Claude, agriculteur dans le Jura, échange des photos et vidéos détaillant son travail à des élèves du Doubs grâce à Monchamp.fr.
Claude Petitguyot est agriculteur, il cultive des céréales. Et à chaque intervention sur ses champs de blé, il a le même réflexe : sortir son smartphone pour immortaliser l’instant et l’envoyer à son public, composé d’une vingtaine d’enfants.
Ces écoliers vivent dans le Doubs, à plusieurs dizaines de kilomètres de son exploitation, située dans le Jura. Ils ne se sont jamais rencontrés mais ont été mis en relation grâce à une plateforme, monchamp.fr, créée par Passion Céréales, une collective d'information sur les céréales. Les agriculteurs et enseignants s’y inscrivent et se sélectionnent mutuellement. Si les deux souhaitent échanger avec l’autre, une fenêtre de discussion s’ouvre et un dialogue peut débuter.
A la suite de ce dialogue, des échanges se créent. Dans le cas de Claude Petitguyot et de Sandra Braun, l’enseignante du Doubs qui y a inscrit sa classe, ils ont lieu toutes les quinzaines, si ce n’est tous les vendredis. « C’est devenu un réflexe, explique Claude Petitguyot, dès que je touche à mes champs, je prends des photos, je filme pour le montrer aux enfants ». Pour cet agriculteur qui aime partager son métier et qui a pour habitude d’intervenir dans les classes, le support numérique est incontestablement un plus. « C’est beaucoup plus ludique, quand j’interviens dans des classes, je n’ai que des posters comme support, là avec ce que je leur envoie en ligne, c’est beaucoup plus vivant » dit-il.
L’outil permet aux enfants de poser leurs questions en temps réel, de voir le blé changer de forme et de suivre le travail effectué pour pouvoir le récolter. En écho à ce qu’ils voient derrière leur écran, ils ont aussi fait pousser leur propre blé, avec les conseils de Claude. « Les élèves retiennent beaucoup plus facilement les connaissances acquises pendant ces expériences et échanges autour du blé, explique Sandra Braun, professeure des écoles. Il y a plus d’envie et de questions. Cela permet aussi à des enfants qui ont déjà des connaissances sur le monde agricole ou qui sont intéressés par celui-ci de se démarquer grâce à leur participation ».
Changer le regard sur le métier
L’autre but de ces échanges est de participer au changement de regard porté sur l’agriculture. Oublié les fourches et autres images pittoresques des récoltes, les enfants constatent que l’agriculture n’a pas attendu pour se mettre au 2.0. « Ce qui a beaucoup fait réagir et intrigué les enfants, c’est le fait que Claude puisse diriger son tracteur par satellite, que le tracteur avance sans qu’il ne soit dedans » explique Sandra Braun.
Grâce aux échanges qu’il a avec les enfants, Claude Petitguyot espère aussi faire prendre conscience aux parents de tous ces changements. « Je sais que les enfants discutent de ce qu’ils ont vu dans mes photos et vidéos avec leurs parents, qui ne sont pas forcément au fait non plus de ce qu’est l’agriculture d'aujourd'hui, dit-il. Ca permet de montrer que ça évolue, je me dis que ça peu aussi redorer un peu l’image des agriculteurs si on explique qu’on fait désormais de l’agriculture raisonnée et plus systématique comme avant par exemple ». L’apothéose de l’expérience aura lieu en mai, lorsque la classe se rendra dans son exploitation le temps d’une visite, avec « pourquoi pas » comme dit l’agriculteur, des vocations et envies de travail de la terre dans leur cartable.