Depuis une dizaine d'années, la flavescence dorée, maladie qui fait mourir la vigne, augmente dans les domaines bourguignons. Origines, symptômes, implantations, moyens de lutte, etc. France 3 Bourgogne fait le point sur ce mal toujours "incurable".
Alerte sur les vignobles de Bourgogne ! C'est un triste record qu'a officialisé en janvier 2023 la Fédération régionale de lutte et de défense contre les organismes de Bourgogne Franche-Comté (Fredon BFC).
En 2022, les cas de flavescence dorée ont drastiquement augmenté dans la région. La flavescence dorée, ce nom vous est peut-être inconnu mais il est malheureusement présent depuis une dizaine d'années dans les têtes de nos vignerons. Cette maladie épidémique, provoquée par un insecte, la cicadelle, fait tout simplement mourir le vignoble. En 2022, 11 % des échantillons de pieds de vignes analysés étaient touchés par ce mal, contre seulement 0,9 % en 2017. Zoom sur ce fléau en pleine augmentation.
La flavescence dorée, d'où ça vient ?
Comme la plupart des maladies touchant le vignoble, la flavescence dorée trouve à son origine un phytoplasme, une toute petite bactérie. "Ce vecteur de contamination est arrivé dans les années 50 en Europe, depuis l'Amérique du Nord" explique Héloïse Mahé, responsable de la coordination technique au Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB).
Portée et propagée par de petits insectes, les cicadelles, la maladie atterrit dans le Sud-Ouest de la France dans les années 80 avant de toucher le Bordelais. La flavescence arrive finalement en Bourgogne en 2012. "Ce phytoplasme ne s'alimente que sur la vigne : la cicadelle contamine un pied lorsqu'elle mange la sève d'un cep. La propagation peut être très rapide. " précise Héloïse Mahé. Pour être précis, sachez que si rien n'est fait, le nombre de pieds contaminés peut être multiplié par 10 en un an.
Quels sont les symptômes d'une contamination à la flavescence dorée ?
Les symptômes diffèrent selon les cépages. "Sur des cépages rouges, le feuillage rougira. Sur du cépage jaune, on remarquera plutôt un jaunissement" analyse Héloïse Mahé. Dans tous les cas, on observe un enroulement des feuilles de vignes vers l'intérieur. Autre signe qui ne trompe pas, les sarments ne se changent pas en bois à la fin de l'été : ils restent verts, comme des végétaux. A tout cela s'ajoute des grappes de raisins qui se dessèchent, les rendant inexploitables.
Comment soigne-t-on cette maladie ?
Le problème est là : aujourd'hui, aucun remède efficace n'a été trouvé pour détruire la flavescence dorée. "C'est une maladie endémique, qui se propage très vite. La seule manière de stopper la contamination est d'arracher les ceps infectés", raconte la responsable de la coordination technique au BIVB. "Toute parcelle où plus de 20 % de pieds sont contaminés doit être complètement rasée. Mais tout cela a un fort coût économique pour le vigneron".
Les instances professionnels du secteur agissent donc sur la prévention. Héloïse Mahé : "Pour lutter contre cela, on a mis en place un plan de lutte reposant sur quatre piliers". L'arrachage donc, mais également la maîtrise de la bactérie par la projection d'insecticides. A cela s'ajoute la prospection : tous les viticulteurs d'une commune se réunissent pour passer dans chaque vigne avec un objectif : traquer les symptômes de la maladie. "La difficulté, c'est que c'est une opération lourde en temps, qui demande une formation et une attention à toute épreuve" complète Héloïse Mahé.
Dernier moyen de lutte : remettre en terre de jeunes plants, plongés avant cela dans des bains d'eau chaude. Le processus élimine les phytoplasmes présents dans le bois.
Qu'est-ce-qui explique cette forte augmentation de la flavescence dorée ?
Là aussi, la question reste malheureusement sans réponse. Raisons biologiques, climatiques, etc. Cette évolution de la maladie serait liée "à une combinaison de facteurs" selon le BIVB. "Comme dans toute situation épidémique, on a des effets de vague. On avait fortement diminué la pression avant 2018 et là, ça repart en hausse" reprend Héloïse Mahé.
Autre raison invoquée : l'arrivée d'un autre mal touchant la vigne et présentant les mêmes caractéristiques (sans le côté épidémique) que la flavescence dorée : la maladie du bois noir. Résultat, une confusion des symptômes qui aurait fait baisser l'importance réelle de la flavescence ces dernières années. Enfin, Héloïse Mahé parle "d'un possible relâchement dans les prospections".
Et l'avenir dans tout ça ?
Si Héloïse Mahé précise qu'avec la sécheresse, le gel et les autres maladies touchant le vignoble, "la flavescence dorée n'est pas la seule inquiétude des vignerons", elle admet que "si on baisse notre attention là-dessus, cela peut vraiment amener à des catastrophes et à la destruction de domaines ancestraux".
Le BIVB et les acteurs locaux et nationaux du secteur viticole mènent donc des recherches pour améliorer la lutte contre la maladie. "Pour l'instant, on n'a pas encore trouvé comment l'éradiquer. Mais on y croit, ce n'est pas impossible" promet la responsable de la coordination technique au BIVB.
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En attendant, les études scientifiques se concentrent sur l'amélioration des insecticides et de la prospection, en y intégrant notamment des aides technologiques et l'intelligence artificielle pour repérer plus facilement les pieds contaminés.