Gravement malade, la prévenue, âgée de 57 ans, n'était pas présente à son procès, ce mardi, au Tribunal de Belfort. La justice la condamne pour avoir administré à douze de ses collègues du service réanimation, à leur insu, des neuroleptiques, entre 2014 et 2019.
Elle est reconnue coupable d' "administration de substance nuisible à des professionnels de santé". En l'occurence, 12 aide-soignantes et infirmières, ses anciennes collègues du service réanimation de l'hôpital Nord Franche-Comté.
Deux ans de prison, avec sursis. Est ajoutée à cette peine l'interdiction définitive d'exercer l'activité d'aide-soignante. Une peine qui, compte-tenu de l'état de santé de la prévenue, convient aux parties civiles.
Il est de l'honneur de la France de ne pas incarcérer une femme en fin de vie. Nous, ce que nous souhaitions avoir, dès le départ, c'est une décision de culpabilité. Elle a été rendue, ma cliente est désormais reconnue en qualité de victime, c'est le principal.
Elle a reconnu lors de l'enquête avoir "seringué" les bouteilles de ses collègues "un peu au hasard" en salle de repos ou dans le réfrigérateur du service, sans parvenir à expliquer ses actes.
"Il est acquis que les victimes n'auront aucune réponse à leurs questions, car ses agissements sont inexplicables", a regretté le procureur Eric Plantier, avant de requérir trois ans d'emprisonnement avec sursis.
Entre novembre 2014 et juillet 2019, des membres du personnel soignant du service réanimation de l'Hôpital Nord Franche-Comté avaient ressenti de la fatigue et des somnolences lors de leurs tours de garde. Et, suspectant leur collègue, avaient installé un téléphone portable pour filmer le réfrigérateur où se trouvaient leurs boissons, comme l'avait révélé le quotidien régional L'Est Républicain.
Elles avaient ainsi filmé leur collègue en train de verser un liquide à l'aide d'une seringue dans leurs bouteilles. L'aide-soignante avait été exclue par la direction de l'hôpital qui avait déposé plainte. D’après le Parquet de Belfort, la prévenue aurait reconnu avoir « injecté régulièrement des produits neuroleptiques dans les bouteilles et les assiettes de ses collègues de travail ».
Mes clientes décrivent toutes les mêmes phénomènes: plus de jambes, des sueurs, elles n'arrivaient plus à garder les yeux ouverts, elles avaient des endormissement tellement profonds que personne ne pouvait les réveiller avant le matin
Il s'agissait de comprimés de Loxapine, un antipsychotique utilisé dans le traitement "des états psychotiques aigus et chroniques" et aussi de Tramadol, un antalgique. Leurs effets secondaires sont multiples : nausées, sueurs, faiblesse, confusion mentale...
Pour rappel, cette femme de 57 ans, mariée et mère de deux filles, est atteinte d'une tumeur cérébrale de stade 4. Selon les médecins, il ne lui resterait qu'entre 6 à 18 mois à vivre. Elle a exercé le métier d’aide-soignante toute sa vie avant d’être déclarée invalide du fait de sa grave maladie. Elle est actuellement en soins palliatifs à domicile après le diagnostic d’une tumeur cérébrale en octobre 2020.