" On ne sait pas ce que l'on doit faire", le casse tête de la réouverture pour les escape games

Peuvent-ils ou non ouvrir ? Les lazer et escape games se sont multipliés ces dernières années. Simple commerce, salle de jeux ou établissement de grande capacité ? Leur rattachement à une catégorie administrative est peu clair. Les professionnels ne savent pas s'ils doivent rester fermé.

C’est un peu l’énigme dans l’énigme. Qu’est-ce qu’un escape game ? Dans la pratique, il s’agit d’un jeu grandeur nature. Le principe est de s’échapper d’un lieu où l’on est enfermé, en résolvant des énigmes. 

Mais pour l’administration, ces salles de jeu très populaires, qui n’existaient pas il y a quelques années, ne sont rattachées clairement à aucune catégorie administrative. Résultat : les propriétaires n’ont pas reçu de consignes précises quant aux conditions et à la date fixée pour leur réouverture.
 

"On est dans un flou le plus total. La profession ne fait pas partie de la liste." - Ezechiel Mérite

« On est un peu perdu malheureusement » déplore Ezechiel Mérite. Il est le co-gérant de La onzième heure, un escape game à Dijon. « On aimerait bien en savoir plus. Depuis plus de deux mois, on est fermé. On a hâte de pouvoir rouvrir. Malheureusement, on est dans le flou le plus total. La profession ne fait pas partie de la liste. » Si ces établissements ne sont pas mentionnés parmi ceux qui peuvent rouvrir. Ils ne le sont pas non plus cités dans le décret listant les interdictions.
  

10 juillet, 2 juin ou 22 juin ?

Ces dernières semaines, l'établissement dijonnais a modifié ses énigmes. Selon lui, ces adaptations permettent le respect des consignes sanitaires. « Techniquement parlant, on a tout fait pour être prêt. On s’est adapté pour être dans les starts (sic) et pouvoir profiter d’un lancement dont on a besoin économiquement ! Mais aujourd’hui, on ne sait concrètement pas ce que l’on doit faire. »

Après avoir évoqué une ouverture en juillet, les textes laissent désormais planer le doute. Certains professionnels annoncent donc leur réouverture dès cette semaine. D’autres espèrent des clarifications pour le 22 juin, prochaine échéance fixée pour l’actualisation des mesures de déconfinement.  
 

 « La préfecture dit oui, Matignon dit non »

Pour tenter d’y voir plus clair, les professionnels échanges sur les consignes qui leurs sont données. Mais partout, l’incertitude demeure à l’image de cet établissement du Nord qui informe ses clients sur les réseaux sociaux. « On sait qu’on ne sait pas… La Préfecture dit oui, Matignon dit non. Tout est mis en place pour vous accueillir et on espère de tout cœur pouvoir ouvrir le 3 juin, mais suite aux infos contradictoires, on est sûr de rien ! »
 

Ce lundi 1er juin, un nouveau décret est paru au Journal Officiel. Mais la situation des lazer game et escape game, n’est pas explicitement  mentionnée. Ce qui laisse la place à l’interprétation. « Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé » rappelle tout d’abord Me Fabien Kovac, avocat spécialisé en droit du travail. « Cela veut dire que tous les établissements qui ne sont pas concernés exclusivement et de manière précise par une fermeture peuvent ouvrir. Mais avec des restrictions. » Il s’agit là des consignes sanitaires qui s’appliquent à chaque catégorie d’établissement.
 

Le flou des classements administratifs

« Le problème, c’est qu’il y a des grandes familles d’établissements recevant du public. Et quand on n’est pas dans cette grande famille, on ne sait pas très bien où se placer. » C'est en partie le cas des lazer games et escape games. Ni salle de sport, ni salle de spectale, ni commerce lambda.

Selon l’avocat, compte tenu du nombre de clients qu’ils accueillent et de leur activité, ceux-ci relèvent des « établissements accueillant du public » (ERP), dans la catégorie des « activités physiques et sportives ». Pour pouvoir ouvrir, les lazer games doivent donc appliquer les règles sanitaires qui s’y rapportent. « Un laser game au vu des textes ne peut pas accueillir plus de 10 personnes. Mais après on fait comment pour faire respecter la distanciation sociale ? Dans les établissements sportifs, il est prévu que distanciation sociale ne soit pas de 1mètre mais de 2 mètres ! Cela me semble très compliqué de pouvoir ouvrir dans des conditions sanitaires correctes et conformes à la loi. »

Pour les escapes game, autre concept qui accueillent en temps normal des petits groupes, la situation est différente. « Une salle d’escape game n’est pas, en tant que tel, un "établissement recevant du public". Le nombre de personnes admises n’est pas suffisamment important pour être classé dans cette catégorie. Cela veut dire qu’ils vont devoir se comporter comme un commerçant lambda. En limitant le nombre de personnes qui y accèdent et en respectant les gestes de distanciation sociale et les gestes sanitaires. »
 

« Ce sont les pratiques des préfets et des parquets qui vont le dire » - Me Fabien Kovac

Pour autant, selon Maitre Kovac, la réouverture n’est pas non plus acquise. « C’est forcément très compliqué. Aujourd’hui, je ne vois pas comment, matériellement, une salle d’escape game peut ouvrir. Le principe même, c’est de tout toucher, de tout vérifier, de se croiser dans des établissements qui sont très exigus. Cela me parait très compliqué de pouvoir respecter la loi. » 

Quelque que soit la catégorie d'établissement, c'est donc la difficulté matérielle à appliquer les gestes barières et la distanciation sociale qui pourraient primer. Mais faute de mention explicite concernant les conditions et date de réouverture, « ce sont les pratiques des préfets et des parquets qui vont le dire », conclue Me Fabien Kovac. L’amende concernant les établissements sportifs peut aller jusqu’à 15 000 euros.
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