Recensement : la région Bourgogne-Franche-Comté perd un peu de population, les agglomérations en gagnent

Entre 2013 et 2018, la région Bourgogne-Franche-Comté, 2 807 807 habitants, n'a pas gagné d'habitants, selon la dernière étude de l'INSEE. Seuls le Doubs et la Côte-d'Or conservent une dynamique démographique. Revue de détail par département. 

La Bourgogne-Franche-Comté comptait 2 807 807 habitants au 1er janvier 2018. Cela ne représente toujours que 4,3 % de la population française. Mais alors qu'elle avait gagné quelques âmes entre 2008 et 2013, les cinq années suivantes, la région a perdu 0,1 % de population. En bref, elle stagne. 

La principale cause de perte de population pour la région est la baisse du solde naturel, comme dans tout le pays. Les décès dans les générations du baby-boom augmentent et ne sont pas compensés par les naissances. Le nombre d'enfants par femme au début des années 2000 était encore d'1,95, il n'est plus aujourd'hui que d'1,8. De plus la baisse des naissances au début des années 1980 se fait aujourd'hui ressentir. 

Quelques nuances dans ce phénomène. Les villes de plus de 10 000 habitants perdent moins de population que celles entre 5 000 et 9 999. Même les villages, qui pouvaient offrir de belles conditions de vie et attirer de jeunes ménages jusqu'à 2013, ont cessé de gagner de nouveaux citoyens. Les deux agglomérations de Dijon et Besançon restent attractives. Si le coeur de ces deux villes ne gagne pas forcément en population, leur périphérie se densifie, de manière plus diffuse néanmoins que par le passé.

Seul secteur de la région à poursuivre sur sa lancée depuis dix ans : la frange frontalière avec la Suisse. Les communes autour de Pontarlier gagne nettement de la population (en orange sur la carte de la région).

EN FRANCHE-COMTé

Le Doubs tiré par sa capitale et la frontière suisse

L'agglomération de Besançon continue à progresser (+0,2%), plus que son coeur. Si de nombreux logements ont été construits ces dernières années dans la ville centre, ils n'attirent pas forcément de nouvelles populations. Il s'agit plus de transfert depuis d'anciennes batisses devenues insalubres. 

Mais la partie la plus dynamique du département est clairement la zone frontalière. L'agglomération de Pontarlier gagne 0,8 % d'habitants. Le nombre de Comtois salariés en Suisse a quasiment doublé en 10 ans. 

Le Territoire de Belfort en chute libre

Le Territoire de Belfort souffre fortement de la désindustrialisation et de la perte d'emplois dans de nombreuses entreprises ces dernières années. Il subit aussi plus fortement cette baisse du solde naturel. Si quelques Alsaciens sont venus s’installer dans le secteur depuis plusieurs années, cela ne suffit pas.

Une Haute-Saône plus rurale que jamais

En conséquence de la désindustrialisation du Territoire de Belfort, la frange Est du département de la Haute-Saône n’est plus attractive non plus et perd de la population. Reste un certain dynamisme au sud à proximité de Besançon. L’activité économique du département n’étant pas florissante, il reste très rural. C’est aussi là que la population vieillit le plus. La population de Vesoul diminue plus vite que celle de son agglomération. 

Un Jura coupé en deux

Le nord du département du Jura profite de l’attractivité de Besançon et la ville de Dole reste dynamique. Le sud est plus à la peine. La ville de Saint-Claude perd 2,5 % de sa population par an, et la proximité de la Suisse, trop difficile à atteindre, ne joue pas ici sur l’attractivité.

 

 

EN BOURGOGNE

La Saône-et-Loire, département le plus peuplé de Bourgogne

L’INSEE note une forte progression de la population dans  l’est du département de la Saône-et-Loire,  notamment dans la vallée de la Saône (axe de Mâcon à Chalon-sur-Saône). Mâcon bénéficie de la proximité de la région Auvergne Rhône-Alpes. La ville et son agglomération gagnent plus de 2 000 habitants en 5 ans. 

Dans l’ouest du département, sur le secteur d’Autun, Montceau-les-Mines, Le Creusot, la population diminue depuis trente ans. Cette baisse est notamment liée à celle de l’emploi industriel.

La Côte-d’Or, deuxième département le plus peuplé de la région

Tout comme la Saône-et-Loire, en matière de démographie, la Côte-d’Or est coupée en deux démographiquement, avec une forte attraction de Dijon et son agglomération alors que le reste du département est peu peuplé.

