Le 26 juin 1944, la commune de Dun-les-Places (Nièvre) était envahie et pillée par les Allemands. 27 habitants ont été tués. 80 ans plus tard, retour sur trois jours d'horreur, pour ce village surnommé "l'Oradour du Morvan."
Nous sommes en juin 1944. Les puissances de l'Axe sont en difficulté après le débarquement des Alliés. Mais la Bourgogne et la Nièvre sont toujours occupées par les Allemands. Le 24 juin, des troupes envahissent et attaquent les villages de Montsauche et Planchez. À quelques kilomètres de là, se trouve Dun-les-Places, une commune de 806 habitants.
Le 25 juin, il est 14 heures, quand un groupe de rescapés des deux villages détruits se rend à la mairie de Dun-les-Places. Ces derniers les avertissent du danger : les Allemands arrivent sur la commune.
L'entrée dans le village
Une demi-heure plus tard, les troupes font leur entrée dans le village. Ils sont à la recherche du groupe de rescapés, qu'ils qualifient de “terroristes.” Ils rassemblent tous les hommes sur les marches de l’église pour le contrôle des papiers et vérifient les identités. C'est alors que le pillage des maisons commence.
Le 26 juin, en début d’après-midi, 400 soldats arrivent en renfort pour trouver le groupe de terroristes. Les contrôles d’identité n’aboutissent pas, et les hommes du village sont finalement libérés. Quelques heures plus tard, les troupes quittent la commune et prennent la route en direction de Vermot.
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Ils sont alors attaqués par des résistants du maquis Camille qui protègent le château de Vermot, transformé à l’époque en hôpital. Le combat fait rage, mais les maquisards doivent finalement céder le château et l’hôpital est incendié.
Le massacre
Les Allemands retournent alors sur Dun-les-Places. Les hommes du village sont à nouveau arrêtés, le bourg est bouclé, les troupes envahissent les maisons, et l’église est pillée. Un orage éclate, renforçant chez les habitants le sentiment d’épouvante. Les Allemands volent tout ce qu'ils trouvent dans les maisons, y compris le vin et la nourriture.
22h30, c’est le début du massacre. 27 habitants sont tués à la grenade et au fusil-mitrailleur. Les femmes, avec les enfants, sont enfermées chez elles, obligées de s’occuper des soldats et de les nourrir.
Le 27 juin, le village continue d'être pillé. Les envahisseurs mettent tout ce qu’ils peuvent dans les camions. Même les voitures des habitants sont emmenées.
"L'Oradour du Morvan"
Les Allemands quittent la commune le 28 juin à 12h30, en chantant et jouant de l’accordéon. Les habitants découvrent alors l’horreur : les corps des 27 otages, déchiquetés sous le porche de l'église. Le cadavre du curé, en partie dévêtu, est découvert dans le clocher. Certains corps sont retrouvés sur les routes alentours ou dans les hameaux voisins.
Les obsèques se dérouleront quelques jours plus tard, le 1er juillet, à cause du manque de cercueils. Ils sont enterrés en haut du cimetière, sous des croix blanches, pour représenter les crimes commis par les nazis, leurs complices et les traîtres français.
Un massacre prémédité par les États-majors allemands basés à Dijon et Chalon-sur-Saône. "Il s’agit d’une opération de terreur. Après le débarquement, l’idée était de semer la terreur pour éviter que la population soutienne la résistance. Ils voulaient s’en prendre à la population pour faire un exemple", raconte Aurore Callewaert, responsable du musée de la Résistance, du Mémorial de Dun-les-Places.
En 1948, une statue représentant un jeune homme frappé à mort est érigée, à l'endroit où les habitants ont été assassinés.