Salon de l'agriculture : quelle place pour l'agroécologie ?

Plus de 1400 éleveurs, plus de 1000 exposants présentent leur savoir-faire au Salon de l'Agriculture de Paris. Dans leur quotidien, comment leurs pratiques évoluent vers une agriculture plus respectueuse de l'environnement ? L'agroécologie va-t-elle s'inviter au grand débat national ?

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C'est le débat du moment. A l'occasion du Salon de l'agriculture, la Commission nationale du débat public lance un "débat inédit, national et indépendant". Pendant trois mois, consommateurs et professionnels vous pouvoir s'exprimer au sujet de l'avenir de l'agriculture française. 
 



Quelle place va prendre l'agroécologie dans ce débat ? D'après les spécialistes rencontrés au Salon de l'agriculture, l'agroécologie doit permettre aux agriculteurs de concilier des exigences de production et de préservation de l'environnement. 
Peu à peu, le mot popularisé par Pierre Rabhi, paysan écrivain et fondateur du mouvement Colibris, prend corps dans les exploitations agricoles françaises. En arpentant les allées du salon, il apparaît régulièrement. 
 

Mais, cette notion peut rester encore vague pour des exploitants habitués à des pratiques conventionnelles.
 


Pour Pierre Besançon, installé en polyculture élevage en Haute-Saône et présent au salon avec sa vache HantasiaGB,

"l'agroécologie, c'est un bien grand mot ! On a des traditions en France. Tout agriculteur qui se respecte sait respecter la nature. Laissons faire le bon sens paysan."


Existe-t-il une définition précise de l'agroécologie ? Voici celle de Gilles Sauzet. Nous avons rencontré cet ingénieur d'études et développement de Terres Inovia sur le stand de cet institut technique chargé de la recherche et du developpement de l'interprofession des huiles et protéines végétales. Pour le scientifique, cette évolution est inéluctable. 

L’agriculture passe d’une démarche agro-économique à une démarche agro-écologique. Rien d’anormal : il y a encore une vingtaine d’années, la seule priorité des agriculteurs était de vivre de leur métier. L’évolution du débat environnemental en a été d’autant plus fulgurante. Les nouvelles méthodes de culture ont dû tenir compte à la fois de la dimension environnementale, mais aussi de la dimension sociétale : c’est-à-dire de l’image que l’agriculteur renvoie à la société, de son propre statut comme de ses nouveaux désirs. 


Pour être plus précis, l'agroécologie peut se définir comme la mise en place d'un écosystème. "Tous les agriculteurs font plus ou moins de l'agroécologie" explique Gilles Sauzet. Un écosystème agroécologique s'appuie sur les services rendus par la nature pour améliorer la production. Des haies, une diversité floristique, l'allongement des rotations de culture peuvent permettre, par exemple, le developpement d'insectes dont le travail remplacera l'action de certains phytosanitaires. Voici les explications de Gilles Sauzet. L'ngénieur analyse également les freins au développement de l'agroécologie.
 
Pourquoi l'agroécologie met autant de temps à se développer sur les exploitations ? La résistance au changement est un comportement très humain. "On a du mal à sortir de notre zone de confort" remarque l'ingénieur. D'après Gilles Sauzet, ce sont les témoignages des agriculteurs engagés dans cette évolution qui peuvent permettre une accéleration de cette transition vers l'agroécologie.

La recherche scientifique a aussi un rôle important à jouer. Dans le hall 4, le stand de l'INRAE,  l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement est aussi vaste qu'attractif, impossible de le manquer. Des scientifiques présentent des expériences mises au point dans les différents sites de l'INRAE. 

Outre la plateforme expérimentale Casys du site de l'INRAE près de Dijon qui recherche des solutions agroécologiques pour se passer de glyphosate en particulier dans l'agriculture de conservation, les scientifiques présentent leurs résultats très prometteurs pour la viticulture.
   

L'INRAE a mis au point quatre cépages qui permettent de diminuer de 80% les traitements de produits phytosanitaires dans les vignes. C'est la  recherche génétique qui permet de mettre au point ces cépages résistants au Mildiou et à l'Oïdim. Après des années de recherche, les plants sont désormais commercialisés. Une nouvelle ère s'ouvre pour les viticulteurs, reste à engager la discussion avec le gardien des appelations d'origine l'INAO. 

Trouver des alternatives aux pesticides est un des enjeux du XXIe siècle. A l'occasion du Salon de l'agriculture, 24 organismes de recherche européens viennent de s'engager pour travailler ensemble afin d'accélerer la transition agroécologique. 

Avancée de la recherche, partage d'expériences... L'agroécologie devrait se développer dans les exploitations françaises. Pour le directeur scientifique agriculture de l'INRAE, Christian Huyghe, cette évolution nécessite également un changement d'état d'esprit.
 

Ce sont nos représentations sociales qui doivent évoluer. Développement de la production et préservation de l'environnement ne sont pas antinomiques.

"L'agriculture de demain est complexe, précise Christian Huyghe. C'est une vraie transformation psychologique que l'on doit avoir. On peut construire des territoires agricoles qui permettent de concilier performance productive et environnementale. L'incidence de cette transformation est que les agriculteurs ne soient pas soumis à des injonctions paradoxales. On ne peut pas leur dire "produisez beaucoup au prix le plus bas mais vous faites des choses complexes". Il faut une cohérence globale dans les signes transmis par les politiques agricoles, par les politiques de prix et par les consommateurs".

Les consommateurs sont justement les acteurs que Florent Point veut impliquer dans cette mutation du monde agricole. Le président des Jeunes Agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté est venu au salon de l'agriculture ce mercredi pour notamment participer à la soirée de la région Bourgogne Franche-Comté. Un moment festif où professionnels et élus peuvent aussi échanger sur l'avenir du monde agricole. Pour Florent Point, le principal frein au développement de l'agroécologie est économique. Comme quoi, l'analyse de Christian Huyghe est particulièrement pertinente ! 
 
Pour Florent Point, "l'avenir de l'agriculture n'est plus seulement entre les mains des agriculteurs. Elle est aussi entre les mains des consommateurs". 

Des consommateurs qui vont pouvoir exprimer directement leurs points de vue pendant ces trois mois de débat national. En plus de la trentaine de débats publics, les internautes peuvent participer jusqu'au 23 mars en écrivant leur contribution. 
Une assemblée citoyenne sur l’agriculture devrait être créée avec 140 personnes, elle se réunira fin mars.
 
Ce grand débat est un des outils de construction du Plan stratégique national. La France, comme chaque état européen, doit afficher ses ambitions pour l'agriculture dans le cadre de l'élaboration de la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) d'après 2020. Cette politique agricole commune sera-t-elle un réel levier de la transition agroécologique ? 

 
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