Des pompiers agressés dans l’Yonne : "On est les victimes d’un ensauvagement"

Des sapeurs-pompiers de Saint-Florentin, appelés pour un feu de voiture, ont été victimes d'un guet-apens et caillassés. Deux d’entre eux ont été touchés. Un véhicule de la gendarmerie a aussi été pris à partie. Une enquête est en cours.
 

Une situation inédite dans l'Yonne 


Les faits se sont produits dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 août 2020. Les pompiers de l’Yonne ont été appelés pour éteindre un feu de voiture dans un garage à Saint-Florentin, à environ 30 kilomètres d'Auxerre. Mais, à leur arrivée, ils sont tombés dans un piège.

C’est une situation inédite dans la région, analyse Jérôme Coste, directeur du SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) de l'Yonne.
"Les pompiers ont été appelés dans un premier temps pour un feu de container. Pendant qu’ils éteignaient cet incendie, un autre feu a été allumé dans des garages. Et c’est lorsqu’ ils sont intervenus sur ce deuxième incendie qu’une dizaine d’individus les ont attaqués avec des projectiles."

Les pompiers se sont alors retirés et ont attendu le renfort de forces de l’ordre pour terminer d’éteindre les foyers. 

   

"On estime qu’on a franchi un cran"

"On estime qu’on a franchi un cran, car c’est un type de violence qu’on ne connaît pas dans le département. On voit que le sentiment de violence monte dans la société et se retrouve partout, même à Saint-Florentin qui est une petite ville de province.

C’est la troisième fois qu’on est caillassé en 2020 : la première fois, c’était à Auxerre au début de l’année. Puis, il y a eu Migennes dans la nuit du 13 au 14 juillet, où les auteurs ont été interpellés et condamnés par la justice. Et cette fois, ça s’est passé à Saint-Florentin."
 

Dans le passé, il y avait eu des situations d’intimidation comme on peut en avoir régulièrement ici ou là. Cette fois, on est passé au stade de l’agression qui est rarissime dans l’Yonne. Il y avait la volonté d’attirer les pompiers dans une impasse et de les caillasser fortement. Si les hommes n’avaient pas eu leurs équipements de protection, on aurait pu avoir des blessures sérieuses. Cette volonté délibérée de toucher les personnes et de leur faire mal est l’élément marquant de ce qui s’est passé à Saint-Florentin. Cela interpelle.

Jérôme Coste, directeur du SDIS 89



"Deux sapeurs-pompiers ont été touchés, l'un a reçu un  projectile qui a laissé un impact sur son casque et l'autre a des ecchymoses à une jambe."

Le SDIS 89 a porté plainte. Une enquête a été ouverte et confiée à la brigade de gendarmerie de Saint-Florentin. Les forces de l'ordre étudient la possibilité de retrouver des traces d'ADN sur certains cailloux qui ont été lancés. Par ailleurs, une enquête de voisinage est en cours.

 

 

Pourquoi le nombre d’agressions contre les pompiers est en augmentation ?


Les agressions contre les sapeurs-pompiers sont en augmentation un peu partout en France et la Bourgogne-Franche-Comté fait partie des régions les plus touchées par ce phénomène.

"Oui, les chiffres des violences à l’encontre des pompiers augmentent dans l’Yonne comme partout. Mais, il faut faire attention car la majorité des agressions recensées n’ont rien à voir avec les violences urbaines et ce qui s’est passé à Saint-Florentin", précise le directeur du SDIS de l’Yonne.
 

Avant on ne recensait pas certaines situations, alors qu’aujourd’hui, on est invité à déclarer toutes les situations où les sapeurs-pompiers sont victimes de violences. La grande majorité de ces faits est commise par des personnes isolées, malades, alcoolisées, en détresse psycho-sociale, qui sont violentes vis-à-vis d’elles-mêmes et de leur entourage. Et quand nous intervenons, on peut se faire cracher dessus, menacer de mort, frapper, etc.  Il y a 40 ans quand j’ai commencé, ces situations existaient déjà, mais on n’appelait pas cela des agressions. On considérait qu’on avait affaire à des malades qu’on prenait en charge comme on pouvait. Aujourd’hui, tout cela est comptabilisé comme des violences contre les pompiers et c’est pourquoi les chiffres explosent.

Jérôme Coste, directeur du SDIS 89


"Ces secours à personnes du quotidien n’ont rien à voir avec les violences urbaines. Mais, ce qui est vrai, c’est qu’il y a un ensauvagement d’une partie de la société, une partie minoritaire, et on en est victimes", conclut le patron du Service départemental d’incendie et de secours de l'Yonne.

Reportage : Y. Etienne / S. Hemar
avec
- Colonel Jérôme Coste : Directeur du service départemental d'incendie et de secours (Sdis) de l'Yonne
- Mourad Boujnane : Gérant du Bamm’s Coffee et président du Football club florentinois




 
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