Dans le Nord Franche-Comté, 280.000 personnes dépendent d’une seule source d’alimentation en eau potable, puisée dans la rivière. Les forages décidés par l’agglomération de Montbéliard (Doubs) visent à éviter de futures pénuries.
Cela ressemble à un forage d’exploration pour trouver du pétrole. Pourtant, à Bourguignon, une commune du Doubs, ce n’est pas de l’or noir que l’on recherche. Mais de l’or bleu.
De l’eau potable. Elle est là, à 40 mètres de profondeur. Découverte au début de l’année par l'hydrogéologue Jean-Pierre Mettetal :
Ici, il n’y a pas de nitrates, pas de phytosanitaires, pas de bactéries, c’est une eau parfaite, on pourrait la boire telle quelle !
Jean-Pierre Mettetal, hydrogéologue
Le forage de Bourguignon intervient après une décision de l’agglomération du pays de Montbéliard (PMA). La collectivité veut sécuriser l’alimentation en eau potable, en diversifiant les points de captage.
Daniel Granjon, le vice-président de l'agglomération, chargé de l'eau et de l'assainissement, explique cette décision : "On sait que pendant les périodes de sécheresse, on est limite, très limite. Il faut donc rechercher des ressources complémentaires."
Le Nord Franche-Comté particulièrement vulnérable
Les sécheresses de ces dernières années ont laissé le souvenir d’une inquiétude permanente pour l’alimentation en eau potable. Le Nord Franche-Comté est particulièrement vulnérable : ses habitants dépendent quasi-exclusivement de l’usine de pompage de Mathay. L'eau est pompée directement dans le Doubs.
Grâce à la découverte de la réserve souterraine de Bourguignon, Jean-Pierre Mettetal se veut rassurant : "En pleine période de sécheresse, alors qu’il n’avait pas plu depuis trois mois, il sortait encore 20 m3 d’eau par seconde de la Franche-Comté. Tout ça c’est des eaux souterraines, elles existent, maintenant il faut aller les chercher ! "
Reportage : Isabelle Brunnarius, Laurent Brocard Jean-Pascal Maujard.
A Bourguignon, il s’agit à présent d’élargir le passage de l’eau. La technique est d'injecter de l’acide qui va dissoudre le calcaire. La technique est jugée sans risque pour l'environnement. Si le débit est suffisant, la nouvelle ressource sera reliée au réseau de distribution d’eau potable.
A ce jour, la seule réserve de sécurité en cas de pollution de la rivière est la gravière de Mathay. Cette étendue d’eau permettrait d’alimenter les habitants des environs de Montbéliard, mais pour quelques jours seulement.
Les sécheresses en été de plus en plus fréquentes
La ressource en eau potable semble donc assurée en Franche-Comté. C’est loin d’être le cas dans d’autres pays ou régions.
La multiplication des sécheresses estivales est une tendance confirmée par les études scientifiques. Celle publiée par Nature Geoscience (lien en anglais) démontre que les cernes des arbres, visibles après les coupes, sont plus resserrées depuis 2015, en Europe. Ces indices révèlent un manque d’eau qui ralentit la croissance.
Une autre étude précise que les pertes agricoles liées aux sécheresses et aux vagues de chaleur ont triplé en 50 ans.