En redressement judiciaire, la fonderie MBF de Saint-Claude dans le Jura est menacée de disparition. Le photojournaliste de Besançon Raphaël Helle a immortalisé dans une série de portraits les visages marqués des salariés, en grève depuis déjà deux mois.
De la tristesse, de la fatigue, mais surtout de la détermination. C’est ce que l’on peut lire dans les regards lourds de sens des salariés de la fonderie MBF. L'entreprise du Haut-Jura, placée en redressement judiciaire depuis novembre 2020, est l’arrêt depuis deux mois. En grève, ses 270 salariés, qui ont pour quotidien d'usiner et d'assembler des pièces en aluminium pour l'industrie automobile, luttent pour une solution de reprise.
Raphaël Helle, photojournaliste vivant à Besançon dans le Doubs, a choisi de suivre leur combat, devenu un symbole de la lutte sociale. "Je les aime beaucoup. Je les ai suivis en grève de la faim devant Bercy, à Villerois, je les ai vus avec la niaque pour rencontrer Macron à Nevers. J’aime beaucoup cette combativité qu’ils ont."
Le monde ouvrier comme sujet de prédilection
Collaborant avec la maison de photographes Signatures, Raphaël Helle a fait du monde ouvrier l’un de ses thèmes de prédilection. Durant sa carrière, Il mène différents travaux en immersion. Notamment auprès d'un groupe d'adolescents, de l’entrée au lycée jusqu’au bac, à l’usine, avec les ouvriers de Peugeot Sochaux. Il est, par ailleurs, lauréat 2014 de "La France vue d’ici" bourse remise par Mediapart et le Festival ImagesSingulières pour son projet sur le monde ouvrier.
A travers son objectif, le photographe fige une réalité. Celles de ces femmes et de ces hommes, ouvrières et ouvriers, suspendus à une décision de justice qui dira bientôt, le 15 juin au tribunal de commerce de Dijon, s'ils pourrront conserver leurs emplois. En attendant, ils occupent le site, ils entretiennent les fours.
Chez les trois syndicats de MBF, on sent que c’est leur usine, c’est leur terre.
"Tout ce qui arrive est lié à une histoire", raconte Raphaël Helle. Ces dernières années, Saint-Claude a vu ses usines réduire drastiquement leurs personnels voire pour certaines fermer. La ville a perdu 2 000 habitants en 10 ans. Un déclin économique et démographique que personne n'a pu enrayer. Alors, MBF c'est aussi le symbole d'une industrie qui ne veut pas mourir. "Chez les trois syndicats de MBF, on sent que c’est leur usine, c’est leur terre", conclut Raphaël Helle.