En 2024, la Préfecture de la Nièvre a recensé 21 attaques pour lesquelles la responsabilité du loup n'est pas écartée, soit près de deux fois plus par rapport à 2023. Les agriculteurs et la FDSEA demandent la mise en place de mesures supplémentaires de protection.
Le 16 août, Matthieu Moreau part pour le week-end, "le seul" depuis le début de l'année. Il part le vendredi matin, en pensant à vérifier une dernière fois si ses moutons vont bien. Le lendemain, son beau-père l'appelle depuis son exploitation, située dans le Sud-ouest du département, à Saint-Parizé-le-Châtel. Et là, c'est l'horreur.
"Il m'a dit que c'était l'hécatombe. 10 à 15 brebis ont été retrouvées mortes. On ne savait pas du tout si c'était le chien, ou le loup." explique-t-il. Ils appellent l'Office Française de la Biodiversité (OFB), et rapidement, ils se rendent compte qu'il s'agit d'une prédation. "On a déjà eu des dégâts de chiens errants. Cela n'a rien à voir."
"Aucune brebis n'était blessée. Elles ont été prises une seule fois au cou. Mâchoire serrée, terminée," ajoute-t-il. Ce n'est pas le seul agriculteur à avoir subi ces attaques. Depuis plusieurs semaines, les prédations, mode de recherche alimentaire du loup qui consiste à capturer une proie vivante et à l'ingérer, se multiplient dans le département.
En 2024, la préfecture a recensé 21 attaques dans laquelle la responsabilité du loup n'a pas été écartée. C'est presque deux fois plus par rapport à 2023, puisque onze prédations ont été dénombrées.
Une violence inédite
Emmanuel Bernard, président de la FDSEA de la Nièvre, estime qu'un autre facteur sépare ces deux années. "À chaque fois, plusieurs brebis, des dizaines, voire même 22 ont été tuées. Ça aussi, c'est une surprise. Des attaques d'une violence inédite, c'est une surprise pour nous !" lance-t-il.
Comment peut-on expliquer cette recrudescence du nombre de prédations dans le département ? Pour l'heure, deux versions s'affrontent. La préfecture n'a pas pu infirmer ou confirmer la présence permanente du loup dans la Nièvre, estimant qu'il ne pouvait pas répondre à cette question.
De son côté, la FDSEA assure que le loup est présent dans le département : "Un piège photo l'a photographié deux fois dans le secteur où il a attaqué," lance Emmanuel Bernard. Le syndicat agricole demande donc à ce que la réglementation sur ce prédateur soit revue. "Il n'a pas sa place dans la Nièvre."
"On devrait pouvoir traquer le loup, et non pas juste défendre un troupeau, surtout quand il est déviant. Il faut des lunettes nocturnes, plus de deux tireurs..." De son côté, le préfet a pris deux arrêtés de tirs de défense sur des parcelles touchées. Il incite les éleveurs à la plus grande prudence. Un comité départemental de suivi est convoqué le 16 septembre.