En zone rurale, il est de plus en plus difficile pour les bars et restaurants de trouver un repreneur. Conséquence, certains sont obligés de mettre la clé sous la porte quand l'heure de la retraite arrive. C'est le cas du Relais des Chasseurs, à Azy-le-Vif (Nièvre), une institution locale.
Jacky El-Hani s'affaire en cuisine pour l'un de ses derniers services. Vendredi 1er septembre, après 45 ans de carrière, il sera officiellement en retraite. "C'est un crève-coeur de fermer, soupire-t-il. Mais j'ai dépassé les 66 ans, et je ne peux malheureusement pas continuer éternellement."
Après des mois sans trouver de successeur, le voilà donc contraint de fermer son établissement. Aucune piste n'a abouti, alors qu'ici, à Azy-le-Vif, "Au Rendez-vous des chasseurs" (ou Relais des chasseurs, comme disent les habitués) est une institution, avec près de 40 couverts tous les midis.
Pour les habitués, difficile de voir disparaître du jour au lendemain le seul commerce du village, lieu d'échanges et de rencontres.
"On ne retrouvera jamais ça"
Un fidèle client, très ému
"C'est certain que ça va nous manquer, sourit cet habitué accoudé au comptoir. D'autant qu'on y mange très bien, on est très bien accueillis. On ne pouvait pas être mieux !". A ses côtés, un autre client, les larmes aux yeux. "C'est une grosse perte, pour tous ceux qui sont ici. On ne retrouvera jamais ça, dit-il des sanglots dans la voix. Cela va laisser un grand vide... on est tristes".
En salle, c'est Pascale El-Hani qui assure l'accueil des clients. Les sentiments sont mêlés. "On est quand même contents d'arrêter, car ça fait 19 ans qu'on bosse quand même. D'un autre côté, on ne va plus voir nos clients. C'est difficile, on est dans un village. Il n'y a rien ici, il n'y a que nous".
140 000 euros pour racheter les murs et le fonds de commerce
Car aux alentours et dans la campagne nivernaise, les panneaux "à vendre" ou "fermé" se multiplient sur les bars et restaurants. Un problème de démographie, de manque d'attrait pour les métiers de la restauration. Et de coût pour se lancer dans un tel projet. "Le premier frein, c'est d'avoir l'argent nécessaire pour reprendre l'affaire, assure Patrick Dangelser, le président de l'UMIH dans la Nièvre. Il faut aussi que les banques suivent, et c'est souvent le problème. Si vous n'avez pas à peu près 30% d'apport, la banque ne suit pas."
A Azy-le-Vif, il faut compter 140.000 euros pour racheter les murs et le fonds de commerce du Rendez-vous des Chasseurs. Tous espèrent qu'un repreneur se fera connaître dans les prochaines semaines, pour prolonger l'aventure.