L'opération "Bloc mort" se poursuit depuis le 2 novembre. Au centre des revendications des infirmiers anesthésistes : une reconnaissance de leur statut et des augmentations de salaires. Quasiment tous les hôpitaux de Bourgogne sont concernés par le mouvement.
Si vous avez une opération non-urgente prévue dans les jours à venir, elle risque d’être déprogrammée. En cause : ce mouvement de grève lancé par les infirmiers anesthésistes le 2 novembre, baptisé "bloc mort". En Bourgogne, les CHU de Dijon, Beaune, Chalon-sur-Saône, Semur-en-Auxois, Auxerre ou encore Sens sont touchés. "On est grévistes mais on ne bloque pas les interventions chirurgicales, on continue le travail" rassure Ali Otmani, infirmier anesthésiste au CHU de Chalon-sur-Saône.
Des infirmiers spécialisés
Les infirmiers anesthésistes réclament que leur statut d’auxiliaire médical en pratique avancée soit reconnu par le gouvernement. Pour devenir infirmier anesthésiste, en plus d’un bac + 3 en école d’infirmière, il faut faire deux ans en école d’anesthésie. "Nous sommes des infirmiers spécialisés. Nous n’avons pas fait 5 années d’études pour rien", s’agace Gaëlle (n'a pas souhaité donné son nom, ndlr), infirmière anesthésiste, responsable du collectif Bourgogne.
13 euros de différence de salaire
Autre revendication : les salaires. Selon Gaëlle, suite aux revalorisations des grilles du Ségur de la santé, les infirmiers anesthésistes sont les moins revalorisés. "À titre d’exemple, entre un infirmier non spécialisé et un infirmier spécialisé IADE comme nous, la différence de salaire sera de 13 euros. Ce n’est rien du tout ! Plus personne ne voudra faire l’école d’anesthésie pour devenir infirmier-anesthésiste et avoir une différence de salaire si moindre".
Un métier méconnu
Ce métier n’est pas bien connu du grand public. Ce sont eux qui sont chargés de surveiller les patients pendant une opération lorsque le médecin doit quitter le bloc pour aller voir d’autres patients. Les infirmiers anesthésistes sont les seules habilités à pratiquer des soins médicaux sur les patients en augmentant ou en diminuant les produits d’anesthésie. « C’est quelque chose qu’on fait tous les jours. Que l’on soit affecté au bloc opératoire, en anesthésie ou dans les SMUR pour les urgences pré-hospitalières, c’est notre pratique quotidienne », explique Gaëlle.
En février 2021, le gouvernement avait déposé un amendement au Sénat pour reconnaitre le statut de cette profession. « À la dernière minute, ils ont fait un revirement de situation. Ils n’ont pas déposé cet amendement. Notre colère gronde encore trois fois plus » poursuit la soignante du CHU de Dijon.
Le mouvement ne compte pas s’arrêter à ce stade. L’opération Bloc noir devrait durer au moins jusqu’au 25 novembre 2021 avec une mobilisation prévue à Paris.