Les années électorales sont redoutées par les entreprises de travaux publics. Baisse des commandes et incertitudes sur les chantiers à venir sont autant de difficultés à appréhender. La fédération régionale tente donc de sensibiliser les candidats à la nécessité d'investir.
Les élections municipales de mars 2020 approchent, et en même temps que le lancement des campagnes, une période délicate a débuté pour les entreprises du secteur des travaux publics. Car si les promesses fleurissent, l'heure n'est plus aux réalisations.
"Certains élus veulent éviter les nuisances aux riverains et réduisent le nombre de chantiers en cette période d'élections, constate Xavier Lugand, directeur de l'entreprise SNCTP. Mais surtout les projets de la mandature arrivent à leur fin, donc les élus qui ne se représentent pas forcément n'ont pas toujours lancé des chantiers cette année. Et les nouveaux risquent d'attendre de faire un inventaire avant d'en lancer de nouveaux."
70% de commande publique
Des décisions aux conséquences d'autant plus importante que le secteur dépend à 70% de la commande publique. "Nous craignons les cycles électoraux, confirme Jean-Pierre Dauge, secrétaire général de la Fédération régionale des travaux publics Bourgogne - Franche-Comté. A chaque fois cela constitue un trou d'air pour la profession. Nous sortons d'un marasme économique de quelques années, les entreprises ont commencé à renouer vaec une activité satisfaisante depuis deux ans. Ce nouveau cycle est générateur de craintes."
Les travaux publics emploient près de 9400 personnes en Bourgogne - Franche-Comté. Des effectifs qui dépendent du travail à réaliser. "La vraie difficulté du secteur c'est la linéarité, c'est-à-dire maintenir un carnet de commande constant sur l'ensemble de l'année", estime le responsable de la fédération.
Les intercommunalités premiers décideurs
Bémol supplémentaire, la période d'incertitude risque bien de se poursuivre au-delà des deux tours des 15 et 22 mars. Car avec le transfert des compétences vers les intercommunalités, les centres de décision ont changé. "Nous allons devoir attendre un ''troisième tour'', avec la mise en place des délégués communautaires. Ce sont eux les décideurs économiques majeurs de notre profession", analyse Jean-Pierre Dauge.
La fédération régionale tente donc de sensibiliser les candidats à la nécessité de faciliter les périodes de transition entre les mandats, et de maintenir l'investissement public. Elle insiste aussi sur les travaux moins "vendeurs" que de grands projets, mais tout aussi nécessaires : renouvellement des réseaux d'eau et d'assainissement, éclairage public... Le coeur de métier des travaux publics.
Le reportage d'Emmanuel Pinsonneaux, Anthony Capra, Vincent Chapuis et Pascal Rondi :
Avec :
- Xavier Lugand, Directeur SNCTP
- Jean-Pierre Dauge, Secrétaire général Fédération des Travaux Publics BFC