À Morey-Saint-Denis (Côte-d’Or), un "village éphémère" apparaît à l’approche des vendanges. 60 saisonniers pourront y dormir à moindre coût. Rencontre avec l’initiateur du projet, Samuel Lenoir, qui a réaménagé le terrain de son centre équestre pour l’occasion.
C’est la même angoisse chaque année : comment se loger ? À l’approche des vendanges en Bourgogne, ils sont 40 000 saisonniers à chercher la solution. Les viticulteurs craignent les pénuries de main d’œuvre et ne peuvent pas toujours mettre leurs infrastructures à disposition. "Ils peinent à héberger car il y a une réglementation très stricte, rappelle la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne. Il faut des logements en dur, un certain nombre de mètres carrés par vendangeur, pas de lits superposés…"
Face à la demande, un homme a trouvé la solution. Samuel Lenoir possède un domaine équestre de 150 hectares à Morey-Saint-Denis. Une aubaine. Pour soulager les viticulteurs voisins, il a créé dans son terrain un "village éphémère" où logeront une partie des vendangeurs. Une première en France.
À quoi ça ressemble, un village de vendangeurs ?
Samuel Lenoir : le terrain que l’on met à disposition fait entre 7 et 8 hectares. On peut y accueillir 50 à 60 personnes. Il y a des zones dédiées aux tentes, aux véhicules et aux vans aménagés. Au milieu de tout ça, on a créé un bloc sanitaire où l’on a installé des douches, des lavabos, des toilettes… le nécessaire pour vivre décemment. On a aussi un chapiteau avec une cuisine.
Il y a aussi une équipe aussi de cinq personnes au service des vendangeurs. C’est agréable d’avoir des personnes réactives qui peuvent leur apporter des solutions de confort. En fait, on a recréé un camping éphémère.
C’est un projet qui répond à la problématique du logement pour les saisonniers des vendanges…
S.L : Oui ! Sur le secteur, il y a de moins en moins de logements disponibles en location à des tarifs raisonnables. Il y a donc toute cette population de vendangeurs saisonniers qui, arrivant sur la région sans avoir de logement, se retrouvent livrés à eux-mêmes et montent des campements de fortune. Cela permet de pallier partiellement la question de l’insalubrité sur les campements sauvages.
Votre activité, le centre équestre, est assez éloignée… Pourquoi avoir décidé de monter ce projet ?
S.L : Et pourquoi pas ? On aime bien les défis ! On est un centre équestre, mais aussi éleveurs, on a des gîtes… On sait recevoir les gens et puis je pense qu’on a su répondre à une attente. Depuis plusieurs années, j’ai souvent des viticulteurs qui me demandent de laisser du terrain pour que leurs vendangeurs viennent camper.
Aujourd’hui, on est un des rares établissements à avoir suffisamment de place dans une zone remplie de vignes. Et puis, les ¾ de ma clientèle viennent de ce milieu. Je trouvais intéressant de créer ce trait d’union entre la viticulture et nous. C’est un peu du donnant-donnant. En plus, c’est un projet d’intérêt public, il y a ce côté social qui est intéressant.
En pratique, il faut des financements…
S.L : C’est d’abord un projet privé, qui est devenu d’utilité publique. La préfecture et la CAVB [Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne, ndlr] y pensaient depuis longtemps. Donc l’Etat s’est porté garant. Il prend en charge 80% de l’organisation, les collectivités, les 20% restants.
Les vendangeurs paient 8 euros la nuitée, pour que ce soit abordable pour tout le monde. L’idée est d’arriver, d’ici 2 ou 3 ans, à un équilibre financier pour que ça ne coûte pas d’argent public.
En tout cas, le projet sera reconduit chez nous l’an prochain. On pallie les besoins de certains domaines, mais ça ne suffit pas, la demande est beaucoup plus forte que ça.
Le village sera ouvert du 11 au 25 septembre.