L'or blanc fait cruellement défaut en cette mi-janvier 2020 dans le Haut-Doubs et Haut-Jura. Un phénomène qui n'est pas rare certains hivers, et que l'on doit à une météo trop douce et anticyclonique actuellement. Explications.
L'absence de neige sur le massif jurassien inquiète les habitants, en réjouit certains, car c'est autant de voitures et de pares-brise à ne pas déneiger le matin !
Dans le Haut-Doubs, la page internet Le Haut Saugeais Blanc a même publié une alerte enlèvement. "Matière d'origine aqueuse de couleur blanche disparue depuis avril 2019, entraperçue furtivement mi-novembre et mi-décembre...". Et oui, la neige semble avoir oublié le calendrier hivernal et nos coordonnées GPS !
Pourquoi la neige fait-elle défaut ?
"Il n'y a plus de saison" chante Gauvain Sers dans son dernier album. Si l'on regarde les données de Météo France, on s'aperçoit que ce début d'hiver a été bien capricieux avec quelques rares épisodes de neige. Il a neigé mais très tôt pourtant. "Le 17 novembre, la neige est tombée à basse altitude jusqu'à 500 mètres avec une couche de 15 à 20 cm éphèmère" explique Bruno Vermot-Desroches, directeur de Météo France à Besançon. Puis il neigé en altitude le 9 décembre avec 20 à 50 cm au-dessus de 1.100 mètres. Cette neige a bien resisté sur les sommets du Risoux et du Massacre.
Mais en décembre, le temps a été très perturbé, pluvieux, venteux. "Il faisait trop doux pour que toutes ces précipitations se transforment en neige en dessous de 1300 m" explique Météo France. En dessous 1200 mètres, il n'y a plus rien, a pu constater Bruno Vermot-Desroches. Seuls, les sommets ont réussi en cette mi-janvier à garder le précieux manteau blanc, il reste 70 cm environ dans le Massacre, 50 cm à La Jaique au dessus de Chaux-Neuve.
"Depuis janvier, c'est plus anticyclonique, plus doux" ajoute Bruno Vermot-Desroches. Et aucune chute de neige n'est prévue dans les 10 jours à venir.
Des hivers sans neige ou peu, ce n'est pas la première fois
Par le passé, la neige a déjà fait faut bond durant les hivers. "C'est très caractéristique des zones de moyennes montagnes" explique Bruno Vermot-Desroches.
"On retrouve beaucoup d'exemples d'hivers peu enneigés à cette période de l'année : 2011, 1996, 1993, 1992, 1990, mais aussi une série de cinq hivers consécutifs de 1972 à 1976... et notamment celui de 1974-1975 bien enneigé en octobre, mais pratiquement sans neige de décembre à février, la neige ne revenant qu'à mi-mars" précise-t-il. Plus loin dans le passé, 1882, 1889, 1901, 1912 ont été très peu enneigés début janvier.
La neige aime plutôt le mois de février
Au cours des soixante dernières années, vers le 10 janvier, la fréquence d'observation de plus de 10 cm de neige au sol est de l'ordre de 50% à 900 mètres d'altitude, et de l'ordre de 70% à 1100 mètres.
"A 1100 mètres, l'absence de neige est un peu moins fréquente, mais cela arrive quand même trois années sur dix" explique Météo France Besançon..
Dans notre région et la massif du Jura, la période la plus favorable en terme d'enneigement est début février : la probabilité d'avoir plus de 10 cm de neige est alors de l'ordre de 60% à 900 mètres et de l'ordre de 80% à 1100 mètres.
"Le manque de neige vava aller en s'accélérant"
"Avec le changement climatique la durée de l'enneigement a diminué. A 900 mètres, on a perdu pratiquement 15 jours, passant d'une moyenne de 75 jours à 60 jours de neige au sol. Cela se traduit par une baisse de la fréquence de l'enneigement : on est passé de 55% autrefois à 50% aujourd'hui à 900 mètres d'altitude" lance Bruno Vermot-Desroches.
Le responsable de Météo-France rappelle que le réchauffement climatique laisse présager de futurs hivers moins blancs. "Cela va aller en s'accélérant. La montage descend de 1 cm par jour. En terme de climat, Chapelle des Bois qui est à 1100 mètres se situera dans 100 ans à une altitude 400 mètres inférieure" explique le météorologue. La neige ne sera peut être qu'un souvenir d'antan !