Dans le Morvan nivernais, parents d'élèves et élus se mobilisent sur la problématique des transports scolaires. Les tournées sont gérées par la Région, mais la localisation de certains arrêts fait débat. Le conseil régional invoque le règlement, quand les familles mettent en avant des solutions jugées plus pratiques.
Quatre fois par semaine, c'est la même routine. Levé 7h00, petit-déjeuner, puis Elio, 4 ans, se met en route pour l'école aux alentours de 8h30. Le petit garçon et sa famille habitent dans le village de Saint-Agnan, dans la Nièvre, mais Elio est scolarisé à l'école maternelle de Gouloux, à une quinzaine de kilomètres de chez lui.
Il doit donc rejoindre l'arrêt de minibus qui dessert son lieu-dit, "Les Pompons". Et c'est là que le bât blesse. Le lieu de ramassage est à 200m de sa maison, à la croisée de trois routes. "Tous les jours, on part donc de notre cour pour aller en voiture au point d'arrêt imposé par la région " s'agace Anséric Loison, le père d'Elio.
On n'a pas de lampadaires, pas de trottoirs. Quand c'est l'Hiver, il fait nuit tôt, c'est vraiment dangereux pour nos enfants
Anséric Loison,agriculteur à Saint-Agnan et père d'élève
Depuis plusieurs mois, la famille Loison conteste l'implantation de l'arrêt, au milieu d'une intersection. Et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, pour la sécurité des enfants. "Nous ne sommes pas en ville ici. On n'a pas de lampadaires, pas de trottoirs" continue Anséric Loison. "Quand c'est l'hiver, il fait nuit tôt : 200m à pied, c'est vraiment dangereux pour nos enfants. Donc on prend la voiture".
Pour l'agriculteur, cette implantation pose également des problèmes de logistique. "J'ai la chance d'être paysan, donc je peux adapter mon emploi du temps pour venir chercher Elio", précise Anséric Loison. "Mais pensez aux parents qui ont un métier avec des horaires stricts. C'est très compliqué pour eux". Prendre la voiture tous les jours pour 200m, "c'est aussi un mauvais point pour l'écologie et pour l'économie, surtout ces derniers temps" ajoute le trentenaire. "On ne comprend pas, surtout qu'il y a 20 ans, le bus passait juste devant la cour".
Le cas de la famille Loison n'est pas isolé. Dans le Morvan Nivernais, de nombreuses familles sont concernées par cette problématique. Au point que des réunions sont depuis peu organisées entre familles et élus locaux pour faire changer les choses. "C'est la Région qui gère la carte du ramassage scolaire" explique Georges Flecq, maire de Saint-Agnan. "Lorsqu'il y a des demandes de parents, nous essayons de les appuyer. Mais le problème, c'est qu'on a l'impression d'être ignoré".
"Le tort de la région, c'est de décider d'en haut, sans prendre langue avec les élus", continue l'édile. "Qui mieux que nous connaît le terrain et les gens ?" Cette impression de décision unilatérale est aussi ressentie par Anséric Loison : "Quand on a demandé la création d'un arrêt à la scolarisation de notre fils, c'est un technicien qui ne connaissait pas le coin qui est arrivé pour décider du lieu d'implantation. Sans concertation. C'est complètement aberrant".
Que répond la Région Bourgogne-Franche-Comté, directement visée par ces critiques ? "Le bus scolaire n'est pas un taxi, qui prend les élèves au pied des maisons" assène Michel Neugnot, vice-président du Conseil régional en charge des transports scolaires. "On écoute les habitants mais on ne prend pas forcément en compte leur demande. Nous devons suivre des règles strictes, édictées au plan national".
Pour Michel Neugnot, "la politique des arrêts est quelque chose d'essentiel. S'il y a accident et que les règles ne sont pas respectées, la responsabilité reviendra à la Région". Entre les lignes se dégage une tendance : le conseil régional n'est pas prêt à accéder rapidement aux demandes des parents.
La plupart de nos demandes restent lettre-morte. C'est encore une mission de service publique qui se détériore dans nos campagnes
Georges Flecq,maire de Saint-Agnan
Une position que maires et parents d'élèves ne comprennent pas. "On ne nous respecte pas. Il ne s'agit pas de caprices, mais d'une réalité qui touche de plus en plus de parents", affirme Anséric Loison. "On a parfois l'impression qu'on pense plus à la sécurité des cars qu'à celle des élèves".
"On se sent un peu impuissant", conclut Georges Flecq. "La plupart de nos demandes restent lettre-morte. C'est encore une mission de service publique qui se détériore dans nos campagnes".