Depuis un an, le monde culturel est à l'arrêt. Environ 300 personnes se sont rassemblées à Nevers ce samedi 5 mars : artistes, intermittents ou simples citoyens, pour demander plus d'attention de la part de l'Etat et une réouverture des lieux culturels.
Le monde culturel souffre de la fermeture des lieux culturels : spectacle vivant, danse, chant, théâtre, tous les acteurs culturels sont en difficulté.
Un spectacle éphémère pour manifester
Jouer, chanter, danser, les manifestants ont retrouvé quelques minutes le plaisir d'un moment de spectacle.
Ils sont acteurs culturels et se sont rassemblés pour faire entendre leurs difficultés depuis un an.
Comme l'explique Alice Perrin-Delachaume, artiste et professeur de chant : "La chose la plus compliquée, c'est de ne pas pouvoir se projeter, de n'avoir aucune direction et de savoir dire si demain on va pouvoir monter sur scène, si on va pouvoir créer un nouveau projet pour l'emmener dans deux mois trois mois sur scène. En fait c'est cette incertitude qui fait que c'est compliqué au quotidien, et qu'on n'arrive vraiment pas à se projeter."
Les petites structures à la peine
Les artistes et directeurs de salle sont dans l'incompréhension face aux fermetures totales et aux possibles limites d'affluence qui handicapent les petites salles.
Beaucoup se disent prêtes à rouvrir, mais pas à n'importe quel prix.
Comme le précise Katell Desnos, directrice artistique de théâtre : "Le problème s'il y a distanciation sociale, dans les petits lieux, financièrement ce n'est pas possible[...] On essaie de se rassembler le plus souvent, de modérer pour que ce soit un choix politique de réouvrir les salles. Nous on n'en peut plus, les artistes n'en peuvent plus et les gens n'en peuvent plus."
Un signe politique attendu par les acteurs culturels
Tous attendent un signe politique pour redémarrer leur saison et envisager sereinement les festivals de l'été. Depuis des mois, ils planchent sur des scénarios de reprise, inspirés des mesures imposées à l'automne. La volonté de réouvrir est bien réelle, et aussi tout à fait possible, au moment où le signal sera donné.
Vincent Morel, directeur de festival, explique l'expérience acquise durant les quelques mois de réouverture l'année dernière : "Que ça soit dans les festivals, les salles de concert, les musées, les cinémas, on peut rouvrir demain matin. Ce qu'il faut, c'est qu'on ait l'autorisation et que l'on puisse mettre en place les protocoles sanitaires qu'on a déjà éprouvé ces derniers mois, et ça, on sait le faire.[...] Il manque une décision politique, et une volonté politique de faire cela dans le respect et la compréhension d'une situation sanitaire. On ne fait pas comme si on comprenait pas la situation sanitaire, comme si elle nous échappait, on est conscients qu'elle existe. Néanmoins on peut vivre avec, on peut retrouver des moments de culture, tant bien même qu'il y ait une contamination qui reste élevée aujourd'hui."
Pour l'heure, aucune date de reprise n'a été évoquée par le ministère de la Culture.
Il faudra attendre encore plusieurs semaines pour envisager un allègement des mesures sanitaires qui pourrait permettre la réouverture des salles de spectacles.
Le reportage de Rémy Chidaine et Sophie Hémar
Intervenants :
- Alice Perrin-Delachaume, artiste et professeur de chant
- Katell Desnos, directrice artistique du Théâtre du Bonimenteur
- Vincent Morel, directeur de festival et conseiller municipal (EELV) à Nevers