Le Morvan est devenu une terre d'expérimentation pour les voitures autonomes grace à un projet mené pendant plusieurs mois à Nevers. Il s'agit de savoir si les personnes âgées ou isolées sont prêtes à voyager dans un véhicule sans chauffeur. Une initiative qui pourrait résoudre les problèmes de mobilité dans les milieux ruraux.
Le Morvan, terre d'innovation ? Un projet novateur a été mis en place entre le laboratoire Drive de l’Isat (Institut supérieur de l’automobile et des transports) et la société nivernaise Davi, spécialisée dans l'intelligence artificielle, avec la collaboration du Pays Nivernais Morvan. L'objectif était de mener une étude sur les futurs usages des véhicules autonomes en milieu rural pour apporter du service aux personnes âgées ou isolées.
C'est quoi une voiture autonome ?
Les voitures autonomes sont des véhicules automatisés qui peuvent rouler sans conducteur. Elles utilisent une combinaison de capteurs, d’algorithmes et de systèmes de communication afin de détecter les obstacles, évaluer les situations de conduite et prendre des décisions en conséquence. Il existe cependant plusieurs degrés d'autonomie des voitures automatisées. Certaines d'entre elles se contentent d'assister le conducteur tandis que d'autres sont pleinement autonomes.
Des premiers tests dans le Morvan
Le laboratoire Drive, en collaboration avec la société Davi, a donc mis en place le projet Simva (Simulateur pour véhicule autonome) qui vise à tester un système de simulation d’un véhicule autonome en milieu rural. "Il fallait évaluer l’acceptabilité des personnes éloignées de la conduite, soit des gens sans permis ou des personnes âgées. Dans un milieu urbain, ça pose moins de problèmes car il y a un réseau de transports en commun et des distances plus courtes à parcourir. Dans le milieu rural, les distances sont plus grandes et la densité des réseaux est différente" explique Philippe Brunet, enseignant chercheur à l'université de Bourgogne.
On aime imaginer ce que les technologies pourraient apporter dans les milieux ruraux qui se désertifient
Yannick GérardResponsable recherche et développement chez Davi
À travers une enquête de terrain approfondie réalisée par un laboratoire de psychologie (Psy Drepi) et l'utilisation d'un simulateur de conduite installé à l'Isat, le projet cherche à comprendre les attentes, les inquiétudes et l'acceptabilité des véhicules autonomes chez les habitants des régions rurales.
La mobilité dans les espaces ruraux est un réel enjeu
La société Davi, qui compte 25 collaborateurs installés principalement dans la Nièvre, est spécialisée dans l'intelligence artificielle conversationnelle et émotionnelle. Elle était en charge de mettre une interface en place, un avatar sur un écran qui était là pour apporter des réponses à l’utilisateur.
"On a la volonté d’utiliser la technologie dans le domaine rural, on est installé dans la Nièvre. On aime imaginer ce que les technologies pourraient apporter dans les milieux ruraux qui se désertifient, en particulier sur la mobilité. La plupart des expériences qui ont été faites sur le véhicule autonome sont faites en ville ou sur les autoroutes. Des lieux qui sont très cadrés. Mais on oublie toujours les usages et les besoins dans la ruralité" explique Yannick Gérard, responsable rechercherche et développement chez Davi.
Il y a une vraie envie de la part des personnes âgées. L’appétence pour ce type de service est très forte
Yannick GérardResponsable recherche et développement chez Davi
Les testeurs étaient mis face à plusieurs situations : un trajet sans encombre, un accident ou des conditions météorologiques qui forçaient le véhicule à s'arrêter. "Suivant le niveau d’informations, l’avatar anticipait les questions, répondait aux questions ou bien ne réagissait pas. Le but de cette mise en situation était de voir le niveau de confiance dans les véhicules autonomes", développe Philippe Brunet.
Les résultats sont globalement positifs, les gens ont tendance à faire confiance et sont enclins à utiliser cette technologie. "Il y a une vraie envie de la part des personnes âgées. L’appétence pour ce type de service est très forte", observe Yannick Gérard. "Les résultats obtenus contribuent à façonner l'avenir de la mobilité en rendant les véhicules autonomes accessibles et sécurisés pour tous, quel que soit le lieu de résidence".
Des tests en condition réelle difficiles à mettre en place
La question de faire des expérimentations réelles se pose. La réelle difficulté est d’avoir une route qui au niveau de la législation permette de tester un véhicule autonome. "Pour le moment, ce n’est pas le cas en France, il n’y a que des espaces d’expérimentation. Pour la réalisation en réel, c’est très encadré et les routes tests sont dans des milieux urbains", temporise Philippe Brunet.
Les voies où la conduite autonome est autorisée sont en pratique assez rares, puisqu’il est nécessaire qu’elles soient interdites aux piétons, aux vélos et autres véhicules sans permis. En outre, activer la conduite automatisée n’est autorisé qu’à une vitesse de 60 km/h maximum. La concrétisation d'un service de voiture autonome pourrait se concrétiser d'ici quinze à vingt ans.