La Côte-d’Or compte 533 220 habitants (+ 3 459 en 5 ans, entre 2013 et 2018)

L’emploi attire du monde mais il y a d’autres facteurs à prendre en compte, souligne l’INSEE : ce sont la présence de services, l’offre médicale, les équipements. La situation est inégale d’une commune à l’autre. Le financement et le ratio démographique vont de pair : « Le dynamisme d’une commune permet d’avoir plus de services et plus d’équipements, dès lors qu’ils sont utiles aux habitants de la commune et aux habitants des communes environnantes ». 

Dijon "poumon démographique" du département de la Côte-d’Or

L’INSEE observe, un « début de la fin de périurbanisation » dans les endroits où il n’y a plus beaucoup de place pour de nouvelles constructions au profit des centres-villes, comme Dijon par exemple qui gagne des habitants. (+ 5 831 entre 2013 et 2018)

A noter que les communes qui ont gagné des habitants, souhaitent rester à « taille humaine », ce qui explique aussi le frein à la progression du nombre d’habitants. 

Beaune : le logement touristique, un frein à la progression démographique

Beaune perd aussi des habitants (- 1 243 entre 2013 et 2018).  Dans cette localité, cela s’explique notamment, toujours selon l’INSEE par le nombre de résidences secondaires et par les logements loués à des touristes de passage. Autant de logements qui ne sont pas occupés par une population sédentaire, qui se fixe à Beaune.

Dans l’Yonne, Sens proche de la région Parisienne, gagne en attractivité

Entre 2013 et 2018, le département de l’Yonne (passé de 341 483 à 337 504 habitants) perd des habitants. Mais paradoxalement la population de Sens et du Sennonais progresse en raison de la proximité de l’Ile de France.

La ville de Sens a progressé de 1,2% entre 2013 et 2018. C’est la seule ville où on note une augmentation de la population. Les autres villes importantes de l’Yonne, Joigny et Auxerre ne sont pas en progression démographique. Elle ne bénéficient pas de « l’effet Ile de France ».

La Nièvre toujours en décrue démographique

Le département a perdu plus de 9 000 habitants en 5 ans. En 2013 leur nombre se chiffrait à 215 221, en 2018, ce chiffre est passé à 205 828. Le phénomène s’inscrit dans la durée, il dure depuis une trentaine d’année. L’INSEE souligne que c’est l’un des départements qui perd le plus de population en France, avec la Martinique et la Guadeloupe.

La commune de Nevers gagne des habitants pour la première fois

C’est la première fois que la population augmente dans la commune de Nevers (tandis que l’agglomération perd des habitants). Sur Nevers, note l’INSEE,  il y a eu une rénovation de logements qui a démarré dans les années précédentes et qui semble porter ses fruits. Avant, l’offre de logements qui était ancienne ne pouvait pas satisfaire les familles. Elles allaient s’installer dans la banlieue. Peut-être est-ce un début de changement, à confirmer dans les prochaines années.

Envisager les politiques publiques différement

Pourquoi recenser la population ? Des chiffres précis permettent à l'Etat de répartir au plus juste la dotation globale de fonctionnement aux communes, de décider du nombre de pharmacies qui peuvent s'installer par exemple (une pour 5 000 habitants). Les statistiques orientent aussi les décisions sur l'aménagement du territoire (axes routiers, services, constructions de piscines ou autres lieux de loisirs...) 

La baisse du solde naturel qui semble une tendance lourde, en Bourgogne-Franche-Comté comme sur tout le territoire français, va obliger les politiques publiques à évoluer.

Or le fait que la population n'augmente pas dans notre région n'est pas toujours un mal, expliquent les chercheurs de l'INSEE. Certaines zones périurbaines arrivant à saturation. Exemple : évacuation des eaux usées dans certaines zones pavillonnaires ou villages devient problématique lorsqu'on augmente la pression démographique.

Par ailleurs, il n'y aura pas d'enquête de recensement en 2021. L'INSEE craignait d'être perçue comme un vecteur de propagation du virus. Les communes avouent avoir de la peine à recruter des agents recenseurs. Et déplacer la collecte à juin fausserait les résultats qui sont toujours recueillis en début d'année. Le prochain recensement se fera donc en 2022. 

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