Alors que dans l’Yonne, les vendanges du Chablis ont commencé ce vendredi 8 septembre, les viticulteurs sont préoccupés. Les premiers cas de flavescence dorée, maladie incurable de la vigne, ont fait leur apparition. Les prospections sont renforcées pour détecter au plus vite la maladie.
"C’est un souci de plus", résume Pierrick Laroche. Ce viticulteur de Maligny (Yonne) n’a été que peu surpris, l’année dernière, lorsque les résultats sont tombés. Un pied de sa vigne est contaminé à la flavescence dorée, cinq sur toute la commune. Des cas encore très localisés, mais les premiers dans tout le département.
Depuis une dizaine d’années, la flavescence dorée est devenue un véritable fléau en Bourgogne, à commencer par le Mâconnais (Saône-et-Loire). Elle est due à une bactérie, portée par les cicadelles, des insectes qui se nourrissent en piquant la vigne – et la contaminent ainsi. Pour l’heure, aucun traitement ne permet de guérir la vigne contaminée. Il faut arracher.
À Maligny, et dans tout le Chablisien, ces découvertes ont déclenché de nouvelles procédures. Depuis fin août, l’ensemble des viticulteurs se réunissent et inspectent l’ensemble des 400 hectares de vigne. Objectif : détecter les signes de la flavescence dorée. "Sur les blancs, ce sont des feuilles qui jaunissent, se recroquevillent, deviennent craquantes. Les bois, eux, restent verts", énumère Charlotte Huber, directrice technique de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB). Difficile à détecter, car les symptômes sont identiques à la maladie du bois noir, qui touche facilement le chardonnay. Une fois les cas répertoriés, des prélèvements sont réalisés. Ceux de cette année rendront leurs conclusions début octobre.
"Un pied contaminé peut se transformer en dix ou quinze l'année suivante"
Pierrick Laroche, viticulteur et référent flavescence dorée à Maligny (Yonne)
Mais la prévention ne suffit pas. Même en arrachant les pieds, la flavescence dorée est difficile à éradiquer. Puisque transmise par un insecte, la maladie se propage en foyer, sur des pieds rapprochés. Mais surtout, elle n’est détectable sur la vigne qu’un an après sa contamination. "Donc c’est sûr que cette année, il y aura plus de cas positifs que l’année dernière dans le Chablisien, détaille Charlotte Huber. On a prévenu nos vignerons, les cicadelles ont fait leur travail de dissémination. C’est une vraie menace pour la vigne."
À Maligny, la prédiction se vérifie. En juillet, des prospections anticipées ont été réalisées. Résultat : 30 à 40 pieds contaminés. "C’est pour ça qu’on essaye de se mobiliser tôt, et qu’on est très attentifs à nos vignes, remet Pierrick Laroche. Un pied contaminé peut se transformer en dix ou quinze l’année suivante."
Traitement insecticide obligatoire
Pour contenir la propagation, il y a aussi quelques obligations. Notamment pulvériser des insecticides dans un rayon de 500 mètres autour des parcelles contaminées, selon cet arrêté préfectoral. "Ça ne permet pas à la vigne de guérir de la maladie, mais cela élimine les cicadelles qui peuvent être porteuses", détaille la CAVB. Chaque nouveau pied de vigne planté doit également subir un bain d’eau chaude préalable. Pour les viticulteurs comme Pierrick Laroche, on hésite à aller plus loin : "Je pense que j’arracherai plus de pieds que nécessaire cette année. Dès qu’un pied jaunit, que ce soit la flavescence ou la maladie du bois noir, je pense que je vais l’éliminer, par prévention."
Pour l’instant, la situation n’est pas alarmante dans le Chablisien. À l’heure où les vendanges débutent, la Fédération de défense de l’appellation Chablis (FDAC) émet tout de même une inquiétude : "On connaît les conséquences de cette maladie. Si on n’agit pas correctement, ça peut décimer un vignoble. On doit préserver l’outil de production, derrière il y a une certaine réputation du Chablis. Il faut absolument maintenir le vignoble."