Le 26 janvier 2023, un premier avion décollait de Dijon pour Nevers, avec à son bord huit médecins du CHU. Le but : désenclaver la Nièvre en la rendant plus accessible aux soignants.
C'était il y a deux mois : jeudi 26 janvier s'envolait le premier vol de "flying doctors", une formule trouvée par le maire de Nevers Denis Thuriot. À son bord, huit médecins (cardiologue, pneumologue, généralistes, gynécologue...) de l'hôpital de Dijon, pour exercer à la journée à l'hôpital de Nevers. Une façon de désenclaver la région, victime de la désertification médicale.
Deux mois plus tard, le service fonctionne toujours avec un vol par semaine, tous les jeudis. "On a des médecins qui viennent toutes les semaines, d'autres tous les 15 jours ou une fois par mois", explique le maire de Nevers à l'initiative de cette opération, Denis Thuriot. Pour l'instant, le pont aérien tourne avec une vingtaine de médecins par mois.
5 700 euros aller-retour
Coût de l'opération : environ 5 700 euros par vol, aller-retour. "C'est financé par l'hôpital, mais contrebalancé par plusieurs choses", estime le maire de Nevers. D'abord, "les interventions qui rapportent des sous à l'hôpital de Nevers. Par exemple, un chirurgien a pu pratiquer une opération dès qu'il est arrivé. Un pédiatre a réalisé 30 consultations en une journée. Ce sont des rentrées d'argent pour l'hôpital."
De plus, Denis Thuriot considère que ces vols ne coûtent pas fondamentalement plus cher que les salaires des médecins intérimaires, "une pratique scandaleuse par ailleurs", juge le maire. Ces médecins, non salariés par l'hôpital, se déplacent à la journée et sont payés plus de 1000 euros brut pour 24 heures (à ce sujet, lire cet article sur les médecins intérimaires à l'hôpital de Château-Chinon).
Davantage de vols dans les prochains mois ?
Pour l'instant, le pont aérien continue de fonctionner de façon hebdomadaire, mais il pourrait se développer en fonction des besoins. En janvier, Denis Thuriot évoquait la possibilité de transporter des civils à bord des avions. Cette réflexion est toujours en cours.
"On pourrait garder le vol du jeudi, mais l'avion Dijon-Nevers pourrait déposer les médecins et en échange ramener des Neversois à Dijon dans la matinée, puis même chose dans l'autre sens pour le vol du soir. Mais il ne faut pas que l'on fasse ça avec l'argent public." Le maire a lancé une consultation auprès des collectivités et d'entreprises pour savoir s'il y aurait des candidats.
"On va pouvoir relancer SOS Médecins"
"L'engouement médiatique autour des "flying doctors" a par ailleurs attisé l'intérêt d'autres médecins", se félicite Denis Thuriot. "On a un chirurgien qui arrive de Strasbourg pour s'installer à Nevers." Lui n'aura donc pas besoin du pont aérien, mais la situation médicale dans la Nièvre lui a donné envie de venir sur place. Ce médecin doit arriver d'ici quelques jours.
L'hôpital de Nevers espère aussi récupérer un dermatologue. Surtout, "on va pouvoir relancer SOS Médecins", se réjouit le maire. "Nous avons des internes sur place pour assurer les consultations, et ils seront aidés de trois ou quatre médecins venus de Dijon avec le pont aérien." Les derniers détails de ce nouveau service sont encore en cours de peaufinage, mais on en saura plus d'ici la mi-avril.
► Par la route, il faut environ 3 heures pour rallier Dijon à Nevers. La ligne de train, elle, s'arrêtera de fonctionner pendant huit mois à partir de juillet 2023 pour travaux.