À Saint-Parize-Le-Châtel (Nièvre) se trouve la toute première unité de production d'hélium d'Europe de l'Ouest. Le site a été inauguré ce mercredi 11 septembre. S'il en est encore au stade expérimental, il pourrait à terme combler jusqu'à 15% des besoins du pays.
Cela paraissait fou il y a cinq ans. Et pourtant, la première unité de production d'hélium en Europe de l'Ouest se trouve bel et bien dans la Nièvre. C'est l'entreprise 45-8 energy qui est à l'origine de cet ambitieux projet. Selon la société, "c'est une région connue depuis l’Antiquité pour abriter des sources carbo-gazeuses exploitées initialement pour du thermalisme puis comme eaux minérales."
Des travaux de recherches avaient débuté quelques années plus tôt, près de Saint-Parize-Le-Châtel. Les résultats se sont montrés prometteurs avec un fort potentiel en hélium, rejeté avec du gaz carbonique par la faille de Saint-Parize, bien connue des géologues.
C'est pourquoi une demande de permis exclusif de recherche (PER) a été déposée en septembre 2019, et validé en juin 2021 par le Ministère de la Transition Écologique. Elle concerne une zone de 251 km2 au sud de la Nièvre. Ce permis, avec une validité de cinq ans, garantit l’exclusivité à l’entreprise. Lorsque le potentiel de la zone a été validé, la construction de cette unité de production a été amorcée.
"Il y aura des retombées énormes"
45-8 aurait trouvé un bon filon puisque le site de Saint-Parize-Le-Châtel pourrait combler jusqu'à 15% des besoins du pays. "Si on valide l’étape du test et qu’on passe à l’échelle industrielle, il y aura des retombées énormes. Avec l'hélium, on va capter du gaz carbonique, qui est en pénurie en France au niveau industriel", explique Camille Sigu, responsable de la communication.
On peut dire qu’on a trouvé une mine d’or.
Camille Siguresponsable de la communication à 45-8 energy
Cette nouvelle unité de production est également une très bonne nouvelle pour Saint-Parize-Le-Châtel et le territoire. "Ce sera un surplus économique pour le département et la commune. On va devoir embaucher. On a fait une étude en 2021, pour un emploi direct chez nous, deux seront créés. L'hélium est une ressource très stratégique. On s'attend à créer un pôle industriel, avec l'arrivée de nouvelles entreprises sur le site."
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Le premier site en France
Pour rappel, l'hélium est le deuxième élément le plus présent dans l'univers après l'hydrogène, mais il est extrêmement rare sur terre. L'Europe de l'Ouest importe la totalité de sa consommation, mais cela a un coût énergétique et environnemental extrêmement important.
Avoir son propre gisement en France pourrait être donc fortement avantageux. "On va gagner en souveraineté nationale et européenne. Aujourd’hui, on importe 100% de nos besoins. L’hélium est un gaz très léger trouvé dans le sous-sol à l’état gazeux. Il est importé des États-Unis, du Qatar… Ce sont de longues distances, donc pour contenir la molécule, on va devoir liquéfier l’hélium, ce qui demande énormément d'énergie. Quand il arrive sur le sol, on est obligé de gazéifier à nouveau la molécule", souligne Camille Sigu.
L'hélium est essentiel dans le secteur médical et notamment pour les IRM et la cryogénie. On s'en sert aussi dans l'industrie de pointe, pour la fabrication d'écrans LCD et de fibre optique, de semi-conducteurs pour les téléphones, mais aussi dans le domaine aérospatial. "On utilise également l'hélium pour la plongée, dans la soudure ou dans les laboratoires de recherche. Le grand public ne le sait pas, mais il est partout dans notre quotidien."