À quelques jours du 1er tour des élections départementale 2021 dans la Nièvre, cinq candidats ont débattu sur France 3 Bourgogne ce lundi 7 juin. Déserts médicaux, démographie en baisse... Voici ce qu'il faut retenir de ces 52 minutes d’échanges, parfois tendues.
À 13 jours du premier tour des élections départementales dans la Nièvre, cinq candidats en lice dans le département ont débattu pour la première fois sur France 3 Bourgogne. Au coeur de ce débat, le contexte politique, le problème démographique, le bilan de la majorité sortante, la question des déserts médicaux, l'emploi, les transports et enfin la gestion de la collectivité.
Les invités du débat animé par Gabriel Talon :
- Damien Baudry (RN),
- Blandine Delaporte (Mouvement Génération.s),
- Jean-Luc Gauthier (DVD allié à LREM),
- Carole Borin (LR),
- Wilfrid Séjeau (ELLV/allié au PCF).
6300 habitants de moins en 3 ans
En 2021, l’INSEE comptabilise 199.518 habitants dans la Nièvre. Depuis 2018, le département a perdu près de 6300 habitants. Fcae à ce prolbème démographique, Blandine Delaporte a souhaité attirer l'attention sur les 9 000 citadins que la Nièvre aurait accueilli pendant la crise sanitaire. "On voit qu’il y a quelques lueurs d’espoir comme ces citadins qui ont envie de retrouver de vie à la campagne." Pour attirer, elle souhaite mettre l'accent sur "les médecins, le très haut débit, le monde associatif, culturel et sportif pour pouvoir donner de l’activité, des collèges et écoles pour attirer les familles." Pour Carole Borin, le vrai défi, "c'est de maintenir sa jeunesse à travers l’emploi et la formation. Personne n’a fait ce qu’il fallait", a critiqué la conseillère sortante en rappelant que le département perd en moyenne "1 000 habitants par an". Jean-Luc Gauthier a lui aussi dénoncé un "constat d'échec pour la majorité sortante. Pour le candidat DVD, il faut s'appuyer sur les chefs d'entreprise de redonner l'attractivité au département. "On a un réseau de chefs d’entreprise important. Appuyons nous sur eux."
Pour le candidat du RN, Damien Baudry, "avant de vouloir attirer de niveau habitants, il faut garder et prendre soin des Nivernais." Selon le candidat du RN, "ce qui, a manqué c’est de ne plus avoir de zone blanches, un réseau internet, avoir des incitations fiscales pour les entreprises, le maintien d’un service public pour prendre soin et donner fierté d’y habité." Enfin, Wilfrid Séjean a pointé aussi de son côté la démographie médicale situation préoccupante mais également les liaisons ferroviaires vieillissantes. Le candidat écologiste propose de faire du "marketing territorial, d'améliorer les liaisons ferroviaires et de récréer de l’emploi à partir des richesses en développant les circuits courts."
Lutte contre les déserts médicaux
C'est l'un des principaux enjeux de ces élections départementales. Comment lutter contre les déserts médicaux ? Dans la Nièvre, on compte seulement 122 médecins généralistes pour 100 000 habitants contre 248 en moyenne sur le plan national. A gauche, Blandine Delaporte rejoint l'écologiste Wilfrid Séjeau sur la proposition de mettre en place le salariat de médecins en lien avec les maisons de santé. Elle propose également de "mettre en place un centre départemental de soins qui sera amené à faire de la prévention, du dépistage et de la vaccination." Des médecins salariés, "pourquoi pas ?" s'interroge Damien Baudry. Pour le candidat du RN, cette question de l’arrivée de nouveau médecins "n’est ni de droitea ni de gauche." Il propose de "payer une partie voire l’intégralité des études des jeunes médecins avec un accord pour qu'ils s'installent sur 5 ou 10 ans sous peine de rembourser l’intégralité de cette avance." Carole Borin craint de son côté qu'avec le salariat des médecins, "on risque d’attirer des médecins en fin de vie professionnelle qui souhaitent terminer tranquillement." La conseillère sortante propose de favoriser les jeunes médecins à travers les bourses. "Pour moi, c'est la meilleure solution."
