Dans la Nièvre, l'hôpital de Château-Chinon craint de perdre ses médecins intérimaires avec la loi Rist

Alors que l'établissement hospitalier de Château-Chinon s'alarme depuis plusieurs années du manque de médecins nécessaires à son bon fonctionnement, la loi Rist - qui entrera prochainement en vigueur - risque de sérieusement limiter son recours à l'intérim. Face à une situation qui s'annonce complexe, l'hôpital décide de faire appel à la réserve sanitaire pour assurer la continuité des soins de ses services, déjà fort mal en point.

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Cela fait plusieurs années que l'hôpital de Château-Chinon sonne l'alarme au sujet de son manque de médecins, mais rien à faire, il est toujours très difficile pour l'établissement hospitalier de recruter le personnel médical dont il a besoin.

Le recours à l'intérim, essentiel pour l'hôpital

Alors, pour combler ce déficit de main d'œuvre, l'hôpital fait régulièrement appel à deux intérimaires, qui ne souhaitent visiblement pas être recrutés. En effet, ils y perdraient les nombreux avantages liés à l'intérim : la souplesse de travail et la rémunération, souvent très attractive. Mais avec l'entrée en vigueur de la loi Rist, le 3 avril prochain, qui plafonnera les indemnités de garde des médecins intérimaires à 1170 euros bruts par 24 heures, l'hôpital de Château-Chinon risque de se retrouver rapidement en déficit de main d'œuvre.

L'hôpital de Château-Chinon fait appel à la réserve sanitaire

Dans ce contexte et afin de se mettre en conformité avec la future loi, Yannick Chartier, le directeur par intérim des hôpitaux du Morvan, a demandé à l'ARS de pouvoir bénéficier de la réserve sanitaire. À la demande initiale qui évoquait le besoin de deux médecins sur deux mois pour l'hôpital de Château-Chinon, la réserve sanitaire en a accordé un seul, pour seulement une semaine.

“La réserve sanitaire m’a appelé le 29 mars pour me dire qu’on aurait un médecin qui viendrait nous aider." Une maigre consolation pour le directeur par intérim.

“Avec un seul médecin, c’est compliqué de lui demander d'assurer les week-ends et les astreintes. Avec deux médecins, on arrive à tuiler pour le bon fonctionnement sur service. Mais bon, on trouvera bien une organisation différente…”

Yannick Chartier

directeur par intérim des hôpitaux du Morvan

La loi Rist devrait contraindre les intérimaires à s'implanter

La mise en application de la loi Rist va demander certains ajustements à l'établissement hospitalier de Château-Chinon, qui demande un délai de deux mois à l'Agence Régionale de Santé pour se mettre en conformité.

Yannick Chartier espère que ce plafonnement des rémunérations sera l'occasion d'un échange constructif avec les deux médecins intérimaires.

"Cette nouvelle loi va bouleverser le marché."

Yannick Chartier

directeur par intérim des hôpitaux du Morvan

"Tous ces médecins qui fonctionnent en électrons libres et qui ne sont pas forcément attachés à un établissement vont bien devoir retrouver un point de chute pour travailler, ou bien accepter de continuer en intérim avec un niveau de revenus différent.”

Des syndicats inquiets sur les effets de cette loi

Pour Brigitte Belhache, déléguée syndicale CGT, le problème réside dans l'état de délabrement du système de santé. Trop de lits sont fermés à l'hôpital de Château-Chinon et la médecine de ville ne cesse de leur envoyer les patients qu'elle ne peut prendre en charge.

"La loi Rist ne va faire que sérieusement compliquer notre recours aux intérimaires et ça risque d'être vraiment problématique."

Brigitte Belhache

déléguée syndicale CGT

Elle réclame une table ronde avec tous les acteurs pour une meilleure organisation et plus de moyens. "L'hôpital, ce n'est pas une usine. Ça coûte, tout comme la bonne santé des gens."

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