Dis-moi où tu habites et je te dirai comment tu seras soigné : la fréquence de certaines chirurgies (appendicite, thyroïde) varie considérablement d'un département à l'autre, montre un "atlas" publié par le ministère de la Santé.
Quels sont les écarts les plus importants ?
Cet "Atlas des variations de pratiques médicales", qui a été publié jeudi 24 novembre 2016, est le premier du genre en France. Il a été élaboré par l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes).Les chercheurs ont passé en revue 11 opérations chirurgicales fréquentes dont la chirurgie de l'obésité, l'ablation des amygdales, celle de la vésicule biliaire et celle de l'utérus, ainsi que l'opération de la thyroïde et celle de la fracture de la hanche.
Leur travail doit aider à comprendre et réduire ces disparités. Il faut "évoluer vers des pratiques plus homogènes", expliquent le ministère de la Santé et l'Assurance maladie.
On apprend, par exemple, que :
- la fréquence des opérations de tumeurs bénignes de la prostate varie du simple au double entre l'Ariège et la Savoie.
- la chirurgie de l'appendicite est une opération dont le nombre a fortement diminué depuis les années 1980. On y recourt en moyenne 4 fois plus dans la Nièvre qu'en Martinique.
- la césarienne: cette intervention est pratiquée pour près d'un accouchement sur cinq (18,9%) en moyenne, mais ce taux grimpe à 24,7% en Haute-Corse, contre moitié moins en Guadeloupe, dans l'Yonne ou dans le Jura.
- la chirurgie de la thyroïde : la Côte-d’Or fait partie des départements présentant les taux les plus élevés (> 100 recours pour 100 000 habitants) face au Nord, la Charente et la Réunion (< 50 pour 100 000 habitants).
- La chirurgie de l’obésité est en plein essor : de très fortes variations sont observées entre les départements. En 2014, toutes techniques chirurgicales confondues, les taux de recours varient de 8 séjours pour 100 000 habitants en Guyane et 24 dans le Puy-de-Dôme à 170 en Haute-Corse et plus de 140 dans l’Yonne et l’Aube.
- L'opération qui enregistre le plus gros écart est celle du syndrome du canal carpien (une affection qui se caractérise par des fourmillements et parfois des douleurs intenses dans les trois premiers doigts de la main : pouce, index et majeur). Ce taux varie de 66 pour 100.000 habitants dans le département de la Réunion à 386 dans celui de la Meuse, soit près de six fois plus. L'Yonne fait aussi partie des départements présentant les taux les plus élevés (plus de 350 recours pour 100 000 habitants).
Quelles sont les "pistes d'explication" pour comprendre ces écarts ?
- la variabilité épidémiologique (certains départements sont plus touchés par ces problèmes de santé que d'autres)
- la préférence des professionnels de santé pour telle ou telle pratique
- les préférences des patients
- la disponibilité et l'organisation de l'offre de soins.
l'Atlas des variations de pratiques medicales