Le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce samedi un milliard d'euros d'aides, notamment via un "fonds de solidarité exceptionnel", pour les agriculteurs touchés par le gel. Cette enveloppe est "un ouf de soulagement", pour Christophe Chambon, président de la FRSEA de Bourgogne-Franche-Comté.
Le Premier ministre a promis un milliard d'euros d'aides en direction des agriculteurs durement touchés par le gel ces dernières semaines."L'État doit être à la hauteur de cette catastrophe. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Je suis venu annoncer un effort significatif de l'État à hauteur d'un milliard d'euros car la situation le justifie", a déclaré Jean Castex ce samedi 17 avril à l'issue d'une table ronde avec des représentants agricoles et des élus à Montagnac (Hérault).
Ces annonces sont une bonne nouvelle pour Christophe Chambon, éleveur dans le Doubs et président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) de Bourgogne-Franche-Comté. "C’est un ouf de soulagement. Cette enveloppe pourra accompagner nos collègues dont certains ont tout perdu, nous indique-t-il. Je pense aux vignes détruites à 100% dans certains secteurs en Bourgogne ou dans le Jura ou encore aux fruits en arboriculture qui ont été gelés à 70, 80 % voire plus. Je sais aussi que ce sera une année blanche en taxes sociales pour ceux qui ont subi de gros dégâts. Certains bénéficieront d’exonération, au prorata de leurs pertes."
Ces mesures montrent bien le côté exceptionnel de ces jours de grand froid. On est habitué aux aléas climatiques, plutôt la sécheresse d’ailleurs ces dernières années, mais cet épisode, c’est du jamais-vu.
"Notre syndicat est satisfait de l’annonce de cette aide financière. Et nous allons continuer de travailler pour accompagner au mieux nos collègues dans la détresse et voir comment sauver une partie de leurs productions", ajoute le représentant de la FRSEA.
Enveloppe d'urgence "sous dix à quinze jours"
Jean-Paul Durup, viticulteur à Maligny dans l'Yonne et vice-président de la Fédération de défense de l'appellation Chablis, est lui aussi soulagé par les annonces du Premier ministre. "C'est très positif. C'est la première fois que la viticulture bénéficie réellement d'aides de ce genre. Ça vaut le coup d'être salué. Ensuite, toutes les autres mesures n'ont rien d'exceptionnel. Ce sont les mesures que l'on ressort à chaque fois.", confie le professionnel.
Face aux dégâts énormes causés par le gel, il redoute cependant que le milliard annoncé ne soit pas suffisant. "Je trouve formidable que notre gouvernement puisse sortir pour l'agriculture en général un milliard d'euros. Il faut les trouver et c'est déjà extraordinaire de les trouver. Mais il y a eu des gelées un peu partout. Je pense que, même si la somme est énorme, à la sortie ça ne fera pas grand chose par agriculteur au regard des pertes", explique-t-il. Dans ses vignes de Maligny, il estime pour l'instant les pertes à 70%.
C'est mieux que rien, c'est très bien d'avoir fait quelque chose. Mais je ne pense pas que l'aide ira très loin, agriculteur par agriculteur
Le viticulteur attend également d'obtenir plus de précisions sur les contours du dispositif qui s'appliquera aux vignes. Contrairement aux arboriculteurs, les viticulteurs ne pourront constater définitivement leurs pertes que dans plusieurs mois, une fois les vendanges et la vinification achevées.
Thiébault Huber, le président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB) partage le point de vue de Jean-Paul Durup. "On est contents parce qu'on a la sensation d'avoir été entendus. Ça répond à ce qu'on mettait en avant depuis une semaine", nous indique-t-il. "On sera quand même vigilants sur le mode opératoire [...] Espérons que les vigneront ne seront pas la dernière roue du carrosse de la filière."
On estime que la perte pour toutes les filières, que ce soit pour les arboriculteurs, la vigne ou les céréales, à plus de trois milliards. C'est compensé par un milliard. Maintenant, il faut que ça arrive aux trois filières.
Thiébault Huber se satisfait également que des crédits soient dédiés à la recherche. "On va avoir de plus en plus d'aléas climatiques. Il faut absolument que l'on change notre modèle économique. Pour ça, la transition a besoin d'être accompagnée et ça passe par de la recherche et du développement. C'est un point essentiel, pas forcément pour nous mais pour les générations à venir."
Les aides annoncées par Jean Castex passeront par un report et une exonération de charges sociales, des dégrèvements de taxes foncières sur le non bâti (TFNB), et la mobilisation des dispositifs existants en matière d'activité partielle. Une enveloppe d'urgence sera par ailleurs allouée "sous dix à quinze jours" aux préfets pour apporter un soutien immédiat aux exploitations les plus en difficulté.
Le montant d'un milliard avancé par le Premier ministre est celui d'une enveloppe globale incluant le nouveau fonds, a précisé une porte-parole du ministère de l'Agriculture. Il s'ajoute aux autres aides versées et indemnisera en fonction des "pertes réelles" qui seront déclarées dans les mois à venir par les producteurs.