initiative commune ».

Dépendantes de Renault et Peugeot

Ainsi, les fonderies qui ont été choisies pour ce Tour de France sont « celles qui ont le moins de perspectives » : les fonderies de Bretagne (rattachée à Renault, 340 salariés), la Société Aveyronnaise de Métallurgie (365 salariés), la Fonderie du Poitou et l'ex-Française de roue (850 salariés en tout), dernière fabricante de jantes aluminium en France.

Dépendantes des constructeurs automobiles comme Stellantis (Peugeot) ou Renault, ces usines doivent faire face à des commandes de moins en moins grandes. Deux raisons peuvent expliquer cette baisse : le moindre recours à des moteurs diesel et la fin des moteurs thermiques actée pour 2040.

La disparition annoncée de ce secteur, les salariés de MBF en ont bien conscience, mais pointent aussi d’autres défaillances. Nail Yalcin évoque ainsi « la stratégie mise en place par les constructeurs automobiles français depuis des décennies : la délocalisation des productions de véhicules et moteurs vers des pays low cost. » Pour l’intersyndicale, la solution résiderait alors dans la relocalisation des volumes fabriqués à l’étranger.

« L'immobilisme du gouvernement »

Associer les luttes serait aussi un moyen d’interpeller le ministère de l’Economie sur leur devenir. Remontés contre le gouvernement, les syndicats précisent ainsi dans leur communiqué : « [Les fonderies] souffrent de l’immobilisme du gouvernement qui reste spectateur et accompagne par des millions d’argent public l’effondrement de toute une filière et d’une industrie française, alors que d’autres choix sont possibles. »

Nail Yalcin précise que sauver les fonderies relèverait d'une « volonté politique » : « Le gouvernemet souhaite-t-il garder encore cette filière et conserver sa souveraineté ? » Un argument qui s'applique aussi aux constructeurs français. Le délégué syndical de la CGT demande : « Renault et Peugeot veulent-ils garder une production en France ou y aurait-il juste le nom de leurs marques qui reste français ? »

Le 26 avril dernier, le ministère de l'Economie a annoncé un « fonds exceptionnel d’accompagnement et de reconversion des salariés », doté de 50 millions d’euros, dont 10 millions viennent de Stellantis, et 10 millions de Peugeot.

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