Des dépenses de fonctionnement qui explosent
Un rapport critique de la Chambre régionale des comptes a mis en lumière une forte augmentation des dépenses de fonctionnement avec notamment des charges de personnel "en hausse de 15 % entre 2012 et 2018". Pour Carole Borin, il faut revenir à "la légalité et qu'il n'y ait pas de mesures électoralistes avec les personnels au sein du conseil départemental." Y a-t-il trop d'agents ? "Je ne suis pas élu pour en juger", déclare de son côté Wilfrid Séjeau. "Il faut rééxaminer cela de plus près. Cela nécessite une analyse plus approfondie," ajoute le candidat écologiste. Pour Jean-Luc Gauthier (DVD), il faut engager un dialogue avec les personnels. "Le personnel, il est montré du doigt mais il est meurtri. Il faut un moment d’échange avec eux."
Blandine Delaporte, elle tient à rappeler que "les dépenses totales sur la dernière mandature n’ont augmenté que de 0,4%". Selon la conseillère sortante, "le département a maitrisé son endettement." Une déclaration qui n'est pas du goût de Damien Baudry. Le candidat du RN a tenu à pointer du doigt l'accueil de migrants dans le département et notamment des mineurs non accompagnés. "On est passé de 135 migrants non accompagnés en 2017 à 501 en 2018 et à 685 en 2019 qui ont plombé une partie des finances du département. On n'a pas la place et les structure pour accueillir ces nouveaux arrivants," estime le candidat du rassemblement national.
Une gauche désunie...
Le groupe socialiste était largement majoritaire au sein de l'assemblée sortante. Depuis 1964, l'assemblée a toujours été à gauche de l'échiquier politique. Est-ce que 2021 marquera le début de l'alternance ? Non selon Blandine Delaporte, vice-présidente de la majorité sortante et candidate sur le canton de la Charité-sur-Loire. Elle a pointé le fait que seuls 12 candidats se représentent sur sa liste. "Ce n’est pas la même majorité qui se répète. C’est la petit musique que l’on entend depuis quelque semaines. Au contraire, nous sommes dans le renouvellement," assure la conseillère sortante.
Mais faute d’accord départemental pour une union de la gauche, les binômes de sa liste "Vivre la Nièvre" seront en concurrence avec le mouvement Nièvre écologique et solidaire de Wilfrid Séjean sur 7 cantons. Pour Wilfrid Séjean, il s'agit de "candidatures de propositions. Les écologistes doivent rentrer à l'assemblée départementale. On veut donner et contribuer au renouvellement et apporter de nouvelles propositions."
...et une droite divisée
Ce thème a tout cas déclenché les hostilités entre Jean-Luc Gauthier, candidat Divers droite et divers centre, et la conseillère sortante Les Républicains, Carole Borin. Le premier a reçu le soutien de la République en Marche, un soutien qu'il a dû mal à assumer. "Tous ceux qui se reconnaissent dans notre ligne sont les bienvenus," a cependant déclaré Jean-Luc Gauthier qui rappelle que sa liste n'est autre que "le prolongement de la Nièvre s’engage. C’est l’opposition de la droite et du centre." Une droite divisée puisque Carole Borin a formé un groupe en riposte aux tractations entre ses alliés divers droite au conseil départemental et des candidats soutenus par LREM. "Je ne suis pas dans la même démarche. Je faisais parti il y a 6 ans de l'opposition mais je suis restée telle que je suis, LR", déclare la conseillère sortante. "Chacun est libre de ses retournements et de ses volontés. Le plus important, c'est d’avoir une politique constante aux yeux des électeurs."
Le Rassemblement national espère tirer parti de ces divisions à gauche et à droite. Le parti de Marine Le Pen est présent dans les 17 cantons. Damien Baudry, candidat dans le canton de Nevers-2, souhaite vivement que son parti intègre l'assemblée départementale. "ll faut changer de politique mise en place".