Religion : 83 cas de radicalisation signalés en Bourgogne et 108 en Franche-Comté

En juin 2015, un rapport de l'Assemblée Nationale recensait 83 cas de radicalisation religieuse en Bourgogne, signalés entre avril 2014 et mai 2015. Et en Franche-Comté, le taux de radicalisés est le plus important de France si l'on rapporte le nombre de signalements à la population de la région.

La commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes, a rendu son rapport le 2 juin 2015, à l’Assemblée Nationale. Officiellement, 4 137 cas de radicalisation ont été signalés au niveau national et local (N.D.L.R : 4 236 selon le calcul d'un de nos journalistes). 

Que signifient ces signalements pour radicalisation ?


Qu'entend-on par "radicalisation" ?

Selon Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense, la radicalisation est un "processus d’adoption d’une croyance extrémiste incluant la volonté d’utiliser, de soutenir ou de faciliter la violence comme méthode de changement de la société." Le sociologue Farhad Khosrokhavar, considère en revanche que ce phénomène est constitué par "la conjonction d’une idéologie extrémiste et d’un passage à l’acte"

De plus en plus de Français ou de résidents français rejoignent les rangs de Daech et d'Al Qaïda en Syrie et en Irak

Entre mars 2011 et le premier trimestre 2014, 500 français seraient partis en Syrie (N.D.L.R : principalement pour rejoindre les rangs de Daech).C'est en tout cas ce que déclarait, à l'époque, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Mais selon un rapport du ministère de l'Intérieur, daté du 26 mai 2015, "le nombre des Français ou résidents français concernés par les filières irako-syriennes connaît depuis janvier 2013 une constante augmentation". Toujours selon le même rapport, les "djihadistes" qui décident de quitter la France rejoindraient principalement les rangs de Daech et, un peu moins ceux de Jabhat Al-Nosra (organisation affiliée à Al-Qaïda). Le 26 mai 2015, le ministère de l'Intérieur considérait que 1 704 français étaient impliqués dans les filières djihadistes.

Quelques chiffres : (Source ministère de l'Intérieur - 26 mai 2015)

-  457 individus présents en Syrie ou en Irak, dont 137 femmes et 80 mineurs (dont 45 jeunes filles)

-  320 individus considérés comme en transit entre la France et la Syrie 

-  278 individus détectés comme étant repartis de la zone, dont 213 sont revenus en France ; les autres sont principalement localisés en Turquie et dans les pays du Maghreb ; depuis les premières frappes de la coalition en septembre 2014, le nombre de volontaires ayant regagné la France est passé de 121 à 212, soit une progression de 57 % 

-  105 présumés morts dont 8 dans des opérations suicides 

-  2 détenus en Syrie 

-  521 ayant des projets de départ.

2014 : le gouvernement français se lance dans une campagne de prévention de la radicalisation

Face à cette problématique, le ministère de l'Intérieur lance fin avril 2014 un numéro vert - 0 800 005 696 - afin de signaler au CNAPR (Centre national d'assistance et de prévention de la radicalisation) des candidats au départ en Syrie ou en Irak. Selon Bernard Cazeneuve, l'objectif de ce numéro est de mettre en place un dispositif pour "éviter qu'un départ se produise quand les familles sentent" que l'un des leurs est "en train de basculer"

Au total, 4 137 cas ont été signalés entre avril 2014 et mai 2015. Le ministère de l'Intérieur n'en retiendra finalement que 4 091. Certains cas ayant été signalés à la fois au niveau national (CNAPR) et au niveau local (états-majors de sécurité départementaux). 


Un nombre de radicalisations sous estimé

4 137 cas signalés. Le chiffre est important. Mais il faut savoir que le nombre réel de radicalisés pourrait être bien plus important. En effet, les signalements sont effectués généralement par les familles. La part des convertis à l'islam est sur-représentée. Car, selon le rapport  de la commission: "les familles de culture arabo-musulmane utilisent moins le dispositif de signalement".  Par ailleurs, en juin 2015, un rapport du député des Hauts-de-Seine Sébastien Pietrasanta  recensait pas moins de 4 609 signalements (national + local). 


83 personnes radicalisées et signalées en Bourgogne  (entre avril 2014 et mai 2015)

Selon les chiffres présentés par l'Unité de coordination de la lutte anti-terroriste (UCLAT), rattachée au ministère de l'Intérieur, 83 cas de radicalisation ont été signalés dans la région Bourgogne (voir graphique ci-dessous). Avec 28 cas signalés, la Côte-d'Or est le département bourguignon le plus concerné par le phénomène. Juste derrière, on trouve le département de la Saône-et-Loire qui recense 25 personnes radicalisées. Il est à noter que la région voisine, la Franche-Comté est la région française qui compte le plus de personnes radicalisées par rapport à sa population totale. (voir plus bas)


L'Île-de-France et Rhône-Alpes sont les régions françaises qui comptent le plus de radicalisés

Les régions Île-de-France et Rhône-Alpes disposent d'un vivier - d'au moins - 1567 personnes radicalisées. Ce qui représente plus d'un tiers des signalements effectués en France entre avril 2014 et mai 2015. Les principales personnes radicalisées sont donc originaires de ces deux régions. Un classement qui n'a rien d'étonnant puisqu'en effet ces deux régions comptent à elles seules plus de 18 millions d'habitants. Le nombre de signalements est donc ici bel et bien proportionnel au nombre d'habitants. La troisième région la plus peuplée de France, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, occupe d'ailleurs la troisième marche du "podium".

Leurs positions, on peut le penser, en font aussi des territoires particulièrement à risque au moment du retour des djihadistes dans leur région d'origine. Les menaces d'attentats seraient donc logiquement plus fortes sur ces territoires.

En revanche, si l'on rapporte le nombre de signalements à la population de chaque région, le classement est tout à fait différent. Et c'est...la Franche-Comté qui se retrouve en tête. 

La Franche-Comté : un taux de radicalisation plus fort qu'ailleurs

Qui l'eût cru ? La voisine de la Bourgogne - avec laquelle elle fusionnera en janvier 2016 - est la région qui compte le plus de personnes radicalisées dans sa population. 108 cas de radicalisation pour 1 million 175 684 habitants. Rapporté à la population totale de chaque région, le nombre de radicalisations est plus fort en Franche-Compté qu'ailleurs avec 9,2 cas de radicalisation pour 100 000 habitants. A titre de comparaison, la Basse-Normandie (qui compte 360 000 habitants de plus que la Franche-Comté) n'enregistre que 66 cas de radicalisation. Dans ce classement, la Franche-Comté est bel et bien devant l'Île-de-France (indice 8,9), le Languedoc-Roussillon (indice, 8,8) et l'Alsace (indice 8,4).

Un constat qui peut paraître étonnant...et pourtant, rappelons que Yassin Salhi (N.D.L.R : auteur présumé de l'attentat en juin 2015 contre une usine en Isère, et de la décapitation d'un chef d'entreprise) était originaire de Franche-Comté. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait par ailleurs indiqué que Salhi avait été fiché en 2006 par les services de renseignements pour "radicalisation" et était "en lien avec la mouvance salafiste". Salhi était originaire de Haute-Saône, le département franc-comtois qui - rapporté à sa population - compte le plus de radicalisations dans la région (ratio de 15 signalements pour 100 000 habitants). 

D'où la question : y a t-il un réellement un phénomène de radicalisation plus important en Franche-Comté que dans les autres régions de France ? Statistiquement...la réponse est oui.

 

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