Vendanges : “Bouge ton cul… baisse ta musique de merde”, ils dénoncent leurs conditions de travail dans un vignoble du Jura

Les vendanges sont sur le point de se terminer dans les vignes du Jura. Mais pour certains saisonniers vendangeurs qui ont alerté France 3 Franche-Comté, elles ont un goût amer.

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Dans le vignoble d’Arbois, des centaines de vendangeurs manient sécateurs et seaux depuis près de trois semaines. Une vendange qui se fait à la main sur les terres du Domaine Rolet dès 7 heures le matin. Des vendangeurs y pointent du doigt des comportements inappropriés sur leur lieu de travail. Et un manque de respect.

“Dans les vignes, c’est bouge ton cul ou réveille-toi quand on ne va pas assez vite pour eux” confie une vendangeuse de 65 ans. “Une femme qui avait ses règles s’est fait engueuler, car elle mettait trop de temps à revenir à son poste” ajoute la sexagénaire. “À une vendangeuse roumaine qui écoutait de la musique dans les vignes, on a lancé : 'baisse ta musique de merde !'. C’est un manque de respect” estime cette Jurassienne, maman solo, qui vient faire les vendanges pour aider financièrement sa fille étudiante. Cette femme ne reviendra pas l’an prochain, mais elle veut témoigner. Selon elle, “certains n’osent rien dire ici. Il y a des petites retraites, des Roumains, des Africains. Ils se taisent. Ils ont besoin de manger”. 

Une centaine de vendangeurs venus parfois de l'étranger

Ils sont une centaine de vendangeurs répartis sur plusieurs parcelles à travailler pour le domaine. Des gens de toutes générations, de tous pays, France, Roumanie, Soudan, Afghanistan. “C’est la première fois que je fais les vendanges en France, j’ai déjà travaillé en Suisse. Ce n’est pas normal comme ils nous parlent mal ici, comme ils nous traitent, on n’est pas des esclaves” s’insurge un vendangeur étranger. “Ça fait deux semaines que je suis là, j’ai vu des choses que je n’ai jamais vues ailleurs...même pas un bonjour... Il faut que les gens sachent que dans les vignes, il y a des personnes qui traitent mal les gens” confie un autre vendangeur.

"Ça commence à me gaver que des personnes abusent de leur statut, alors que sans la main d’œuvre, ils ne feraient rien !”

Une vendangeuse

Cette jeune Française découvre le monde des vendanges pour la première fois. Un travail physique, sous les caprices de la météo. Elle dit avoir subi une pression constante, même sous la chaleur caniculaire, et des propos agressifs. “Il y a du respect entre nous, mais pas de la part de l hiérarchie… On nous avait vendu ce domaine comme un domaine prestigieux. Je m’attendais à mieux. Je reviendrai faire des vendanges, oui, mais dans un lieu respectueux” dit-elle écœurée.

“On n’a pas de problème de management au domaine.”

Cédric Ducoté, chef du domaine Rolet

Contacté par France 3 Franche-Comté, le domaine Rolet dit “tomber des nues” à la lumière de ces témoignages. “Je ne pense pas qu’il y ait du mal-être au travail dans nos équipes” réagit Cédric Ducoté, chef du domaine. Il indique qu’une altercation s’est produite la veille sur une table de tri, mais qu’aucune insulte n’a été lancée envers la vendangeuse concernée. “Une altercation. Ça peut arriver, ça fait 15 jours qu’on vendange” ajoute-t-il. Selon lui, les témoignages que nous avons recueillis ne sont pas à l’image de la réalité du terrain. Les mots cités comme « bouge ton cul », il dit ne jamais les avoir entendus.

Cédric Ducoté souligne que le domaine n’a pas eu de difficulté à recruter cette année, bien au contraire. “Je ne vois pas où est le manque de respect quand on arrive à fidéliser du monde”. Depuis 1942, le domaine a toujours trouvé des vendangeurs, argumente-t-il. Beaucoup reviennent d'une année sur l’autre.

À la cuisine, une fidèle saisonnière nous explique que tout se passe bien ici. “C’est vrai que c’est speed, mais bon, quand on veut du travail, faut s’adapter !”. “Il faut des fois les remuer. Une fois que ça a mangé, on voit bien que ça tire au cul” affirme au téléphone cette habituée des lieux.

Daniel, lui, fait les vendanges ici depuis trois ans. “Il y a des coups de bourre, oui. Des moments où il faut y aller. Si je reviens, c’est pour le plaisir de travailler avec cette équipe” nous dit-il. Un autre vendangeur assure n’avoir jamais entendu d’insultes dans les vignes. “Il y a peut-être eu des paroles un peu fortes. Mais on est là pour travailler, pas pour bayer aux corneilles. Ce n'est pas le bagne” conclut-il. 

Dans ce domaine viticole du Jura, les vendanges doivent se terminer dans quelques heures. Le travail y est rémunéré au Smic, comme dans de nombreux vignobles de France.

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