La préfecture de la Nièvre autorise la vénerie sous terre, ou déterrage des blaireaux, depuis le 15 mai. "Tout simplement illégal" selon les associations, qui estiment que les petits ne sont pas encore sevrés à cette période.
Depuis le 15 mai 2024, la chasse au blaireau est autorisée dans la Nièvre. La préfecture a élargi la période légale, qui court normalement du 15 septembre au 15 janvier. Pourquoi ce délai supplémentaire ?
"Des dégâts agricoles et aux infrastructures"
D'après la fédération des chasseurs du département, qui a mené une étude, cette décision répond avant tout à un besoin de régulation de l'espèce : "La population est estimée à plus de 10 000 blaireaux, ce qui occasionne des problèmes de dégâts agricoles et aux infrastructures", justifie Florent Ortu, directeur de la fédération des chasseurs de la Nièvre.
"Il faut arriver à trouver des solutions qui puissent permettre de réguler le blaireau, puisque c'est une espèce nocturne et que la chasse est interdite la nuit, donc il est nécessaire de pouvoir intervenir sur des endroits précis."
La vénerie sous terre, qui consiste à creuser les terriers pour déterrer les blaireaux à l'aide de pinces, est réservée à quelques spécialistes, qui prélèveraient entre 50 et 150 blaireaux chaque année. "Un équipage de vénerie sous terre est habilité par la préfecture, donc n'importe qui n'est pas habilité à faire n'importe quoi", assure Florent Ortu.
► VIDÉO. Qu'est-ce que le déterrage des blaireaux ? Le reportage de France 3 Hauts-de-France (2021)
Les associations dénoncent "une chasse aveugle"
Pourtant, en 2023, les arrêtés autorisant la vénerie sous terre plus tôt dans la saison avaient été retoqués par le tribunal administratif de Dijon, saisi par des associations écologistes. Cette année encore, au moins trois associations ont d'ores et déjà annoncé qu'elles contesteraient ces arrêtés.
"Quand la préfecture permet aux chasseurs d'aller déterrer les blaireaux au 15 mai, les petits sont encore dans les terriers. Et comme c'est une chasse aveugle, les petits sont tués", affirme Christophe Coret, président de l'association AVES (Agir pour le vivant et les espèces sauvages) France. "D'ailleurs, les données des préfectures nous montrent que jusqu'à 45 % des animaux tués pendant ces périodes complémentaires sont des petits, ce qui est tout simplement illégal."
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Contactée par France 3, la préfecture de la Nièvre n'a pas répondu à nos sollicitations. Ailleurs en Bourgogne, en Saône-et-Loire, l'élargissement de la période de vénerie sous terre est également en question. Une consultation publique, clôturée le 27 février 2024, est "en cours d'analyse" pour faire débuter la période trois mois plus tôt que prévu, donc en juin.
► Avec Rémy Chidaine et Valentine Heitz