Ce jeudi 22 août 2024, deux brebis sont mortes suite à une attaque de troupeau à Villeneuve-en-Montagne (Saône-et-Loire). L'éleveuse de la bergerie de la saugerie dénonce une énième attaque du loup et exprime son énervement contre la présence du prédateur en Bourgogne.
C'est avec désarroi qu'Emilie Magnin, éleveuse à la bergerie de la saugerie à Villeneuve-en-Montagne, constate que deux brebis sont mortes au petit matin de ce jeudi 22 août. "Encore et toujours les mêmes scènes d'horreur, une brebis avec la trachée broyée, les flancs ouverts, la mamelle consommée... et une agnelle avec la trachée sectionnée, morte dans la matinée" déplore-t-elle dans un message sur les réseaux sociaux.
Une dixième attaque de troupeau en un an
En 2023, le troupeau de la saugerie a déjà été victime de neuf attaques entre juillet et décembre. Une situation qui peut décourager plus d'un éleveur ou comme le souligne Emilie Magnin, "si on veut qu’il y ait des jeunes qui s’installent et faire perdurer l’élevage, il va falloir faire quelque chose. Maintenant, quand vous faites de l’élevage, vous ne partez pas l’hiver car c’est la saison d’agnelage mais maintenant, vous ne prenez plus de vacances l’été car il faut rentrer les bêtes le soir à cause du loup. On est esclave de notre travail à cause du loup".
Pour elle, c'est une aberration d'enfermer les brebis la nuit pour les protéger du loup : "C’est à l’envers de la façon dont les animaux doivent se nourrir, de la façon dont on doit travailler. Aujourd’hui, on a des pâtures mais on ne peut pas mettre nos bêtes. C’est ça qui me met en colère. On prône une agriculture naturelle, mais à ce jour, avec le loup, les animaux qui se nourrissent à l’herbe, c’est plus possible".
Si on veut qu’il y ait des jeunes qui s’installent et faire perdurer l’élevage, il va falloir faire quelque chose
Emilie Magnin, éleveuse de brebis
L'autorisation des tirs de défense est trop contraignante
Le loup est une espèce strictement protégée en France depuis 1994. Des dérogations à la protection stricte du loup ont été prévues sous conditions. Mais pour l'éleveuse d'ovins, ces conditions sont trop contraignantes et non adaptées à notre territoire. "Pour demander un tir de défense simple, il faut que les animaux soient protégés, soit dans des filets de protections ou il y a peu d’espace pour bouger ou une clôture électrifiée".
"Cette dernière solution est contraignante car l’entretien demande un travail énorme. Ça nous retarde dans notre activité d’élevage. Demander le tir de défense simple, c’est contrainte sur contrainte, pour rentrer dans des cases".
"Je ne suis pas pour l’éradication de l’espèce du loup"
L'éleveuse tient à préciser qu'elle n'est pas contre l'éradication du loup en France. Mais elle pense que "le loup a sa place dans des espaces de montagne, loin de l’activité humaine. Je ne suis pas pour l’éradication de l’espèce du loup. Le problème, c’est que la réglementation est faite pour des régions d’alpage qui n’est pas transposable dans nos territoires. En Saône-et-Loire, en plaine, on n’a pas besoin de loups".