Dimanche 20 juin se tenait le premier tour des élections régionales et départementales 2021. Beaucoup d'électeurs n'ont pourtant jamais reçu le matériel électoral. Adrexo et La Poste, chargés de la distribution, ont été sommés de s'expliquer ce lundi 21 juin sur les raisons de ce dysfonctionnement.
La distribution de la propagande électorale se fait d'ordinaire par l'intermédiaire de La Poste. Mais début 2021, celle-ci perd le monopole. L'entreprise privée Adrexo, spécialisée dans la distribution d'imprimés publicitaires, remporte un appel d'offre émis par le ministère de l'Intérieur. A compter du premier janvier et pour une durée de quatre ans, elle peut distribuer les professions de foi électorales et les bulletins de vote sur une partie du territoire national, dont en Bourgogne-Franche-Comté.
Sauf que beaucoup d'électeurs n'ont pas reçu la propagande électorale qui leur était destinée. Pour l'opposition, cela explique en partie le taux record d'abstention dans la région, qui s'élève désormais à 64, 57%.
C'est notamment à gauche que les candidats s'insurgent. Jérôme Durain, candidat sur la liste PS de Marie-Guite Dufay, déclarait sur France 3 au cours de la soirée électorale que "l'État n'a pas été à la hauteur dans la distribution des professions de foi [...] et ça a sans doute joué dans la mobilisation." Un avis partagé par Bastien Faudot, tête de liste du Temps des Cerises (LFI, Gen.s), qui s'indigne que la "six ou septième puissance mondiale ne soit pas foutue de distribuer des bulletins de vote et des professions de foi à l'ensemble des citoyens de ce pays."
Suite aux vives critiques de l'opposition, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a convoqué les représentants d'Adrexo et de La Poste, les deux prestataires chargés de la distribution du matériel électoral. Dans un communiqué de presse publié au terme de cette rencontre, il affirme leur avoir "rappelé l'obligation des résultats qui les liait" et demandé la garantie que "de tels dysfonctionnements ne se reproduisent pas pour le second tour."
Comment expliquer ces dysfonctionnements ?
Mais selon Cécile Deschamps, secrétaire régionale du syndicat SUD PTT Bourgogne, l'entreprise n'est pas suffisamment familière avec la distribution du matériel électoral. "Facteur, c'est un métier", déclare-t-elle. "La distribution du courrier adressé, c'est une logistique complexe qui nécessite un tri et une préparation importants. Alors que dans le cas des pubs, il y a juste à les déposer dans les boîtes aux lettres qu'on trouve."
Elle ajoute également que la formation des salariés est peut-être à revoir. "Souvent, les gens qui travaillent là-bas sont des retraités qui cherchent à arrondir leurs fins de mois, ou bien des gens qui font ça comme deuxième travail. Je pense qu'ils sont loin d'être assez formés. En tous cas, ça a donné un vrai fiasco."
De son côté, Adrexo ne s'est pas encore exprimé au sujet de ces couacs et est resté injoignable ce lundi. La société aurait cependant affirmé que seul 1% des plis n'avait pas été livré, selon la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa.
Pour le deuxième tour, une distribution supervisée par les préfets
C'est en effet ce qu'a annoncé le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Jean-Benoît Albertini, dimanche dans la journée. Dès ce lundi 21 juin, les préfets devront superviser la mise sous pli et la distribution de la propagande électorale. Sollicitée, la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté renvoie vers les annonces du gouvernement, qui consistent notamment en :
- le détachement d'un agent de la préfecture sur les lieux où sont organisées les distributions, pour en vérifier la qualité et le bon déroulement
- la mise en place d'une cellule opérationnelle de suivi de la distribution de la propagande électorale
- le déploiement d'un numéro de téléphone à destination des élus, servant à traiter les signalements et à leur donner suite dans "les délais les plus brefs"
Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur a déclaré que La Poste et Adrexo doivent fournir d'ici la fin de journée des "mesures fortes pour améliorer très concrètement l'information des électeurs."