Seuls trois candidats FN ont réussi à se qualifier pour le second tour des législatives qui se déroulera le dimanche 18 juin 2017 : Julien Odoul dans la 3e circonscription de l'Yonne, Jean-François Bathelier dans la 3e de Côte-d'Or et Pauline Vigneron, dans la 1ère de la Nièvre.
Au niveau national, le parti de Marine Le Pen a obtenu 13,9% des voix au premier tour des législatives. Un score qui peut lui permettre d'espérer 1 à 5 sièges à l'Assemblée nationale, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France. On est bien loin de l'objectif que s'était fixé le Front national au lendemain de la présidentielle.
Le FN en recul en Bourgogne aussi
En Bourgogne, le score est tout aussi décevant pour les militants et les sympathisants frontistes même s'il est un peu au-dessus de de la moyenne nationale. Dans notre région, le FN a obtenu 15,31% des suffrages.Le recul est impressionnant entre la présidentielle et ce premier tour des législatives : - 66% en Saône-et-Loire, - 59% en Côte-d'Or, - 59% dans la Nièvre et - 54% dans l'Yonne.
Trois candidats au second tour
Sur les quinze circonscriptions bourguignonnes, les candidats frontistes figureront au second tour dans trois d'entre elles.Au des pronostics, il y a un mois, la 3e circonscription de l’Yonne était la plus sûre chance de gagner un siège pour le Front national en Bourgogne. Marine Le Pen avait remporté 48,5% des suffrages au second tour de la présidentielle sur ce territoire du nord de l’Yonne. Et le candidat est loin d'être un inconnu : Julien Odoul est le patron du FN dans le département ainsi que conseiller régional. Mais finalement, il arrive en deuxième position derrière la candidate LREM Michèle Crouzet. Il a recueilli 25,61% des suffrages.
Tout dépendra désormais des reports de voix sur les deux candidats encore en lice. Michèle Crouzet, la candidate LREM de sensibilité centre-droit, n'a pas encore fait le plein des voix aussi bien à droite qu'à gauche. De nombreux électeurs pourraient vouloir faire barrage au FN. Ayant atteint son plafond de verre, Julien Odoul pourrait bien être battu dimanche prochain. Surtout si l'abstention reste aussi élevée : plus d'un électeur sur deux ne s'est pas déplacé.
Dans cette circonscription du sud de Dijon comprenant également Chenôve, Longvic, Quetigny ainsi qu'une portion plus rurale autour de Genlis, le frontiste Jean-François Bathelier s'est qualifié pour le second tour. Il a obtenu 17,23% des suffrages, ce qui le place en position de ballotage très défavorable. C'est déjà un morceau de bravoure de s'être hissé au second tour dans ce fief historique de la gauche.
Le score de Jean-François Bathelier est presque moitié moins élevé que celui de la candidate estampillée LREM, Fadila Khattabi, qui a conquis 32,01% des votants. Cette femme politique issue des rangs socialistes semble avoir un boulevard ouvert devant elle pour rejoindre le Palais-Bourbon tant les voix à gauche sont encore nombreuses. En ce premier tour des législatives, Boris Obama de la France Insoumise est arrivé en quatrième position avec 12,6% des voix. La députée socialiste sortante aujourd'hui divers-gauche Kheira Bouziane est cinquième avec 9,01% des suffrages. Enfin, la candidate officiellement investie par le PS Anne Dillenseger est sixième en remportant 5,99% des voix. On ne voit pas comment la victoire peut échapper à Fadila Khattabi.
Dans cette circonscription allant de Nevers à Cosne-sur-Loire, le fossé est encore plus important entre les deux qualifiées et les chances du FN sont encore plus minces.
Pauline Vigneron s'est bien hissée au second tour des législatives mais elle accuse un retard important. La candidate frontiste de 26 ans a recueilli 15,89% des voix alors que la candidate LREM Perrine Goulet a obtenu 34,78% des suffrages. Le réservoir de voix à gauche est extrêmement important : 12,99% pour le socialiste Gaëtan Gorce, 11,05% pour Marie-Claude Taurel de la France Insoumise, 4,39% pour François Diot pour le PCF ou encore 2,59% pour Sylvie Dupart-Mauzerelle d'EELV. L'issue semble déjà écrite.
Les raisons de ce revers
Depuis le changement de calendrier électoral, les législatives sont traditionnellement moins porteuses pour le parti qui a perdu la présidentielle. Sans surprise, la dynamique a joué pour les candidats macronistes, non pour les frontistes.L'électorat du Front national a tendance à se démobiliser plus entre la présidentielle et les législatives que d'autres électorats. Cela s'explique par la sociologie des électeurs : ils sont moins diplômés, moins intéressés par la vie politique passé le moment fort de la présidentielle.
Le Front national n'a pas présenté un visage très uni au niveau national, ce qui a pu troubler les candidats et les électeurs. Le départ de Marion Maréchal-Le Pen, la création de l'association "Les Patriotes" par Florian Philippot semblent autant de germes de divisions à venir. Marine Le Pen a, elle même, fait campagne a minima, ne faisant aucun déplacement en dehors des Hauts-de-France où elle brigue un siège.
Enfin, les ténors du FN expliquent que le scrutin majoritaire les défavorise. Ils réclament à cor et à cri l'instauration de la proportionnelle.