La Nièvre pourrait-elle alimenter en partie la France en hélium ? 45-8 Energy, une entreprise basée à Metz (Moselle), le croit et va lancer, d'ici quelques mois, une première opération d'extraction du gaz à Saint-Parize-le-Châtel.
Le pays de l'or incolore. Qui aurait cru que les sols de Saint-Parize-le-Châtel recelaient l'un des gaz les plus rares et chers au monde ? Sous les terres de cette commune de 1 200 âmes, tout au sud de la Nièvre, reposerait en effet une quantité d'hélium suffisamment importante pour lancer la production industrielle la plus importante d'Europe.
L'entreprise à la manœuvre, 45-8 Energy, croit dur comme fer au potentiel de ces terres nivernaises. D'ici trois mois, en juin, elle va débuter la construction d'une "unité de production pilote". "C'est une unité bien moindre que pour une production industrielle", explique Camille Sigu, responsable communication de la société basée à Metz, en Moselle. "Cela va nous permettre avant tout de valider la viabilité du projet."
Pour rappel, l'hélium est essentiel dans le secteur médical, pour les IRM notamment, ou pour la fabrication d'écrans LCD et de fibre optique. S'il s'agit de l'élément le plus présent dans l'univers après l'hydrogène, il est extrêmement rare sur Terre. L'Europe de l'ouest, par exemple, importe la totalité de sa consommation... et ce, à un coût énergétique et environnemental extrêmement important.
Une production qui pourrait couvrir 15% des besoins français
Afin de réduire cet impact, 45-8 ambitionne de produire de l'hélium de façon éco-responsable. En 2019, l'entreprise dépose donc sa première demande de permis d'exploration des sols nivernais au ministère de la Transition Écologique. Autorisation en poche, elle mène pendant deux ans de nombreuses campagnes d'études. "Ça va d'études 'indirectes' comme la gravimétrie à de la sismique réflexion", détaille Camille Sigu. Des processus qui reposent notamment sur l'utilisation de capteurs pour cartographier le sous-sol, afin d'établir où l'hélium est stocké.
En parallèle, la société a déposé plusieurs autres demandes de permis... dont une pas plus loin que dans le Doubs. Et selon les premières estimations, c'est un véritable trésor sur lequel 45-8 a mis le doigt : ce gisement combiné à celui Saint-Parize-le-Châtel pourrait combler jusqu'à 15% des besoins du pays. "Ce ne sont que des hypothèses qui restent à confirmer", nuance-t-on du côté de l'entreprise. "Mais elles sont pour l'instant de bon augure."
"On ne peut être que satisfait !"
Des perspectives impressionnantes qui pourraient commencer à se concrétiser dès début 2024. Dans la Nièvre, la première bouteille d'hélium est attendue dans les tout premiers mois de l'année. Si les résultats sont probants, l'industrialisation de la production sera probablement lancée en 2027.
Avant cette date, la commune ne devrait toutefois pas bénéficier de créations d'emploi. Mais pour le maire (SE) de Saint-Parize-le-Châtel, André Garcia, le projet reste une opportunité inespérée pour le village. "C'est une superbe mise en avant ! On va produire de l'hélium pur à 99,9% sur notre territoire en capturant du CO², ce qui est bon pour la planète... On ne peut être que satisfait et content pour la France !"
"Sur la phase industrielle, c'est tout un écosystème qui va se créer autour de ça", ajoute Camille Sigu. "On espère que ça va entraîner l'installation d'autres entreprises qui ont de forts besoins en hélium et en gaz carbonique. L'idée est aussi de redynamiser le territoire !"