Le 28 mai, le premier ministre Edouard Philippe a donné le feu vert à la réouverture des restaurants en zone verte à compter du 2 Juin. Après plus de deux mois de fermeture, les restaurateurs attendent avec impatience de pouvoir travailler. Voici quelques réactions recueillies en Bourgogne.
Ils sont contents et soulagés, c'est la première chose qu'ils disent. Mais derrière la satisfaction, il y a de l'inquiétude. Les conditions de réouverture obligent les restaurateurs à s'organiser autrement. Maintenant que sont connues les dispositions à appliquer, il reste encore à savoir quelles seront leurs répercussions sur la fréquentation et le chiffre d'affaires des établissements.
Un redémarrage compliqué
Lorsqu'il a appris que la distanciation ne sera que d'1 mètre entre chaque table, le patron de la Tavola Calda à Beaune, a repris espoir. Son restaurant est tout petit. Il avait entendu parler d'une distanciation de 4 mètres. "C'était impossible! on n'aurait pas pu fonctionner comme ça". Une bonne nouvelle donc, pour ce restaurateur. Eric Rozier, tempère sa réaction. Il a beaucoup d'incertitudes.Pris de court, il ne sait pas encore exactement quand il va pouvoir rouvrir."Dès qu'on a appris qu'on avait le feu vert hier soir, on a appelé nos fournisseurs. Ils sont débordés. Je ne travaille qu'avec du frais. Mais tout le monde a fait la même chose. Nos frigos étaient vides." Le 2 juin, il ouvrira s'il le peut, le soir. Pas question pour lui de prendre le risque d'ouvrir à midi alors qu'il n'est pas sûr d'avoir sa livraison suffisamment tôt le matin.
Eric Rozier s'interroge aussi sur le retour de clients. Tout sera prêt pour les accueillir. "Je ne suis pas certain que les gens reviennent au restaurant. J'ai cette crainte. Ils devront porter un masque pour se déplacer, c'est obligatoire, mais pas à table. Moi, j'aurai une visière, le masque c'est insupportable lorsqu'il le faut garder en permanence".
5 réservations en une heure
A Vézelay ce qui préoccupait le patron de La Terrasse, c'était surtout le kilomètrage autorisé autour du domicile. "On s'attendait à une ouverture le 2 juin, car on pensait bien que la région allait passer en zone verte. Mais on ne savait pas si le kilomètrage serait encore limité à un rayon de 200, 300 ou 400 kilomètres. Il n'y a plus de limitation et c'est ça qui va nous sauver", dit Stéphane Lamure.Le site de Vézelay est le plus visité de Bourgogne. Et de fait, seulement une heure après l'intervention d'Edouard Philippe, le restaurant avait déjà 5 réservations. "Ça met en confiance mais on va fonctionner avec une carte restreinte la première semaine parce qu'on ne sait pas trop à quoi s'attendre".
Ici aussi, la capacité d'accueil a été revue compte tenu de la distanciation de 1 mètre entre chaque table. Panneaux de plexiglass, tracé de cheminement au sol, distributeur de gel hydroalcoolique, tout est prêt pour accueillir les clients dans le respect du protocole sanitaire.
Eric Lamure reste prudent : La carte a été réduite, et l'effectif est pour le moment restreint : "On fera revenir le personnel au fur et à mesure des besoins. Pour le moment il n'y a que moi, mon associé, le chef et une femme de ménage."
Rester dans le raisonnable pour protéger les clients
En Saône-et-Loire, à Gourdon près de Montceau-les-Mines, André et Véronique Magalon, patrons du Rince-Doigts, sont sereins. Ils attendaient de connaître les conditions de réouverture, mais ils n'étaient pas vraiment inquiets.Leur établissement est très fréquenté. Ils ont déjà enregistré 30 réservations pour la fête des mères.
"On a hâte. Le personnel est très content de réattaquer". Chacun a son vestiaire, des parcours tracés pour qu'il n'y ait pas de croisement. Trois entrées pour les clients. Et le restaurant a acheté pour 800 euros de matériel sanitaire.
Le patron est étonné d'avoir eu aussi vite des demandes de réservations, qu'il a dû refuser. "On ne pourra pas être prêts mardi. On ouvrira à partir de mercredi midi et jusqu'à dimanche soir. Pendant tous le mois de juin, le restaurant ne sera ouvert que 3 jours pas semaine."
"On est contents de pouvoir ouvrir parce que ça été long. On a 3 salles et une terrasse et donc beaucoup de place mais on ne veut pas qu'il y ait trop de monde". Le patron veut protéger ses clients. "On va rester dans le raisonnable, dit-il. Il ne faut pas que le virus se propage, on ne sait jamais."
On va tout mesurer mais ça reste gérable
Propriétaires du restaurant O'Bannelier à Dijon, Anaïs et Oswald Letolle, ont participé pendant le confinement à l'opération J'aime mon bistrot : des clients ont payé leurs repas à l'avance.Anaïs et Oswald se demandaient si la région serait toujours dans le rouge la semaine prochaine. "C'est vrai qu'on avait du mal à anticiper. On a entendu dire plein de choses. Chacun y mettait du sien en allant très loin avec des consignes aberrantes et en fait on est plutôt contents des dispositions dans lesquelles on va reprendre."
Le restaurant n'est pas très grand. Anaïs fait preuve d'humour. " On va tout mesurer avec notre petit mètre pour faire entrer le maximum de client. Ça va être un peu le jeu de Tetris, on va perdre quelques tables, mais c'est gérable."
On regrette la perte de convivialité
Au restaurant Chez mes soeurs à Dijon, on a réagit très vite pour ne pas avoir à subir la règle de distanciation. Ce petit restaurant n'a pas suffisament d'espace pour qu'il y ait 1 mètre entre chaque table. "On est ouvert de 8 heures à 18 heures et on adore la convivialité "dit Anne Grappin.
Son restaurant qui est aussi une bibliothèque solidaire, a été conçu pour la détente, la discussion, l'échange.
Depuis le 26 mai, le concept a évolué vers la vente emporter. "La vente sur place ne sera pas notre point fort mais on aura encore deux ou trois tables dehors".