La déchéance de nationalité à peine enterrée, le gouvernement affronte ce jeudi 31 mars l'épreuve de la rue, avec une nouvelle mobilisation, que les syndicats organisateurs promettent "grosse", contre la loi travail jugée "toxique" pour les salariés.
Le mouvement s'annonce large: des préavis de grève ont été déposés à la RATP, SNCF, EDF, Air France, Total, dans le contrôle aérien et plus généralement dans la fonction publique, le commerce, la presse, les ports et docks, les casinos... Plus de 200 défilés, manifestations et rassemblements sont prévus un peu partout en France, selon le décompte de la CGT.
"De toute évidence, ce texte ne permettra pas les créations nécessaires d'emplois, généralisera la précarité et aggravera les inégalités professionnelles notamment envers les femmes et les jeunes", estiment les sept syndicats à l'initiative de la mobilisation (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL, UNL), promettant une "grosse" journée. Lors de la précédente mobilisation similaire, le 9 mars, plus de 200.000 personnes avaient défilé dans l'Hexagone (450.000 selon les organisateurs). Les sept syndicats menacent d'en organiser d'autres, afin de peser sur le débat parlementaire, qui commencera le 3 mai dans l'hémicycle.
En Bourgogne, beaucoup de manifestations sont prévues. A Dijon, elle débutera à 14h, place de la Libération, à Montbard à 17h, à Mâcon à 14h à la cité admnistrative, à Chalon à 14h30 rue du Parc, à Montceau à 15h, au Creusot à 15h devant l'Alto, à Autun à 17h30, dns l'Yonne à Sens à 10h30, à 13h30 à Auxerre place de l'Arquebuse, enfin dans la Nièvre, à Nevers.
Pas question de retirer cette réforme pour le gouvernement
Même réécrit, ce texte "reste toxique pour les salarié-es d'aujourd'hui et de demain", selon les sept syndicats. Vraisemblablement la dernière du quinquennat, cette réforme est également l'une des plus décriées, comme l'a été la loi Macron, qui a nécessité le recours à l'article 49-3 ou la révision constitutionnelle initiée après les attentats de novembre, que François Hollande a dû abandonner. Mais le gouvernement insiste: il n'est pas question de retirer cette réforme "intelligente, audacieuse et nécessaire", selon Manuel Valls. "Ce projet de loi vise justement à développer l'embauche, l'emploi durable", a ajouté mercredi la ministre du Travail Myriam El Khomri, disant "entendre les inquiétudes de la jeunesse".
Face à la grogne, jusque dans les rangs de la majorité, contre un texte jugé trop favorable au patronat et insuffisamment protecteur pour le salarié, le gouvernement est revenu sur certains articles (plafonnement des indemnités prud'homales, décisions unilatérales de l'employeur). Cependant, les critiques restent vives, comme l'ont montré les auditions de Mme El Khomri, du patronat et des syndicats mardi et mercredi en commission des affaires sociales.
Si un consensus se dessine entre plusieurs syndicats pour réclamer la réécriture de certains articles (licenciement économique, compte personnel d'activité, rôle de la branche), le patronat, lui, réclame un "retour à la première version du texte" et met en garde contre "tout nouveau recul". La ministre du Travail promet que le débat parlementaire va "enrichir" la réforme avec des propositions émanant "de droite et de gauche".