Vendanges : squats, hébergements illégaux, drones... Ambiance tendue autour de l'accueil des saisonniers en Bourgogne

Un village éphémère qui ne fait pas l'unanimité, des domaines qui hébergent en cachette et des squats qui se forment à l'abri des regards... En cette période de vendanges, les saisonniers rencontrent toujours des difficultés pour se loger en Côte-d'Or. Et les autorités veillent à appliquer la loi, quitte à utiliser des drones et chasser les vendangeurs.

Avant, les vendanges, c'était franche camaraderie, bonne humeur et soirées sympas entre saisonniers. Mais ça, beaucoup vous le diront, c'était avant. Car cette année en particulier, l'ambiance des vendanges semble être parfois tendue en Côte-d'Or. Une tendance qui ne fait que se renforcer, vendanges après vendanges.

Une règlementation de plus en plus stricte pour pouvoir héberger

Car l'hébergement des saisonniers venus de loin devient de plus en plus problématique. Ordinairement, ce sont les domaines qui les logent. Soit ils ont des pièces prévues à cet effet, soit ils obtiennent des dérogations de la préfecture pour laisser les saisonniers camper dans le domaine.

Mais depuis quelques années, les conditions pour loger des saisonniers sont de plus en plus strictes et difficiles à suivre, déplorent les domaines viticoles. Et les dérogations pour permettre aux vendangeurs de camper ne sont plus effectives. Conséquence, de moins en moins de domaines peuvent se permettre de les loger.

"Une véritable traque aux saisonniers dans les vignobles"

Il faut alors trouver une solution. Certains saisonniers bravent les interdictions. Beaucoup d'entre eux posent leur tente à l'abri des regards, de manière illégale. D’après nos sources, certains domaines hébergent quand bien même des saisonniers et les laissent camper sur leur terrain, malgré l’interdiction de la préfecture. Un grand squat a également été mis en place dans une forêt.

Les gendarmes trouvent les vendangeurs qui campent dehors et les ramènent au village éphémère.

Un saisonnier

Mais la préfecture ne reste pas les bras croisés. Des gendarmes ont la mission de "chasser" les vendangeurs, et des drones sont utilisés pour veiller à cette application. "C’est une véritable traque aux saisonniers qui est réalisée dans les vignobles de la Côte-d'Or", s'insurge l'union syndicale Solidaires 21.

Un village vendangeurs qui fait jaser

Les autres saisonniers logent au village vendangeurs, à Morey-Saint-Denis. Une expérimentation inédite de la préfecture et de la Confédération des appellations des vignerons de Bourgogne (CAVB), afin de répondre aux besoins d'hébergement en urgence. 

Un camping avec une capacité maximum de 70 personnes et loin de satisfaire tous les saisonniers, car l'emplacement est payant 8 euros la journée par personne. "Chaque année on campait dans les domaines gratuitement. On est déjà payé au SMIC, on préfère éviter de dépenser de l'argent dans le logement et faire des économies." Toutefois, certains domaines peuvent payer l'emplacement aux saisonniers, mais ce n'est pas toujours le cas.

Des saisonniers étrangers livrés à leur sort

Pour ne rien arranger, la CAVB nous a par ailleurs confiés que certains prestataires "font par exemple venir des équipes de 60 Bulgares, pour les lâcher en pleine nature et les laisser se débrouiller.“ 

Les autorités condamnent ces actions et sont déjà intervenues dans des campements illégaux, à Puligny-Montrachet, Meursault et Tailly. Les campeurs ont été conduits au village éphémère, dans la limite des places disponibles.

"Les domaines ne demandent que ça de pouvoir héberger les saisonniers"

De manière générale, ces problèmes d'hébergement sont un véritable casse-tête pour les domaines. “On fait face à une réglementation ubuesque", assure Mélanie Grandguillaume, responsable juridique de la confédération des appellation des vignerons de Bourgogne (CAVB).

"Par exemple, on n’a plus le droit aux lits superposés pour héberger les vendangeurs. C’est assez étrange, l’armée et l'hôtellerie le font pourtant. Les domaines perdent patience.”

"Les domaines ont de plus en plus de difficultés pour trouver des saisonniers. S’ils pouvaient promettre aux vendangeurs de les héberger, ce serait nettement différent et beaucoup plus de monde viendrait."

Mélanie Grandguillaume

Responsable juridique de la CAVB

Cette année, 24 000 à 28 000 vendangeurs ont été appelés en Côte-d'Or. Certains nous ont déjà assurés qu'ils ne reviendront pas l'année prochaine.

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