L'accompagnatrice scolaire, Fatima.E, prise à partie vendredi par Julien Odoul, élu Rassemblement National, au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté au motif de son port du voile, s'est exprimée mardi auprès du Collectif contre l'islamophobie en France.
Elle accompagnait la classe de son fils lors d'une banale sortie scolaire. Une séance au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, à Dijon, pour observer le travail des élus, de l'intérieur. Fatima.E entre dans la salle, Julien Odoul interpelle. Il demande à la présidente, Marie-Guite Dufay, que l'accompagnatrice enlève son voile ou qu'elle quitte la salle .
? [RT]Au nom de nos principes républicains et laïcs, j’ai demandé à @MarieGuiteDufay de faire enlever le voile islamique d’une accompagnatrice scolaire présente dans l’hémicycle. Après l’assassinat de nos 4 policiers, nous ne pouvons pas tolérer cette provocation communautariste pic.twitter.com/3WzqDEC3nn
— Julien Odoul (@JulienOdoul) October 11, 2019
Pour Fatima.E, c'est l'incompréhension : "Franchement, j’étais là sans être là. La seule chose que j’ai vue, c’était la détresse des enfants. Ils étaient vraiment choqués et traumatisés. (...) Il y a des choses qui ont été dites et que je n’ai entendues que dans la vidéo, car sur le moment, je vous le dis : j’étais là sans être là, j’étais concentrée sur les enfants."
De session en session, @JulienOdoul président du groupe @RN_BFC sème la haine. Le paroxysme a été atteint vendredi. J’ai décidé de faire un signalement au procureur de la République. La rencontre avec la mère de famille sera quant à elle privée. Mon communiqué complet ci-joint.? pic.twitter.com/BYnVVTdtzd
— Marie-Guite Dufay (@MarieGuiteDufay) October 13, 2019
Plus encore, la mère de famille raconte une altercation avec une autre élue, Karine Champy, qui aurait eu lieu à sa sortie de la salle. "Vous êtes contente ?! Vous avez réussi votre coup ? ", lui aurait lancé l'ex-élue FN, avant de menacer "Vous allez voir, on va gagner. Les Russes vont arriver !"
Fatima.E a décidé de témoigner ce mardi soir, de façon exclusive, auprès du Collectif contre l'islamophobie en France, quatre jours après les faits. Le CCIF a publié l'entretien sur son site. Elle se dit "fatiguée", raconte "avoir peur de tout." Au delà de l'émotion Fatima.E décrit un sentiment "de rejet que je n'avais pas senti avant."
Sur les suites de l'affaire, une éventuelle plainte déposée, elle ne dévoile rien : "j’ai quand même l’intention de ne pas laisser faire."
Avant de conclure : "Aujourd’hui, j’ai une opinion négative de ce qu’on appelle la République."