Les prix du vignoble bourguignon sont en constante augmentation depuis 30 ans. Certains domaines changent de main à des prix défiant l'imagination. Le Clos de Tart s'est ainsi vendu l'an dernier plus de 200 millions d'euros. Comment expliquer une telle envolée ? La rareté bien-sûr.
Le prix des terres viticoles grimpe toujours plus en Bourgogne. En octobre 2017, la famille Pinault avait ainsi acheté les 7,5 hectares du Clos de Tart à 280 millions d'euros. Le domaine viticole était alors devenu le plus cher de France.
Clos des Lambrays, Domaine Bonneau du Martray, les grands crus en monopole se vendent désormais plus de 100 millions d'euros. Et cette spéculation fait flamber les prix de toutes les parcelles de Côte-d'Or, avec des écarts très importants.
De 12 700 euros l'hectare pour une appellation régionale, on atteint presque 3 millions d'euros pour un premier cru. Et les grands crus atteignent facilement 14 millions d'euros l'hectare, le prix de la rareté.
"9 500 hectares de vignes en Côte-d'Or, c'est rien, détaille Daniel Caron, directeur de la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER) en Côte-d'Or. C'est vraiment une petite niche viticole par rapport aux centaines de milliers d'hectares de vignes qui existent dans le monde aujourd'hui. C'est ce qu'il fait sa valeur."
Un prix multiplié par trois
Seuls 150 à 200 hectares changent de main chaque année en Côte-d'Or. Et cela se fait en toute discrétion. Thierry Gaudillère est journaliste viticole depuis 30 ans. Pour lui, le secteur est en pleine restructuration économique."La rentabilité ne se fait pas tant par la bouteille vendue, mais par le retour sur investissement sur le prix des terres, précise-t-il. En cinq ans, le prix des terres en Côte-d'Or a été multiplié par trois."
Fini le propriétaire-exploitant. Beaucoup de viticulteurs ont désormais recours à des groupements fonciers viticoles pour accéder à la terre.
La folie des grandeurs touche surtout la Côte-d'Or. Dans le mâconnais, les prix plafonnent à 260 000 euros l'hectare pour les premiers crus de Pouilly-Fuissé, et à 400 000 euros dans le chablisien. Ces vignobles bourguignons pourraient devenir la nouvelle terre promise.