Trop de soleil tue le Poulsard, ce cépage typique du Jura qui est aussi le plus fragile de tous. Cette année, entre chaleur excessive et manque d’eau, il sèche sur pied. C’est ce que l’on appelle « l’échaudage », un phénomène inhabituel dans notre région.
Il y a encore quelques semaines, le cru s’annonçait exceptionnel. Mais les impacts conjugués du soleil et de la chaleur ont fait flétrir les grains du Poulsard, ou Ploussard pour les puristes. Un phénomène d’échaudage qui impacte 20 à 60% des grappes de ce cépage dans tout le vignoble jurassien.
Le soleil n’est plus l’ami des vignes
Renaud Bruyère est vigneron en bio à Pupillin, la capitale mondiale de ce cépage si fragile, et il est inquiet : 20% de ses grappes de Poulsard ont séché sur pied, ce qui est relativement peu par rapport à d’autres domaines, mais la chaleur revient en fin de semaine, et elle devrait durer.
« Les aléas climatiques se multiplient dans le vignoble du Jura depuis 2017, explique-t-il, et cette année en est encore une nouvelle illustration. Il y a eu le gel au printemps, la grêle cet été avec de gros dégâts sur certaines parcelles, et cette fois-ci, la sécheresse et cet échaudage qui ne posait pas trop de soucis jusqu’à il y a quelques années mais qui aujourd’hui est un véritable problème. Le soleil était jusque-là plutôt l’ami des vignes », conclut-il avec amertume.
On n’est pas habitués à ces problèmes liés à un ensoleillement trop fort, des températures trop fortes et des périodes de sécheresse.
Renaud Bruyère, vigneron
D’autres cépages menacés
Si la récolte du Poulsard semble bien compromise, d’autres cépages sont aussi en souffrance dans tous les vignobles jurassiens : « Les Chardonnay flétrissent », explique Frédéric Forêt, vigneron à Arbois. « Faute de pluie, il n’y pas de jus dans le raisin. Dans ces conditions, on n’envisage même pas de vendanger pour les Crémants ».
La pluie, c’est en effet tout ce qui pourrait encore sauver le millésime 2022. Mais elle n’est pas annoncée avant une dizaine de jours…