C'était un engagement de François Hollande. Reconstruire une prison à Lure en Haute-Saône. Ce mardi 16 octobre, les élus de Haute-Saône reçus à la Chancellerie ont vu leurs craintes se confirmer.
C'était la rencontre de la dernière chance. Le maire de Lure Eric Houley, les sénateurs Michel Raison et Alain Joyandet, le député LREM Christophe Lejeune se sont rendus à la Chancellerie pour plaider une dernière fois la cause de Lure.
Jugée vétuste et dangereuse pour les détenus et le personnel pénitentiaire, la prison de Lure avait été fermée en 2014.
En 2014, Christiane Taubira ministre de la justice avait donné son engagement à la reconstruction de la prison de Lure. Le Président de la République François Hollande en visite en 2015 en Haute-Saône s'y était lui aussi engagé.
La nouvelle prison de Lure ne figurera pas dans la nouvelle carte pénitentiaire 2022. Depuis plusieurs semaines, élus, comité de défense avaient senti le vent tourner.
C'est un coup dur pour Lure qui a déjà perdu plusieurs services publics. La petite ville de Haute-Saône a vu partir son régiment de dragons, le commissariat de Police. Côté médical, Lure a perdu sa maternité, ses urgences, la cardiologie et le service de chirurgie. Lure compte environ 8.700 habitants. Le maire va demander une réunion d'urgence avec la Préfecture pour demander des compensations.
"Le gouvernement Philippe n'arbitre pas en faveur d'un rééquilibrage de l'aménagement du territoire"
Le Sénateur de Haute-Saône dénonce ce reniement de l'Etat dans un communiqué dont voici un extrait :"C’est un reniement de la parole donnée au nom de l’Etat. François Hollande avait solennellement confirmé le projet luron à l’occasion du Comité interministériel aux ruralités organisé le 14 septembre 2015 à Vesoul. Et Emmanuel Macron était alors membre de son gouvernement.
« C’est la démonstration que le gouvernement utilise les vieilles ficelles politiciennes pour tenter d'expliquer une telle décision. Nous avions déjà eu à subir un argument technique fallacieux pour justifier la démolition de l’ancienne prison soit-disant menacée d’effondrement » rappelle Michel RAISON. Et il poursuit : « aujourd'hui, le projet de nouvel établissement est abandonné au motif que la future politique pénale, en cours d’examen au Parlement, sera tellement efficace qu'elle effacera demain le besoin de 8 000 places supplémentaires exprimé depuis de nombreuses années, tel un coup de baguette magique ».
Comme il le souligne, c’est finalement la démonstration que le gouvernement Philippe n'arbitre pas en faveur d'un rééquilibrage de l'aménagement du territoire. En concentrant tout dans les agglomérations, la haute administration fait des choix qui pénalisent systématiquement les territoires
ruraux et leurs populations. Ce sera donc le cas avec de grands centres pénitentiaires tels celui de Lutterbach près de Mulhouse alors qu’une autre approche était possible avec des centres plus petits, plus de proximité et favorisant la réinsertion."