"La mobilisation et les grèves vont reprendre" dans les hôpitaux, les soignants méfiants du mea-culpa d'Emmanuel Macron

Les annonces du Président de la République en visite le 15 mai à l'hôpital de la Pitié Salpétrière à Paris n'ont pas pleinement rassuré le monde médical. Du collectif interhôpitaux à l'AMUF, l'association des urgentistes de France, on évoque déjà de nouvelles actions.

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Les primes Covid-19 n'y feront rien. Le monde des soignants reste en colère. Et ce n'est pas la promesse d'une grande cérémonie le 14 juillet avec un hommage aux soignants et la remise de médailles à ces hommes et femmes qui ont combattu le coronavirus qui semble calmer les esprits.
  


Emmanuel Macron a dit vouloir "mettre fin" à la "paupérisation" des personnels soignants


Vivement interpellé vendredi 15 mai par des infirmières des urgences à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Emmanuel Macron a dit vouloir "mettre fin" à la "paupérisation" des personnels soignants et promis que l'Etat "sera au rendez-vous". Le Président a été interpellé, parfois vivement, sur le manque de moyens de l'hôpital public, les masques manquants ou défaillants.

Fin mars, Emmanuel Macron avait promis "un plan massif d'investissement et de revalorisation" pour l'hôpital à l'issue de la crise. Et annoncé une prime exceptionnelle de 500 à 1.500 euros, parue vendredi au Journal Officiel.

Le Président de la République est revenu sur la réforme du système de santé engagée il y a deux ans. On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée" car elle ne "portait pas assez de sens" et avait une "ampleur" et un rapport au temps "pas du tout suffisants compte tenu de l'état où était l'hôpital", a-t-il affirmé. "J'étais convaincu qu'on était en train de changer les choses" et "c'est très cruel pour moi-même", a-t-il ajouté, jugeant que "c'était une super stratégie mais à faire dix ans plus tôt".

Mais "je n'ai pas envie non plus qu'on revienne à l'étape d'avant", a souligné M. Macron, insistant sur l'importance de réorganiser l'hôpital public. C'est pourquoi "oui, on va investir", a promis le chef de l'Etat qui a affirmé avoir "demandé au ministre un travail express" de concertation, qui commencera la semaine prochaine avec les organisations syndicales.
 


Ils cherchent à nous endormir jusqu’aux vacances


Des annonces qui restent trop vagues pour certains soignants comme le Professeur du CHU de Besançon Laurent Thines, représentants du collectif inter-hôpitaux. "Ce n’est pas la première fois que l’on aura cru à une promesse d’embellie pour finir par être trahi. Il est vital de maintenir la pression mais nous savons que nous pouvons compter sur vous. Ne nous laissons pas endormir par ces belles paroles. Tout ce que semble dire Emmanuel Macron est incompatible avec le projet qu’il défend au nom des intérêts qui l’ont mis à cette fonction et qu’il représente.
En pratique, les projets de restructuration et de suppression de lits et de personnels se poursuivent: Saint-Etienne, Caen, Nancy ?... Ils cherchent à nous endormir jusqu’aux vacances…puis c’est l’été, puis la rentrée et on repart pour un tour …Y-en-a-marre ! A Besançon, nous allons organiser une grande manif de soutien à l’hôpital le jeudi 28 mai, si l’épidémie ne repart pas d’ici là"
comment le neurorchirurgien engagé depuis de longs mois dans le combat anti-armes LBD.

Le collectif inter-hôpitaux dit attendre désormais des annonces fortes et immédiates à commencer par des revalorisation des salaires.

Christophe Prudhomme est président de l'AMUF, l'association des médecins urgentistes de France. Il était un proche d'Eric Loupiac, le médecin urgentiste du Jura décédé fin avril du Covid-19 et dont la famille s'apprête à déposer plusieurs plaintes. Le médecin dénonce le flou artistitique des propos tenus hier par Emmanuel Macron. "Il annonce de nouveau un grand plan pour l'hôpital sans chiffrage et sans priorités clairement affichées. Comment croire ce discours le jour de la publication du décret sur la fameuse prime qui exclut de nombreux collègues et ne concerne pas tous les établissements au même niveau. Le Président aurait gagné en crédibilité si sa visite avait été l'occasion de dire qu'il s'était trompé et qu'il remplaçait immediatemment la prime unique par une augmentation de salaire mensuelle de 300 euros, comme nous le réclamons depuis un an. Nous pourrions ainsi ensuite engager des négociations pour revaloriser les grilles de rémunérations des différents métiers. Mais depuis que la crise diminue d'intensité, les fermetures de lits et les restructurations se poursuivent, les recrutements ne sont pas à l'ordre du jour et les directions redeviennent arrogantes et méprisantes avec les organisations syndicales. Sachez monsieur le Président que le temps des promesses est terminé. Nous savons bien que nous n'obtiendrons rien sans rapport de force. Alors la mobilisation et les grèves vont reprendre pour que nous obtenions enfin satisfaction sur nos revendications" écrit le militant sur sa page Facebook .


Les syndicats demandent 300 euros d'augmentation, une revalorisation des grilles de salaires


La CGT a demandé au Président qu'elle a pu rencontrer, "300 euros d'augmentation". La CFDT demande une "reconnaissance pérenne par la revalorisation de la grille salariale dans tous les métiers".

"Là on va attendre de voir si le gouvernement tient ses engagements, a averti Azzeidine Aissiou (CGT). Sinon la corde, qui est en train de craquer, elle va péter! Et dans la rue il n'y aura pas que des blouses blanches, mais tous ceux qui étaient sur les balcons", à applaudir le personnel tous les soirs à 20 heures.
           

      



 
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